vendredi 15 juillet 2011

Le joly défilé citoyen.

Depuis vingt-quatre heures, tout le monde ne parle que de ça. Pourquoi voudriez-vous que je vous parle d'autre chose ? Il s'agit bien sûr de la proposition d'Eva Joly de remplacer le défilé militaire du 14 juillet par un "défilé citoyen". Je ne peux évidemment pas souscrire à ce projet, en tant que républicain et en tant que socialiste.

Aucune personnalité de mon parti n'a d'ailleurs soutenu, rien qu'un peu, la candidate écologiste. Normal : l'armée, la République et le peuple doivent être liés, et quoi de mieux que la célébration de la Révolution pour le signifier ? Je crois qu'il n'est pas besoin d'argumenter beaucoup plus ; jamais la gauche n'a remis en cause la dimension militaire de la fête nationale.

En même temps, je pense qu'on en fait trop autour de la déclaration maladroite et radicale d'Eva Joly. Et certains élus de droite ont tenu des propos déplacés sur sa vie, son passé, ses origines. Laissons ce genre d'ignominie à l'extrême droite. Ce que je remarque plutôt, c'est que Joly exprime une sensibilité d'extrême gauche, pacifiste, antimilitariste, internationaliste, qui est respectable mais que je ne partage pas.

Regardez à Saint-Quentin : les élus d'extrême gauche n'étaient pas présents au défilé du 14 juillet, comme ils ne participent à aucune cérémonie patriotique, alors que leur mandat de conseillers d'opposition implique aussi un travail de représentation. Ce sont leurs convictions qui le leur interdisent. Mais la gauche traditionnelle, réformiste, ne peut aucunement se reconnaître dans une telle démarche anarchisante.

Ceci dit, je veux être bon prince avec Eva Joly, en faisant l'effort d'imaginer ce que pourrait être, dans ma ville, ce fameux "défilé citoyen" qu'elle suggère. Je suppose qu'il rassemblerait les forces vives de la nation, la société civile. Après tout, ce n'est pas si bête !

A la place des différents corps d'armée, je verrais bien, en tête, les représentants des principaux services publics, enseignants, infirmières, postiers et cheminots. Des chars, qui ne seraient bien sûr pas d'assaut, symboliseraient les activités de ces métiers, la classe et la chambre d'hôpital par exemple. Les facteurs auraient fière allure en défilant à vélo.

J'imagine aussi, à la suite, les gros bataillons du monde associatif, qu'il serait logique d'ordonner par ordre décroissant de leur importance, ce qui reviendrait à mettre en avant la Ligue de l'enseignement de l'Aisne, ses 157 associations et ses 6677 adhérents (au jour d'aujourd'hui). Il va de soi que c'est son président qui serait désigné général en chef de cette partie du défilé, et à ce titre le premier à passer devant la tribune officielle.

Enfin, le "défilé citoyen" se terminerait par ses troupes les plus nombreuses, les plus denses, les anonymes, les quidams, les pékins, bref le peuple tout entier foulant le pavé et confronté aux regards du peuple massé sur les trottoirs. Dans le ciel, montgolfières et avions de tourisme pourraient afficher des slogans d'amour et de paix. Pourquoi pas, nous avons tous le droit de rêver, même Eva Joly.

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