jeudi 9 août 2012

Une télé de chez nous



C'est le dossier saint-quentinois de l'été, mine de rien très politique sous ses aspects très techniques : la création d'une télévision locale, en rapport avec la prochaine Cité de l'image et du son (le nom fait spontanément penser à la parisienne Cité des sciences et de l'industrie : quelque chose qui affiche d'emblée son ambition). A mettre en relation avec la stratégie de la Ville et de l'Agglo : s'installer sur le créneau des studios d'enregistrement, blindés dans la capitale, cherchant pas trop loin à travailler. Avec les retombées qu'on imagine en termes d'emploi et de notoriété. Le lycée Henri-Martin et mon collègue et copain Nowak, du BTS audio-visuel, seraient bien sûr impliqués. Cité, télé, formation, emploi, c'est toute une politique municipale qui se dessine. Je ne sais pas comment le PS va se positionner là-dessus, mais il faudra bien. D'autant que, d'après L'Aisne Nouvelle, la télévision saint-quentinoise pourrait être lancée en 2014 et la Cité du son et de l'image ... inaugurée en janvier de cette même année, à quelques semaines des élections municipales !

Très politique aussi, le choix de celui qui gérerait la Cité et s'occuperait de la télé (tout ça au conditionnel, évidemment) : le sympathique Bastien Millot, qui a ses entrées à Paris et un peu partout, y compris auprès du Conseil régional de Picardie qui l'a chargé d'une autre télé, régionale celle-là. Problème : n'y a-t-il pas concurrence entre les deux projets, voire contradiction ? Je les crois plutôt complémentaire. Et puis, tout ça coûte cher, mieux vaut unir ses forces : d'où la gentillesse récente et inhabituelle du maire de Saint-Quentin à l'égard des présidents du département et de la région, peut-être inspirée par François Hollande, "président des bisous" ? La politique, c'est aussi à certains moments la paix des braves ...

Mais la guéguerre n'est jamais très loin : Millot est proche de Copé qui est contre Bertrand, et réciproquement. Je ne pense pas que ça posera un problème à XB : aux dernières cantonales, il a soutenu sans difficulté Jérôme Lavrilleux, lieutenant de Copé ("Homme intelligent ne divise pas inutilement son propre camp", c'est un proverbe signé Mousset).

Une télévision locale aura forcément une énorme influence. "Saint-Quentin TV", sur le web, est regardé mais la "vraie" télé, le journal de France 3 Picardie, est quand même préféré et beaucoup plus suivi. C'est comme mon blog : très consulté, mais très largement dépassé par les tirages et la lecture de la presse locale. L'internet, surtout dans les milieux populaires, ne rivalise pas avec le papier et l'écran télé. Il y a donc un enjeu politique autour de cette télé locale. Normalement, qui apporte le fric détient le pouvoir (ça, ce n'est pas un proverbe signé Mousset, c'est un constat ordinaire). Or, c'est la municipalité de Saint-Quentin qui va financer la télé. Elle devra donc donner de sérieux gages d'indépendance si elle veut être crédible, et ce ne sera pas évident.

Ou alors, il faut envisager une télé qui ne dit pas un mot de politique, qui écarte les sujets qui fâchent, qui fait des reportages pépères à la Jean-Pierre Pernault au "13h00" de TF1 : très bien, mais ce ne sera pas une "vraie" chaîne de télé, qui ne peut pas être un bulletin municipal ou paroissial. N'importe quel sujet de société, quand on veut le rendre intéressant, débouche assez vite sur la politique. L'Aisne Nouvelle se demande s'il faudra "octroyer une tribune" au PS et aux partis politiques. Non, je crois que ce serait une erreur, nous retomberions dans le magazine d'une collectivité locale, qui a obligation légale d'accorder une libre expression aux opinions politiques. Cette chaîne doit être non partisane, complètement libre et traiter indépendamment de tous les sujets susceptibles d'intéresser les Saint-Quentinois, sans obligation ni exclusion, invitant qui elle veut. C'est comme ça que je comprends sa ligne éditoriale. De toute façon, L'Aisne Nouvelle offre déjà une tribune libre aux partis et le PS, depuis une dizaine d'années, ne s'en saisit pas. Alors la télé ...

Ces projets de Cité de l'image et du son, de télévision locale et plus largement de développement de Saint-Quentin, l'inévitable débat qu'ils vont provoquer à l'approche des élections municipales, tout ça m'excite beaucoup. Il y a plein de choses à faire et j'aurai encore tant de choses à vous dire dans les prochains mois ...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis totalement contre un projet de television locale, st quentin est une petite commune qui disposent déjà suffisemment de médias capable de relayer l'information locale.
Cela se justifie pour une capitale ou une mégalopole mais pas dans une commune de notre taille, il faut avoir des projets adaptés à notre cité.
Prenons conscience qu à l'échelle du monde st quentin est une toute petite commune tres pauvres economiquement et culturellement, sans atouts majeurs pour prosperer.
Très peu de jeunes ont un avenir à st quentin, finançons plutot des echanges européens pour ouvrir leurs horizons et leur faire oublier temporairement leur quartier et leur ville.

Emmanuel Mousset a dit…

Votre position se défend. Le débat est lancé !