lundi 11 juillet 2011

L'intendance ne suit pas.

J'ai passé toute la journée dans un monde qui n'est pas habituellement le mien mais auquel je me suis habitué depuis quelques années, à la tête de la Ligue de l'enseignement de l'Aisne, et même avant, comme administrateur du lycée Henri-Martin : comptabilité, trésorerie, secrétariat, budget, bilan financier, convention, contrat de travail et j'en passe, c'est le monde de la gestion.

J'ai terminé l'après-midi si j'ose dire en beauté en rencontrant madame Josette Grubski, déléguée départementale de la CGPME, Confédération générale des petites et moyennes entreprises "et du patronat réel", précise la brochure qu'elle m'a remise. Comme s'il y avait un patronat "irréel" ! Mais n'est-il pas vrai qu'on utilise aussi aujourd'hui l'expression assez étonnante d' "économie réelle" ?

En tant que professeur de philosophie, mon univers est celui des idées, pas des chiffres. En tant que militant, je me préoccupe plus de politique que de gestion. En tant que socialiste, je suis spontanément du côté des salariés, pas des employeurs. Mais comme responsable associatif, je suis employeur (une quinzaine de salariés), la gestion me concerne de près. Et c'est un monde dans lequel je peux me retrouver, puisqu'il est aussi abstrait, parfois abscons, que la philosophie !

Surtout, je crois de plus en plus qu'il ne faut pas opposer politique et gestion. C'est Strauss-Kahn, entre autres, qui m'a fait comprendre ça. Je vais encore plus loin : une bonne gauche doit être une excellente gestionnaire. Au niveau local, sur quoi les citoyens jugent-ils d'abord une équipe municipale : sur ses capacités à bien gérer la ville. Ça ne suffit bien sûr pas, les choix politiques sont essentiels. Mais ceux-ci sont réduits à néant quand la compétence est absente ou limitée.

La gauche fait parfois des complexes en matière de gestion. Elle a tort. Quand un homme de droite, le général de Gaulle, affirmait, à propos de je ne sais plus quelle décision économique : "L'intendance suivra", il se trompait, il réagissait en chef militaire, pas en chef d'entreprise. Or, la France est un marché, pas une armée. La réalité, c'est que l'intendance ne suit pas, c'est qu'elle doit avancer de concert avec la décision politique.

Je tire finalement une drôle de conclusion : j'en apprends plus sur la politique quand je suis en dehors de la politique, une association m'apporte plus qu'un parti, un conseil d'administration est plus instructif qu'une réunion de section. Je vais jusqu'à me demander si le préalable pour réussir en politique n'est pas de renoncer à faire de la politique ! Mais là, j'abandonne le monde de la gestion pour revenir à la réflexion philosophique ...

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