samedi 30 juillet 2011

Kubrick, ce géant, ce génie.

Magnifique journée passée à Paris, non pas seulement à cause du soleil renaissant, mais parce que j'ai visité la superbe exposition consacrée au cinéaste Stanley Kubrick, à la cinémathèque, quai de Bercy. Quatre heures à déambuler parmi les panneaux, à lire tous les textes, à regarder les extraits de films : une expo grandiose, à la mesure de ce géant, de ce génie du cinéma.

Anecdote amusante et étonnante : à l'entrée, le garçon qui m'a remis mon ticket m'a demandé, pour ses statistiques, d'où je venais. Quand il m'a entendu dire "Saint-Quentin", il a demandé : dans l'Aisne ? Tenez-vous bien : il connaît la classe préparatoire de mon lycée, sa prof de philo au lycée Lakanal ayant enseigné il y a quelques années à Henri-Martin, avec un excellent souvenir de l'établissement !

De Stanley Kubrick, je retiens, pour des raisons très particulières, deux films dans une oeuvre de toute façon magistrale de bout en bout : d'abord, mon préféré, le meilleur d'entre tous selon moi, et pourtant le moins kubrickien, le moins métaphysique, le moins spectaculaire (bien qu'il le soit à sa façon) : Barry Lyndon. Ensuite, 2 001 odyssée de l'espace, non pas parce que c'est le plus connu, le plus apprécié et le plus philosophique, mais c'est parce c'est son seul et unique film optimiste.

En effet,si j'admire le génie de Kubrick, je n'adhère pas complètement à sa vision de l'humanité, foncièrement pessimiste, parfois tragique, sans grande trace d'espérance. C'est un auteur lucide, terriblement humain mais pas humaniste. Quant à la formalisation de ses films, le style est éblouissant, la technique prodigieuse mais le sens est parfois abscons. Après plusieurs visionnages, je ne saisis toujours pas très bien plusieurs scènes de 2 001. Les esthètes m'expliquent que c'est normal, qu'il n'y a rien à comprendre, qu'il faut se laisser inspirer par les images. Je veux bien, mais ça me gêne un peu, je suis trop rationnel pour ce genre d'art.

La plus belle partie de l'exposition, la plus originale, c'est la fin, le film que Stanley Kubrick n'a jamais fait, qu'il rêvait de faire et qu'il annonçait comme son plus grand, sur Napoléon, pour lequel il éprouvait une incroyable passion, jusqu'à rédiger des milliers de fiches sur sa vie et sa personnalité. Le projet était tellement gigantesque qu'il n'a jamais pu financièrement voir le jour. Curieux bonhomme que ce Kubrick, atypique, étrange, incomparable. Son oeuvre est foncièrement dérangeante, beaucoup de ces films ont provoqué le scandale, plusieurs ont été censurés ou interdits.

Mais si j'avais un dernier et seul mérite à retenir, ce serait la volonté qu'a eu constamment Stanley Kubrick de faire un cinéma de qualité, pas nécessairement facile d'accès, fortement métaphysique, qui soit en même temps populaire, grand public, et pour le dire bêtement : "commercial". C'est une vertu très rare sur le grand écran : soit nous avons un cinéma d'auteur, d'art et essai, réservé à l'élite cultivée, soit nous tombons dans le pur et simple divertissement. Kubrick a réussi le miracle de concilier les deux.

Il vous reste une journée, celle de demain, pour visiter l'expo. Sinon, faites ce que je vais faire d'ici quelques jours : prendre les dvd à la bibliothèque municipale et s'enfermer chez soi pendant quarante-huit heures, toutes sonneries débranchées, pour se passer à la suite les principaux chefs-d'oeuvre de Stanley Kubrick. Ils le valent bien !

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