dimanche 3 juillet 2011

Le social au centre.

Jeudi soir, j'étais invité à participer à l'assemblée générale des centres sociaux de l'Aisne, salle de l'Escal, à Laon. Demandez autour de vous ce qu'est un centre social, une CAF, vous serez surpris : beaucoup de gens ne savent pas, n'y sont jamais allés. La Sécu, le pôle emploi oui, parce que tout le monde y passe ou peut y passer. Mais un centre social, non : notre société culturellement marquée par les classes moyennes ignore largement ou ne connaît que très vaguement les centres sociaux, qui s'adressent aux populations en grande difficulté.

C'est aussi une caractéristique de notre époque : le peu de cas qui est fait des préoccupations purement et lourdement sociales, vite rangées sous l'étiquette infamante d'assistanat, alors que les questions économiques ou budgétaires sont aisément évoquées. Dans le monde des centres sociaux, on est en deçà des revendications traditionnelles autour du pouvoir d'achat, des hausses de salaires ou de la retraite. Ce n'est pas demain qui inquiète, c'est aujourd'hui. Ce n'est pas la consommation qui pose problème, c'est le loyer à payer, la santé à préserver, les enfants à éduquer.

Chaque jour, en remontant la rue Jean-Jaurès pour aller à mon lycée, je passe devant le siège de la fédération des centres sociaux de l'Aisne, je fais un petit coucou à Lucie l'animatrice fédérale, je salue Jean Crossat, le président. J'interviens régulièrement dans les centres sociaux, au titre de la Ligue de l'enseignement ou de l'association Rencontre Citoy'Aisne, à Saint-Quentin et dans le département, en diverses occasions. Dans notre langage, nous appelons ça "l'éducation populaire". Les besoins sont immenses, les moyens hélas ne le sont pas toujours.

Mais c'est une belle bataille à mener contre l'exclusion, la déculturation ou ce que j'appellerais plus simplement l'oubli, l'effacement. A l'heure où l'on parle beaucoup de "déclassement" (expression qui suppose qu'on appartienne au préalable à une "classe"), il faut souligner que toute une frange de la population n'appartient à rien du tout, erre dans un no man's land social, ne reçoit aucune reconnaissance, se voit généralement privée de tout soutien tellement les "assistés" sont aujourd'hui honnis par une grande partie de l'opinion. Je crois au contraire qu'il est urgent de mettre le social au centre de nos engagements.

Bravo à Jean, Lucie et toute leur équipe, qui ont su redresser une situation périlleuse après des mésaventures dans lesquelles ils n'avaient aucune responsabilité. Dès la semaine qui vient, je me retrouverai au côté des centres sociaux, puisqu'ils lancent une série de débats en vue de leur prochain congrès. La question traitée : qu'est-ce qui vous indigne ? Eh oui, les "assistés" ne s'enfermeront pas dans le silence, la honte ou la désapprobation. Dans une société où n'importe qui donne son avis sur n'importe quoi, ils ont aussi leur mot à dire.

Aucun commentaire: