vendredi 1 juillet 2011

DSK peut-il être candidat ?

Même empressement médiatique, mêmes images répétées en boucle, même flot de commentaires, même incertitude et même assurance : aujourd'hui a reproduit hier d'il y a un mois et demi, en moins sombre. Ce qui m'a frappé en voyant DSK et son épouse sortir du tribunal, ce ne sont pas leurs sourires. Je sais depuis longtemps qu'un sourire est trompeur et menteur, qu'on n'apprend rien de lui. Non, ce que j'ai remarqué, ce que j'ai retrouvé, c'est l'allure bien particulière de DSK, une démarche lente, lourde, un peu chaloupée, signe de décontraction et de résolution. Au moment de son arrestation et les jours qui ont suivi, le corps de Strauss s'était figé, comme résigné, effondré, presque avachi. Il a aujourd'hui repris de son allant et de sa force.

DSK est donc libre. Libre, quel mot, quelle réalité ! Qu'on végète dans une cellule crasseuse ou dans une maison luxueuse, la privation de ce qui fait tout de même la nature, la grandeur et le bonheur d'un être humain, la liberté, est terrible. Perdre sa liberté, être assigné à résidence, limité dans ses déplacements et ses rencontres, surveillé par un garde armé, avoir un bracelet au pied, c'est perdre sa dignité. DSK ce soir l'a regagnée. Mais les accusations les plus graves continuent de peser sur lui, même si le doute se porte désormais aussi sur la plaignante.

L'innocent accusé de crime par la justice, aucune situation n'est plus injuste que celle-là. Mais comment faire autrement lorsqu'une plainte vous vise ? L'erreur, le mensonge, le traquenard ont beau finalement être levés, le déshonneur a frappé. Depuis le début, je crois DSK innocent. Non pas parce que je suis strauss-kahnien (ce serait complètement idiot !), mais parce que je n'imagine pas, d'après ce que je sais de lui et en y réfléchissant bien, cet homme-là en violent et en violeur. J'attends sereinement la vérité, la complète vérité, et au bout l'acquittement ou le non lieu, bref la reconnaissance de l'innocence.

Une question a traversé toute cette journée : DSK a-t-il encore un avenir politique ? Peut-il même être candidat à la présidentielle ? A l'heure qu'il est, cette interrogation peut sembler incongrue, aberrante. Mais elle est posée et il faut y répondre. Nous vivons, chacun le comprend bien, des moments exceptionnels, inédits, qui ne peuvent que provoquer des réactions de même nature. La situation est hors-norme, les réponses ne peuvent pas se contenter d'être ordinaires.

Les primaires ont été lancées, le calendrier a été fixé, les candidats se sont déclarés : il n'est pas question d'interrompre ce processus voulu par les adhérents du parti. Mais ses délais de candidature, de campagne et de vote pourraient légitimement être repoussés. Initialement, certains socialistes militaient pour une consultation plus tardive, arguant qu'on ne pouvait pas faire campagne pendant les vacances d'été, où les français ont autre chose en tête que la politique. Pourquoi ne pas revenir à cette proposition, étant donné ce qui s'est passé depuis ? C'est à dire décaler d'un mois ou deux le calendrier, faire glisser les primaires en novembre-décembre.

De toute façon, DSK sera très vite fixé sur son sort : si les chefs d'accusation sont maintenus au prochain rendez-vous du 18 juillet, on s'acheminera alors vers un procès très long qui lui enlèvera tout espoir de participer à la présidentielle. Mais si l'accusation renonce (et aujourd'hui a été un premier pas), la suite peut aller très vite. Le parti socialiste doit en discuter et délibérer, ne pas s'accrocher à des délais qui ont été arrêtés en un temps où ce qui se passe actuellement était inconcevable. Il y va je crois de l'intérêt de tous, du PS, de la gauche, de la France, puisque l'un de ses représentants, possible futur chef d'Etat, aura été, si son innocence est reconnue, injustement calomnié.

Aucun commentaire: