jeudi 28 février 2013

Un Hollande de droite ?



Séquence médiatique pour Xavier Bertrand : le grand jury RTL dimanche soir, la matinale de France-Inter hier (mais a-t-il jamais quitté les médias nationaux ?). Une idée commence à faire son chemin : ne serait-il pas un Hollande de droite, avec tous les espoirs que l'image suppose ? Je vois en effet six concordances :

1- Xavier Bertrand est celui qu'on n'attend pas, sur lequel on ne parie pas. C'est François Hollande deux ans avant l'élection présidentielle, écrasé par DSK et Aubry, comme le maire de Saint-Quentin par Copé et Fillon, sans parler de Juppé et Sarkozy, toujours possible ... Bref, la figure pleine de surprises et de promesses de l'outsider.

2- Comme Hollande, Bertrand a été un moment le chef du parti présidentiel, acclamé par ses militants, ce qui met des atouts dans la manche. Leçon maintes fois vérifiée en politique : pas de soutien de l'appareil, pas de victoire possible.

3- L'un et l'autre ont un parcours similaire et précieux d'élu local, d'enracinement provincial. Saint-Quentin vaut bien Tulle, et l'Aisne la Corrèze. Pas de carrière parisienne ni pour l'un, ni pour l'autre. Le terrain, en politique, ne ment pas.

4- Xavier Bertrand et François Hollande ont en commun une position atypique, décalée par rapport à la ligne médiane de leur parti : droite populaire pour le premier, gauche social-démocrate pour le second. Ils sont moins représentatifs de leur organisation que bien d'autres, mais plus ouverts sur leur électorat.

5- Les psychologies sont assez proches, très plastiques, modulables, lisses, sans arêtes ni aspérités, sans sommets ni abîmes, à l'opposé de Nicolas Sarkozy ou de DSK, de De Gaulle et de Mitterrand. Ce sont des personnalités mais pas des personnages. Ils sont modestes, accessibles (je parle de l'image qu'ils renvoient) : des monsieur-tout-le-monde dans lesquels chacun peut facilement se reconnaître, des Français moyens et fiers de l'être. Xavier Bertrand, c'est un type normal, pas un héros de roman (hélas ou tant mieux, c'est selon).

6- La ressemblance va jusqu'au physique ! Bertrand, c'est Hollande avant qu'il maigrisse. Petits de taille tous les deux, ronds de corps et d'esprit, ils ont tout pour rassurer ... et gagner. Le temps des grands hommes est terminé.

Comparaison n'est pas raison, c'est bien connu. La proximité a aussi ses limites, qui empêchent Xavier Bertrand d'être complètement un François Hollande de droite. J'en vois, là encore, six :

1- L'homme de gauche a dirigé dix années son parti, l'homme de droite environ deux ans (peut-être moins, je n'ai pas vérifié). Il n'y a pas photo, la durée les départage et les distance.

2- Xavier Bertrand a été plusieurs années ministre, jamais François Hollande, simple conseiller à l'Elysée. Mais celui-ci est énarque et celui-là assureur (je ne décide pas où se situe l'avantage ...).

3- Hollande s'est forgé un caractère politique en affrontant Jacques Chirac, sur des terres de droite. Xavier Bertrand est un héritier, celui de Pierre André. Tout lui a réussi sans avoir à combattre un adversaire redoutable (trop fastoche à Saint-Quentin de battre des tigres de papier). Il lui manque ce baptême du feu, une victoire inaugurale, un haut fait d'armes. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Mais n'est-ce pas gagner qui importe en politique ?

4- Il manque à Bertrand ce en quoi Hollande excelle : l'art oratoire des grands meetings, le lyrisme des discours. Sa voix douce, son ton posé passent très bien à la radio et à la télévision, mais en salle, devant une foule de militants, j'en doute un peu (mais je ne suis jamais allé voir).

5- François Hollande pratique l'humour avec habileté, introduisant une forme de distance à l'égard de lui-même, dédramatisant faussement le combat politique, enveloppant dangereusement son adversaire. Je ne vois rien de pareil chez Xavier Bertrand, sans doute amusant parmi ses proches (comme chacun d'entre nous), mais dépourvu de cette ironie acide, cet humour dévastateur, ce bon mot qui tue, comme au karaté existe paraît-il le cri qui tue.

6- Hollande a été béni des dieux, c'est-à-dire, en politique, des circonstances : si DSK n'avait pas fauté dans le Sofitel de Manhattan, il ne serait jamais devenu président de la République (ce qui n'enlève rien à ses qualités et à son mérite). Nous ne savons pas ce que l'avenir réserve à Xavier Bertrand, et lui non plus. Mais ça n'a jamais empêché personne d'aspirer à une haute fonction politique (ni même à une petite).

mercredi 27 février 2013

Belle et Bête



Comme beaucoup, j'ai acheté le Nouvel Observateur, j'ai lu l'interview de Marcela Iacub et les extraits de son ouvrage, "Belle et Bête", relatant sa liaison avec Dominique Strauss-Kahn et les réflexions qu'elle lui a inspirées. Soyons clairs : je suis et demeure strauss-kahnien, j'ai la fidélité politique dans la peau, DSK est un homme d'Etat, un grand économiste, un social-démocrate moderne ... mais sa vie privée l'a rattrapé, dans les conditions que vous savez. Il n'est plus aujourd'hui un personnage politique, mais une sorte de mythe planétaire qui dépasse l'individu qu'il est. C'est ce que l'essayiste Marcela Iacub a tenté d'analyser : "Je voulais tirer quelque chose d'universel de cette histoire, montrer des choses qui peuvent toucher tout le monde à propos du désir, du sexe, du dédoublement de chacun d'entre nous entre l'humain et le cochon".

De ce point de vue, ce que j'ai lu est intéressant et réussi. Tous ceux qui font un procès au Nouvel Obs, l'accusant d'indécence ou de profit, n'ont rien compris. Que DSK soit outré et saisisse la justice, c'est normal. Mais l'artiste et l'intellectuelle qu'est Marcela Iacub doit être libre de sa réflexion. La vérité dont elle se réclame est violente, scandaleuse, discutable : logique, toute vérité un peu profonde est ainsi. Encore faut-il bien saisir ce qu'elle nous dit, qui ne dégrade pas DSK à mes yeux, qui au contraire fait de lui un personnage encore plus fascinant.

DSK est un cochon, comme beaucoup d'hommes : il y a des tas de types qui veulent se taper des tas de filles. Sauf qu'ils en rêvent et ne le font pas. DSK fait. Il est libre, rebelle, ouvert, tolérant, égalitaire (il ne frime pas avec de belles nanas, il couche sans discrimination physique ou sociale), respectueux, pas méchant, pas violent, pas violeur. Où est le problème ? Que Strauss n'est pas assez cochon ! selon Iacub. Il y a en lui un homme qui gâche sa propre vie, qui se dédouble : c'est l'individu public que nous connaissons, rationnel, responsable, maître de lui, tout le contraire du cochon.

Qui a fait cet homme ? Une femme, son épouse, Anne Sinclair, qui le rêve en maître du monde. Dans cet objectif, il faut transformer le cochon libre et jouissif en caniche obéissant et rigoriste. Mais Anne est suffisamment intelligente pour savoir que ce n'est qu'une image. Elle a cette phrase, rapportée par Marcela Iacub : "Il n'y a aucun mal à se faire sucer par une femme de ménage". En dehors de toute considération morale, c'est vrai : "Il n'y a pas de mal à se faire du bien", dit l'adage populaire. Mais quand on veut devenir président de la République dans la société contemporaine, cette liberté se paie par un dédoublement de personnalité. C'est le drame de DSK, qui fait de lui une victime, pas un coupable.

Du coup, cette humiliation qu'il subit (cochon transformé en caniche), il la fait subir à son entourage, dans ses relations de pouvoir. C'est à plaindre plus qu'à détester, nous dit Iacub. Elle a cette formule étonnante et paradoxale : DSK est "peut-être le plus puritain des citoyens de ce pays" ! Il ne méprise pas les femmes mais le sexe, qui l'oblige à se scinder en deux personnages. Ainsi tiraillé, il est condamné à tout rater, en amour comme en politique.

Quelle serait la solution pour lui ? "Médicaliser l'homme et sauver le cochon" ! Renoncer à ce pouvoir qui n'est pas à son niveau, qui ne le mérite pas, assumer la bête en lui, non pas dans la vulgarité mais au contraire dans la sublimation : "transformer son sperme en écriture" ! La rédemption par la littérature, c'est peut-être le fantasme de l'écrivain Marcela Iacub, dans un ouvrage peut-être tout entier construit sur les fantasmes d'une récente maîtresse. DSK a démenti, il faut donc aussi respecter sa parole. Mais la réflexion de Iacub n'en reste pas moins intéressante, quel que soit son degré de vérité, et si l'on fait abstraction de la crudité et cruauté des mots qu'elle emploie.

mardi 26 février 2013

Fini de rire



Ca pourrait presque être une histoire drôle si elle n'était, au fond, assez triste. François Hollande, en visite au salon de l'agriculture, répond à un enfant qui lui dit n'avoir jamais vu Nicolas Sarkozy : "Bah, tu ne le verras plus", ce qui amuse tout le monde autour de lui. Ce n'est pas une blague, ni une plaisanterie, pas même une boutade ou un trait d'humour, c'est une simple remarque, une évidence prononcée sur un ton amusé, très retenu, sans véritable ironie. Dans une société normale, personne n'y ferait attention. Nous ne vivons pas dans une société normale, mais malade de ses médias, avec une droite malade d'avoir perdu le pouvoir.

Car le buzz, c'est-à-dire le bruit, le vent, le n'importe quoi, a été immédiat (L'Union en a fait son gros titre de une, hier !). La droite est montée très vite sur ses grands chevaux. Aurions-nous la droite la moins marrante du monde ? Nathalie Kosciusko-Morizet a parlé, le regard sombre et la bouche pincée, d'insulte, de dérapage, d'une volonté de refaire le match de l'élection (où est-elle allée chercher ça !?). François Fillon, plus modéré, a trouvé le propos du président "pas très élégant". Brice Hortefeux, sûrement en connaisseur, a traité la répartie d'archaïque (?) et sectaire (comprend-t-il vraiment le sens des mots qu'il emploie ?). Frédéric Lefebvre a regretté une phrase maladroite, déplacée, un calcul politicien (!). Quant à Luc Chatel, il s'est fait moraliste en condamnant la petitesse et le mépris de la réplique présidentielle à la gamine.

La droite, vous le constatez, n'a pas ménagé ses efforts : quel festival de réactions ! Comme s'il y avait eu sacrilège ou profanation ... En vérité, nous héritons d'une droite puritaine, qui dénonce aujourd'hui le rire (ou plutôt le sourire) comme autrefois le sexe. Mitterrand avait la dent dure, de Gaulle était coutumier des bons mots. Mais maintenant, fini de rire ! Le paradoxe, c'est que l'esprit de dérision s'est répandu dans toute la société, que les hommes politiques sont sans cesse moqué, mais qu'eux n'ont absolument plus le droit de se moquer !

C'est grave : la République, c'est la liberté, notamment la liberté d'expression. Hors les rigueurs de la loi, chaque citoyen, président de la République compris, emploie le ton, le style et les mots de son choix. Si j'ai envie de qualifier Kosciusko-Morizet de sorcière, pourquoi pas ? Et si elle me traite de nain, no problem ! Certes, l'échange n'est pas d'un niveau très élevé, mais la démocratie est à ce prix. Sous la Troisième République, le sarcasme, le pamphlet, la caricature étaient monnaie courante, et d'une violence verbale qu'on n'imagine plus aujourd'hui. La phrase de Hollande serait passée inaperçue à l'époque de Clémenceau. Alors, fini de rire ? Faites comme vous voulez, mais moi je continue.

Le plus rigolo dans cette affaire, c'est qu'avec Nathalie Kosciusko-Morizet, on est passé de la droite bling-bling à la droite prout-prout, et que la dame a oublié que son président préféré, dans ce même salon de l'agriculture, avait il y a quelques années utilisé l'injure. C'était mieux que l'humour ? Je me demande même si un psychanalyste n'expliquerait pas les jugements indignés et outranciers de la droite comme une forme de rachat inconscient de leur leader déchu : effacer la faute originelle du "casse-toi, pauv'con !", voilà peut-être la fonction purgative de ces cris d'orfraie. On se venge de ses propres erreurs comme on peut, n'importe quel analyste vous le dira ...


Demain, cette fois c'est promis, il y aura du cochon à table.

lundi 25 février 2013

Que la vie est compliquée



J'ai passé un sale dimanche : Xavier Bertrand veut me faire bosser jusqu'à 65 ans et Vincent Peillon me piquer 15 jours de vacances ! C'est ainsi que je réagirais si je ne pensais qu'à ma petite gueule. Mais ce n'est pas le cas, puisque je fais de la politique et que je raisonne donc en termes de justice sociale et d'intérêt général, pas personnel.

Je ne me vois pas du tout en retraité, arrosant mon jardin, voyageant pour ne pas m'emmerder et faisant guili-guili à mes petits-enfants. Travailler jusqu'à 65 ans, ça ne me dérange pas, au contraire. Mais la retraite à 60 ans est une conquête sociale très précieuse, qu'il ne faut pas remettre en question. Car il y a tous ceux qui ont bossé dur, dans des boulots pas marrants, pas choisis, et qui méritent un départ à la retraite dès que commence l'âge de la vieillesse.

Raccourcir les vacances d'été ? C'est évidemment une bonne idée, si on songe à l'intérêt des enfants et à la cohérence de l'année scolaire : travailler plus longtemps dans l'année pour travailler moins longtemps chaque jour. Six semaines de congés à la suite, c'est déjà pas mal ! Et tant pis si je me fais lyncher par mes collègues en rentrant dans mon lycée la semaine prochaine ... Là où Vincent Peillon ne la joue pas très bien, c'est qu'il dit "peut-être" et qu'il repousse le débat à 2 015. En politique, il n'y a pas de "peut-être" : c'est maintenant ... ou jamais. Ou alors, si on n'est pas sûr de son coup, on ne dit rien.

Je soutiens complètement mon camarade Peillon, qui n'a pas la tâche facile. La réforme des vacances ? "C'est très compliqué, il faudra une très longue concertation", dit notre ministre. La réforme des 4,5 jours ? "C'est compliqué de revenir le mercredi matin". Oui, je crains qu'aujourd'hui tout soit compliqué, en politique comme partout ailleurs, surtout dans l'Education nationale. Même les mots sont devenus compliqués ! Par exemple, on ne parle plus du temps de déjeuner mais de pause méridienne ... Les 4,5 jours à l'école, tout le monde est pour et tout le monde est contre ! Que la vie est compliquée ... Pour le raccourcissement des vacances d'été, je suis sûr qu'on va être confronté au même phénomène, très compliqué, du pour-contre, du oui mais non.


PS : je vous ai joué aujourd'hui un tour de cochon, en ne parlant pas de qui-vous-savez, ce que j'avais pourtant promis hier. C'est qu'il m'arrive à moi aussi, parfois, d'être compliqué ...

dimanche 24 février 2013

Faut qu'ça saigne



François Hollande est resté hier pendant dix heures au milieu des veaux, des poules et des cochons ... Aurait-il sacrifié autant de temps dans un salon de l'industrie et des nouvelles technologies ? Pas sûr ... Un socialiste qui consacre sa journée à un milieu majoritairement de droite, c'est beau. Sans doute s'est-il souvenu de sa présence, déjà longue, l'an dernier au même endroit ? Comme quoi marcher dans le fumier porte bonheur ... Surtout, le président de la République sait que moins la France a de paysans et plus les Français les adorent, faisant au salon de l'agriculture le même succès qu'au salon de l'automobile (ne cherchez pas l'erreur, il n'y en a pas).

Les vedettes de ce salon, que les hommes politiques viennent caresser et que les télévisions viennent filmer, ce sont les vaches, toujours les vaches, avec qui il fait bon se faire photographier. Mais pourquoi les vaches ? La "plus grande ferme de France" (c'est l'image imposée) contient plein d'autres animaux. Why les vaches ? Pourquoi pas les chevaux, la "plus noble conquête de l'homme" (autre image imposée) ? Non, je n'ai jamais vu un homme politique se faire prendre en train de flatter la crinière d'un canasson. Pourquoi ?

Pourtant, une vache, c'est gros, c'est pas beau, avec ses gros pis, ses taches sur la peau, ses meuh meuh disgracieux. C'est tout juste bon à amuser les enfants, qui ne voient jamais de bêtes à cornes et qui s'amusent avec n'importe quoi. Mais depuis quelques semaines, le cheval n'a pas la cote : on en croque, paraît-il, dans nos lasagnes, et peut-être dans d'autres surgelés, à la place du boeuf. Du coup, tout le monde prend peur. Bizarre : le cheval, ce n'est pas dangereux, c'est même très bon. Et puis, dans les boucheries chevalines (qui disparaissent hélas de plus en plus), ce que j'aime beaucoup, c'est la tête de cheval en métal au dessus de la vitrine. Pourquoi préfère-t-on le boeuf au cheval ? Sûrement parce qu'il est en parenté avec les vaches. C'est injuste : un cheval, ce n'est pas lui qui regarderait passer bêtement les trains !

En fait, on ne veut peut-être pas bouffer du cheval (comme on bouffe parfois de la vache enragée !) parce qu'on respecte la bête, puisque c'est "la plus noble conquête de l'homme" ? Tu parles ! "Noble" et "conquête", c'est antinomique : l'homme a conquis le cheval comme Jules César a conquis la Gaule, aucune noblesse là-dedans, que de la violence, de la domination. Le cheval est l'animal le plus exploité, le plus humilié, le plus ridiculisé de tous les temps. On enferme sa gueule entre des sangles, on plante des clous dans ses pattes, on taillade ses flancs avec des fers et on monte sur son dos : aucune bête, depuis des millénaires, n'a été autant martyrisée que le cheval. Et je ne parle même pas des travaux d'esclave auxquels on l'a astreint ... Aujourd'hui, si les êtres humains font des chichis à manger du cheval, c'est parce qu'ils ont tout ce tragique passé à se faire pardonner.

Et puis, il y a cette histoire de cheval "roumain", cette "vieille carne" comme l'a appelé je crois Laurent Fabius. C'est ce bestiau qui vient empoisonner nos surgelés, semble-t-il. Mais pourquoi le cheval de là-bas serait-il suspect ? J'imagine ce pays avec de vastes prairies où les chevaux doivent être heureux et bien gras. Bien sûr, la Roumanie, pour pas mal de nos concitoyens, n'évoque pas grand chose, sinon les petits mendiants, les Roms et leurs roulottes tirées par des ... chevaux. Et si la peur venait de là ? Manger du cheval de Roms ! C'est idiot : un cheval est un cheval, d'où qu'il vienne. Pour ma part, je serais très heureux de manger du cheval chinois, par exemple.

Vous me direz peut-être que le problème n'est pas là, mais que c'est une question d'information, un droit de l'homme, du citoyen et du consommateur : savoir ce qu'on a dans notre assiette et d'où ça vient. Non, ça n'a aucun intérêt ; ce qui compte quand je suis devant un morceau de viande, c'est son prix, son allure et son goût, pas son origine. Je veux qu'il soit bien rouge, pas cher, très tendre, avec des filets de sang. Tout ce débat autour de l'étiquetage et la traçabilité (quels mots !), ce sont des obsessions alimentaires et des fantasmes identitaires. Il faut vraiment n'avoir rien d'autres à faire que se tourmenter pour ça !

Dans le même genre, il y a l'affaire des farines animales (là aussi, quelle drôle d'expression, antinomique). On s'étonne et on s'inquiète parce qu'on donne à manger de la viande à nos poissons d'élevage. Comme si les gentils poissons étaient végétariens ! Enfant, j'ai longtemps pratiqué la pêche, je sais de quoi il en retourne : il n'y a que nos pauvres poissons rouges qui bectent des graines, tous les autres, fiers et libres, consomment de la viande, asticots, vers, larves, insectes et sont même un tantinet cannibales en mangeant d'autres poissons. Depuis que nos animaux familiers sont domestiques, chiens et chats, nous avons oublié ce qu'est une bête, nous ne connaissons plus les moeurs des poissons. Jetez un cheval mort, roumain ou pas, dans la mer, plein de poissons viendront le bouffer.

François Hollande a eu beau parcourir pendant dix heures les allées du salon de l'agriculture, les Français ne savent plus ce qu'est la nature, ses plaisirs et ses cruautés. C'est pourquoi la déambulation pédagogique du chef de l'Etat est méritoire.

Aujourd'hui, je vous ai parlé de vache, cheval, boeuf, poisson. Dans mon billet de demain, je vous parlerai de cochon, mais d'un drôle de cochon, mi-homme, mi-porc, tenant aussi du caniche, un cochon sublime. Demain.

samedi 23 février 2013

Un sentiment d'injustice



Hier matin, je me retrouve dans une administration, à Saint-Quentin, pour une histoire de papiers. Comme dans beaucoup de services publics, il faut tirer un ticket d'une machine, qui vous donne un numéro de passage. C'est nécessaire, la file d'attente est importante. J'ai le n°14, je discute et plaisante avec le n°13, porte-bonheur ou malheur, un vieux monsieur au visage triste, de condition modeste (je distingue assez bien, d'expérience, les bourgeois et les autres). On se dit que ça va être long, qu'il faut prendre son mal en patience. De mon côté, pas de problème, j'ai toujours quelque chose à faire, je ne m'ennuie jamais, même là où on s'ennuie, j'ai mon cartable d'enseignant qui m'est aussi indispensable qu'un sac à main pour une femme, et plein de bouquins dedans.

Au moment de m'asseoir auprès de mon voisin et prédécesseur, j'entends prononcer mon nom, assez joyeusement. C'est quelqu'un, un employé de l'endroit, qui me connaît, qui fréquente mes différentes activités associatives et qui me dit au creux de l'oreille, tout bas : Venez, on va passer dans mon bureau. Un peu gêné d'avoir à abandonner mon compagnon de patience et d'infortune, mais embarrassé aussi à l'idée de refuser l'invitation d'un fidèle du café philo, je suis celui-ci, qui évidemment m'obtient en cinq minutes ce qui aurait peut-être demandé une heure d'attente.

Nous discutons de choses et d'autres, philo, politique, blog et tout le reste. Il est heureux de me rencontrer et de parler ; moi aussi, et je l'en remercie. Mais au fond de moi, ça ne va pas du tout, j'éprouve un sentiment d'injustice, d'autant plus désagréable que je n'en suis pas la victime mais le coauteur. Finalement, j'aurais peut-être dû décliner son offre, lui dire que j'avais le temps, que c'était l'occasion pour moi de bouquiner et, habilement, refuser tout en plaisantant. Je n'ai pas eu cet à propos. Et maintenant, en quittant son bureau, je dois repasser par la pièce où une quinzaine de personnes sont, elles, toujours en train d'attendre, dont le vieux monsieur au visage triste avec qui je me suis entretenu au début.

C'est une épreuve, celle de l'injustice visible, flagrante, gratuite, inacceptable, injustifiable (si j'avais pu sortir par une porte dérobée, j'aurais été à moitié consolé, mais là, pas du tout !). Je serre mon cartable contre moi, je presse le pas, je fais en sorte que les quelques mètres qui me séparent de la sortie ne durent que quelques secondes, et surtout, surtout, surtout, je baisse la tête, je fixe le sol, je ne veux surtout pas que mes yeux croisent les yeux du vieux monsieur au visage triste. C'est pas trop difficile, mais c'est très pénible. J'ai un peu honte de moi, des circonstances, même si je ne suis pas entièrement responsable de ce qui arrive.

Cette histoire m'a tracassé toute la journée, à vous dégoûter d'aller dans une administration chercher un papier. Je ne cesse d'y réfléchir et j'en conclus ceci : j'ai horreur des privilèges, et plus un privilège est petit, plus j'en ai horreur. Il y a quelque chose de mesquin, de minable, de médiocre à jouir d'un privilège minuscule. Heureusement, hier matin, je n'ai pas joui ! Au contraire, j'ai d'abord hésité, j'ai ensuite baissé la tête, j'ai senti la honte et, après, le regret.

Les grands privilèges, qui font que certains ont l'avantage d'être riches, beaux et intelligents, on s'en accommode parce qu'on se dit, à tort ou à raison, qu'on n'y peut rien, que c'est comme ça depuis la nuit des temps, que ça s'explique, que c'est à mettre sur le compte de la nature ou de la société. Mais un petit privilège, purement narcissique (chez celui qui vous l'octroie autant que chez celui qui en bénéficie), on peut facilement l'éviter, le supprimer, ça ne dépend que de notre volonté, ça ne coûte presque rien. Là, on ne peut pas se retrancher derrière la fatalité génétique ou sociale. Et puis, celui qui se plie à un petit privilège s'apprête à en accepter de plus grands et de plus injustes.

Je hais les petits privilèges, beaucoup plus que les grands. Ils sont vicieux, prétentieux, ridicules. Offrir un resto à quelqu'un pour l'amadouer, refiler une invitation ou une entrée gratuite à un autre pour se le mettre dans la poche, faire passer quelqu'un avant tout le monde ... non, je ne supporte pas, et quand la proposition m'est adressée, j'ai envie de répondre : Mais pour qui me prenez-vous ? En allant plus loin dans ma réflexion, je me dis que si quelque chose m'empêchait un jour de devenir maire de Saint-Quentin ou de me faire élire quelque part, ce serait peut-être à cause de ça.

Je ne sais pas comment Pierre André et Xavier Bertrand sont devenus ce qu'ils sont, il faudra que je le leur demande. Mais je vois bien que pour avoir des soutiens en politique, à droite ou à gauche, pour se faire des "amis", il faut distribuer autour de soi des petits privilèges, dont le prix n'est pas très élevé, qui ne sont pas des injustices énormes, qui ne sont scandaleux qu'à mes yeux. Et c'est peut-être là mon problème (mais ne le répétez pas, on pourrait s'en servir contre moi ...).

vendredi 22 février 2013

Saint-Quent'Infos



J'ai reçu ce matin dans ma boîte aux lettres le n°2 de Saint-Quent'Infos, "le journal de la ville de Saint-Quentin". J'aime bien, dans ce genre de publication, les tribunes libres. La droite signe "La majorité municipale", la gauche appose le nom d'un élu, cette fois Carole Berlemont (socialiste, non précisé). Son texte porte sur la récente création d'une télévision locale. A sa lecture, j'ai eu trois réactions :

- Bonne question : est-il bien utile d'investir 700 000 euros par an, sur cinq ans, dans une telle opération ? Il y a déjà (c'est moi qui ajoute) France 3 Picardie et surtout un projet de télévision régionale. Le pluralisme de la presse écrite est financièrement supporté par le secteur privé, pas de problème. Mais ces chaînes de télévision voulues par les collectivités territoriales sont alimentées par l'argent public, dont il faut être économe par les temps qui courent, et qui pourrait être utilisé à autre chose.

- Réponse incomplète : les 3,5 millions d'euros doivent être affectés à un autre projet. Tant que celui-ci n'est pas précisé, la critique rate sa cible. On peut toujours, à bon droit, tout rejeter en vertu du coût élevé, l'essentiel est ailleurs : que fait-on de l'argent ? Une télé locale, c'est une idée comme une autre, qui n'est pas en soi si bête que ça, qui peut apporter aux Saint-Quentinois, qui peut contribuer au développement local ; mais par quoi la remplace-t-on, de meilleur et de plus utile ? A défaut de répondre, on ne convainc pas.

- Ton trop virulent : pour contester le projet de Xavier Bertrand, Carole utilise le vitriol en parlant, avec force points d'exclamation, de "scandale", "gaspillage", "boulimie de communication", "manoeuvres bassement électoralistes". C'est là où je me sépare le plus de son propos, où je n'y adhère pas. Xavier Bertrand n'a pas besoin de cette télé pour sa communication personnelle, qu'il maîtrise très bien en dehors de ça. Et puis, je suppose que la ligne éditoriale sera contrôlée, pas décidée par lui. Enfin, il ne dilapide pas les deniers publics, il fait un choix politique, à quoi la gauche se doit d'opposer un autre choix politique, argumenté (dans les grandes lignes, je ne demande pas les détails).

Si je souhaite ardemment l'organisation de primaires à Saint-Quentin pour les élections municipales, c'est justement pour trancher, non pas entre des personnes (toutes ont leurs qualités) mais entre des lignes politiques qui sont sensiblement différentes. En lisant la tribune de Carole Berlemont, on sent bien, dans le fond et dans la forme, une inspiration radicale, un ton de contestation, par ailleurs parfaitement légitimes, qui correspondent à une sensibilité historique au parti socialiste, mais en quoi je ne me reconnais pas. C'est pourquoi, à défaut d'avoir pu entendre les adhérents s'exprimer lors de l'élection du secrétaire de section à laquelle je n'ai pu me présenter, il serait bon de laisser les électeurs faire leur choix entre deux lignes politiques pour les municipales, l'une plus radicale ("aile gauche"), l'autre plus modérée ("social-démocrate").

jeudi 21 février 2013

Affres du off



La polémique entre Jocelyne Nardi, présidente de l'ASTI, et Freddy Grzeziczak, adjoint aux affaires sociales (voir mon billet de lundi, "Ces gens-là"), est révélatrice du rôle de la presse dans la vie publique et des problèmes que pose la communication. Si Guillaume Carré, du Courrier picard, n'avait pas été présent à l'assemblée générale de l'association, si les propos de Jocelyne n'avait pas été rapportés dans le journal, personne n'en n'aurait rien su, la phrase aurait été noyée au milieu d'autres phrases, aucune polémique n'aurait surgi. C'est dire à quel point la presse locale est une caisse de résonance, une chambre d'échos, une scène publique qui crée à sa façon l'évènement politique.

Je pense pense même que les prochaines élections municipales à Saint-Quentin se joueront, pour beaucoup, dans la presse et sur le net. Prenez la polémique à rallonges, qui s'est déroulée sur plusieurs semaines, et pas encore terminée à l'heure qu'il est, au sujet de l'élection du secrétaire de la section socialiste (voir mon billet d'hier, "Ces primaires qui viennent") : tout est parti d'une brève dans L'Union, l'affaire n'a pas été franchement discutée entre socialistes, le débat a eu lieu quasi exclusivement à travers la presse, les déclarations des uns et des autres. C'est le travail d'investigation des journalistes qui a levé un certain nombre de lapins. Moi-même, j'ai été complètement dépassé par les évènements. Drôle d'impression d'une petite histoire locale qui nous échappe, qui se fait en dépit de ses principaux protagonistes et contre eux !

Je reviens au cas Jocelyne et Freddy, qui est aussi un cas d'école, où tous les deux finalement ont tort, en matière de communication. Jocelyne dit : "C'est mot à mot ce qu'il m'a dit, on ne peut pas inventer des choses pareilles". L'argument est puissant et je la crois volontiers. Mais qu'avait-elle à rapporter un entretien téléphonique d'avril 2 012 ? Je ne le fais jamais, je ne commente que les propos publics des hommes publics, c'est l'idée que je me fais de la politique.

Freddy dit : "Ce sont des propos sortis de leur contexte et mensongers". Je veux bien croire qu'il y a des façons de parler qui ne produisent pas le même effet, qui n'ont pas le même sens selon qu'on est au téléphone ou à une tribune. Mais je pense tout de même que Jocelyne a reproduit des mots approchant ceux de Freddy, qui s'est sans doute un peu lâché dans une conversation pour lui d'ordre privée (et nous sommes tous un peu comme ça, nous autorisant en privé des réactions que nous n'aurions pas en public : c'est humain).

Ce que je retiens de ce petit conflit qui sera vite oublié (mais qui confirme une fois de plus la méthode de la Municipalité : ne rien laisser passer, que les futurs candidats aux élections locales se le disent !), c'est qu'il ne doit plus y avoir de "off" en politique. Quand un adjoint au maire s'entretient, même au téléphone, même dans un registre qui peut sembler d'ordre privé, il doit contrôler sa parole et assumer complètement ses dires, quitte à les préciser ou à les rectifier ensuite.

C'est mon principe à l'égard de la presse : on m'appelle, on discute, quel que soit le sujet ou le lieu de nos échanges, je les assume entièrement, je ne retranche jamais rien de ce que les journalistes rapportent de moi (je n'ai d'ailleurs jamais eu l'occasion de le faire). Si j'ai quelque chose à cacher (et ça m'arrive, mais pas très souvent), je me tais, et j'explique aux journalistes pourquoi, sur tel point, je ne peux pas ou je choisis de ne rien dire. Et ils comprennent sans problème, ils font simplement leur métier, que beaucoup trop de responsables politiques ou associatifs, à Saint-Quentin, se laissent aller à caricaturer ou même parfois à mépriser (il y a des exemples célèbres !).

Xavier Bertrand, qui est forcément bien meilleur que moi en politique (quand on voit ce qu'il est et quand on compare avec ce que je suis !), n'est pas toujours très bon en communication personnelle et avec les journalistes locaux. A sa dernière réunion publique au Vermandois (rapportée par le Courrier picard de mardi), il n'invite pas les journalistes (c'est son droit), mais comme la rencontre est ouverte à tous ... les journalistes sont là, et le maire leur fait la leçon sur ce qu'ils doivent noter ou pas dans leur prochain article ! Pas bon, ça ...

Je trouve qu'à Saint-Quentin, gauche et droite n'ont pas un rapport satisfaisant et positif envers la la presse : soit elles sont dans le registre copains, se rapprochant du journaliste supposé favorable et censé leur faire un bon papier ; soit elles sont dans le verrouillage de l'information, où le journaliste n'a plus grand chose à se mettre sous la dent, sinon du pré-digéré. A mon petit niveau, je ne pratique ni le copinage, ni le verrouillage : je dis ce que j'ai à dire, et les journalistes en disent ce qu'ils veulent.

Liberté et respect, voilà mes deux principes dans les rapports avec la presse. Ce sont ceux que j'appliquerai scrupuleusement durant cette campagne électorale, dont j'ai souligné au début de ce billet toute l'importance qu'y prendront les médias. Et si les Saint-Quentinois me font l'honneur d'élire la liste que je conduirai, j'annonce tout de suite que les rapports à la presse seront très différents de ce qui se passe aujourd'hui. Saint-Quentin est une grande ville, la deuxième de Picardie ; les relations entre ses autorités publiques et la presse doivent être normales, apaisées et fructueuses. Car la presse locale concoure autant à l'image, à la vie et au développement de la cité que ses responsables politiques, économiques, sociaux et associatifs. Ce sont des interlocuteurs légitimes, parfois des partenaires, pas des ennemis en puissance ou des obligés, comme trop souvent le pensent, par crainte ou par ignorance, droite et gauche confondues. Là aussi, le changement à Saint-Quentin, ce sera pour 2 014.

mercredi 20 février 2013

Ces primaires qui viennent



Dans l'édition d'hier de L'Aisne Nouvelle, la toute nouvelle animatrice fédérale du MJS (mouvement des jeunes socialistes) de l'Aisne, Mathilde Goffart-Rigaud, s'est déclarée en faveur de primaires à Saint-Quentin pour les élections municipales. C'est sans doute sa première prise de position politique dès sa nomination à ce poste, et c'est surtout la première responsable socialiste, au niveau départemental, qui propose publiquement ce mode de désignation de la tête de liste. Rien de surprenant d'ailleurs : officieusement, je ne connais aucun socialiste qui soit foncièrement contre. Encore faut-il officiellement en convenir ...

On peut donc penser que sur Saint-Quentin, la situation va se débloquer dans les prochaines semaines, en espérant que la date d'organisation des primaires soit fixée assez rapidement. En ce qui concerne le nouveau vote pour le secrétaire de section, souhaité par la direction nationale du parti, nous sommes en attente de la décision du bureau fédéral, qui devrait se tenir en mars, avec le choix entre un report ou un refus du vote. Quoi qu'il en soit, l'adoption de primaires à Saint-Quentin permettrait de dépasser le problème du secrétaire de section et de se concentrer sur le choix de la tête de liste, c'est-à-dire la préparation des municipales, ce qui ne serait pas plus mal.

Bien sûr, il y a une autre solution, à laquelle personne n'a pensé, et qui pourtant réglerait tout : au-delà des interprétations divergentes sur les statuts, si l'actuel secrétaire de section démissionnait, il faudrait passer obligatoirement par un nouveau vote qui trancherait définitivement le problème. Ce serait une bonne chose pour tout le monde. Car comment imaginer s'engager dans la difficile bataille des municipales avec un secrétaire de section affaibli par une contestation venue de la direction nationale du parti ? Ce n'est pas politiquement très sain.

Quoi qu'il en soit, les primaires, en ouvrant la section sur l'ensemble de son électorat, en installant une compétition loyale entre des candidats motivés, nous feront le plus grand bien et augmenteront les chances de l'emporter. Dans son numéro de cette semaine, le Nouvel Observateur consacre un article important sur les primaires socialistes pour ces élections municipales, les villes concernées, les critères retenus, le calendrier suivi. Le choix du parti se fera le mois prochain. Il ne faut pas que la section de Saint-Quentin rate le coche !

C'est pourquoi j'ai adressé un courrier à Alain Fontanel, secrétaire national aux fédérations, pour l'informer de ma demande, auprès de la fédération de l'Aisne, de primaires citoyennes à Saint-Quentin. C'est ce camarade qui est chargé, à la direction nationale, d'examiner la question des primaires locales, c'est le même qui souhaite que nous revotions à Saint-Quentin pour la désignation du secrétaire de section. Ces primaires qui viennent, il faut aussi les aider un peu à s'imposer ...

mardi 19 février 2013

La vie cachée des homos



La séance de ciné philo d'hier soir a été consacrée au très beau documentaire de Sébastien Lifshitz, Les invisibles, portant témoignage sur la vie cachée des homosexuel-le-s avant les années 80, à une époque où ils étaient considérés par la loi comme des "malades", avant que que la véritable maladie, le sida, ne frappe cruellement dans leurs rangs.

On ne retient aujourd'hui que la gay pride et la revendication du mariage pour tous. Mais pendant longtemps, depuis toujours, les homos ont dû vivre leurs amours dans la clandestinité. Ils étaient plus ou moins tolérés (plutôt moins que plus plus !), une règle tacite semblait socialement s'imposer : le faire mais ne jamais le dire, comme quelque chose de honteux. Les années 70 ont brisé cette loi du silence : les homos sont sortis dans la rue, se sont montrés au grand jour, ont manifesté jusqu'à lier leur combat aux aspirations révolutionnaires de ce temps-là. Combien de souffrances, de culpabilisation, parfois de suicides avant d'en arriver là ?

Le documentaire n'est pas du tout politique ou partisan, il peint cette vie cachée des homos telle qu'eux-mêmes en parlent, avec de gros plans sur les visages. Dans le débat passionné et quelquefois caricatural autour du mariage pour tous, ce film est une méditation tranquille que chacun, quoi qu'il pense, devrait aller voir. Il en ressort, paradoxalement, une forte impression de normalité : des gens qui s'aiment, du même sexe, tout simplement ; des histoires d'amour et de tendresse comme les autres. Une dame : "Je n'ai pas de problème d'identité, je suis une femme qui aime les femmes". Un monsieur : "Je n'ai pas choisi, c'est la nature qui veut les choses". La nature, justement : paysages de campagne, animaux de ferme sont très présents tout au long du documentaire, pour souligner le naturel de cette homosexualité souvent perçue et présentée comme contre-nature.

C'est une réflexion sur le désir et sa finalité, le plaisir, qui nous est proposée. Pourquoi éprouvons-nous des attirances très fortes qui ne sont pas les mêmes d'une personne à l'autre ? D'où vient ce grand mystère de la diversité des êtres vivants ? C'est aussi une réflexion sur la société, sa dureté, ses rejets : pourquoi des existences privées, des comportements intimes qui sont pacifiques, qui ne menacent nullement l'ordre public sont-ils considérés comme des menaces au point de les pénaliser, d'interdire leur libre expression ? Les clivages politiques traditionnels sont d'ailleurs remis en question : dans les années 60, il ne faisait pas toujours bon d'être homosexuel quand on appartenait au parti communiste français. Un grand magazine comme Paris-Match, encore en 1979, se permettait un reportage sur "La vague homo" agrémenté de commentaires qui seraient jugés aujourd'hui homophobes.

Le débat qui a suivi la projection avait pour invité Michel Magniez, de l'association SOS homophobie, dont le témoignage et la réflexion ont été particulièrement riches et éclairantes. Parmi le public, j'ai eu le plaisir de faire connaissance avec le sympathique et dynamique Jean-Claude Ester, délégué des droits (ex-Halde) sur Saint-Quentin, dont la permanence est ouverte tous les mercredis après-midi, au Point Info Droit, dans l'Hôtel de Ville. Les problèmes de discrimination peuvent (et doivent !) lui être soumis.

La prochaine séance de ciné philo se tiendra le vendredi 8 mars, dans le cadre de la journée mondiale des femmes, avec la projection du film Les femmes du bus 678, en partenariat avec les associations Aster-Internationale et CIDFF. Notre invitée sera Sylvie Racle, avocate au barreau de Saint-Quentin.

lundi 18 février 2013

Ces gens-là



Travailleurs immigrés, sans papiers et demandeurs d'asile ne seront sans doute pas au coeur de la campagne des prochaines élections municipales. L'ASTI, qui tenait hier son assemblée générale à Saint-Quentin, a traité l'an dernier 53 dossiers. Ce n'est pas une raison pour s'en désintéresser. Aucun élu ou responsable de gauche n'était présent. C'est pourtant un sujet auquel tient beaucoup la gauche, dans un milieu associatif largement acquis à ses idées, militant souvent à ses côtés.

Parmi les problèmes évoqués, il y a le 115, numéro d'urgence pour les gens à la rue, les aider à trouver un logement provisoire, dans deux hôtels de la ville. Pour la première fois, l'ASTI n'a pas pu faire face à la demande. La présidente, Jocelyne Nardi, est marrie de la réponse que lui a faite l'adjoint aux affaires sociales : "Les Saint-Quentinois ne comprendraient pas qu'on utilise leurs impôts pour ces gens-là". L'hébergement en hôtel pose une autre difficulté : interdiction de faire de la cuisine. Du coup, l'ASTI livre des repas froids.

Même déconvenue de la présidente à l'égard de la préfecture de l'Aisne, qui n'a pas tenu compte du rallongement de la trêve hivernale, ni de la bienveillance prônée par la circulaire Valls en matière de régularisation des demandeurs d'asile. A propos du ministre de l'Intérieur et de l'image parfois droitière qu'il donne, l'ASTI n'a affiché aucune critique ni hostilité, contrairement à ce qu'on pouvait s'attendre.

Une petite victoire cependant : la préfecture accepte de revenir sur la domiciliation à Laon des demandeurs d'asile, qui les obligeait à s'y rendre le mardi, entre 10h00 et 12h00. Vraiment pas pratique quand on n'a pas de véhicule et pas beaucoup d'argent pour se déplacer.

Un point noir qui subsiste : la scolarisation, dont est chargée Viviane Caron. En attente d'une formation, les jeunes intègrent le dispositif "Compétence plus", qui n'est pas adapté à leur situation. Les établissements scolaires ne sont pas toujours empressés de les accueillir, craignant que leurs statistiques de réussite aux examen n'en pâtissent. Enfin, à 18 ans, ils sont expulsables. Les cours de soutien, d'apprentissage du français, proposés par l'ASTI le mercredi après-midi, n'ont pas lieu pendant les vacances, les neuf bénévoles, pour la plupart grands-parents, s'occupant alors de leurs petits-enfants !

Il arrive que des sans papiers se retrouvent au centre Cordier, parmi les SDF, alors que les problématiques sont différentes. Avec famille et enfants, les problèmes récurrents sont le logement, l'éducation et la santé. La complexité des démarches administratives pousse souvent au découragement. Au niveau local, trois propositions pourraient être avancées :

- Un lieu d'accueil des familles, notamment pour la cuisine. Le local de l'ASTI, rue Sainte-Catherine, est vaste mais vétuste et mal adapté.

- Un appel à bénévoles pour l'apprentissage des enfants pendant les vacances scolaires.

- La mise en réseau ou en partenariat de l'ASTI avec d'autres structures, sur le mode de RESF (réseau d'éducation sans frontière), afin que l'association sorte de l'isolement.

Je sais bien que "ces gens-là" ne rapporteront pas beaucoup de voix, peut-être même en feront perdre, mais ce serait l'honneur de la gauche d'en parler et de les intégrer à son projet.

Hormis Jocelyne Nardi et Viviane Caron, les responsables de l'ASTI saint-quentinoise sont Claudette Lemire et Marcel Ouillon, membre de la commission juridique, Henri Bailleul pour l'accompagnement social et Maurice Gomis, salarié chargé de la médiation. Pour information, le traditionnel repas africain aura lieu cette année le 12 octobre, au centre social Artois-Champagne. En présence de la gauche, c'est à souhaiter ...

dimanche 17 février 2013

Lettre à Mathilde



Le MJS (mouvement des jeunes socialistes) de l'Aisne a une nouvelle animatrice fédérale (c'est le titre donné au premier responsable départemental), Mathilde Goffart-Rigaud, à laquelle le Courrier picard a consacré hier un article. Elle est Saint-Quentinoise, a 17 ans et se retrouve à la tête d'une vingtaine d'adhérents. C'est dire le travail de recrutement qui l'attend ! Un parti sans jeunes militants, c'est un parti sans avenir, par définition. Je tiens à féliciter Mathilde pour sa désignation, lui souhaiter bon courage et lui donner quelques conseils.

"Nous sommes totalement indépendants", rappelle-t-elle. Oui, et que les jeunes socialistes le restent, qu'ils montrent l'exemple en matière d'unité et de dynamisme, car les adultes jouent trop souvent à front renversé, ne sont pas les modèles qu'ils devraient être. Son socialisme, Mathilde l'a "dans les gènes". Je comprends l'image, mais attention, à mon tour j'en utilise une : les neurones valent mieux que les gènes ! la politique n'est pas une affaire de famille, d'éducation ou d'hérédité mais de choix personnel, de volonté et de raison.

Que Mathilde ne soit pas oublieuse, qu'elle sache que la politique est aussi une affaire de mémoire : le MJS, c'est un héritage, une histoire, personne ne naît de la dernière pluie, elle a des prédécesseurs, dont elle n'a peut-être jamais entendu parler, qui pourtant avant elle ont fait ce qu'elle s'apprête à faire. En politique, ne jamais oublier, toujours s'appuyer sur l'expérience ! Quand Mathilde avait 4 ans, en 2 000, le MJS dans l'Aisne était inexistant. C'est la députée Odette Grzegrzulka et moi, secrétaire de section, qui l'avons réactivé. Son premier animateur fédéral, c'était Mourad Oujja, qui a beaucoup travaillé en direction des quartiers de Saint-Quentin, qui a organisé des réunions publiques lorsque les jeunes rencontraient des difficultés, notamment à Europe et dans le faubourg d'Isle.

Après, il y a eu Fatima Carvalho, de 2 002 à 2 005, qui représentait officiellement le MJS au sein du Conseil département de la jeunesse, une institution de la République installée par la DDJS (Direction départementale jeunesse et sport). Fatima avait organisé une manifestation en 2 003 contre Marine Le Pen, venue à Holnon. Puis c'est Bastien Hugues qui lui a succédé. Son mandat a été marqué par un mémorable débat public avec les jeunes de l'UMP, au restaurant Le Champs-Elysée. Enfin, le poste d'animateur fédéral a été occupé par Florentin Brocheton. A plusieurs reprises, des responsables nationaux du MJS se sont déplacés à Saint-Quentin.

Parmi les fondateurs historiques du MJS dans l'Aisne, il faut citer également David Piette, qui sera le suppléant d'Odette Grzegrzulka aux élections législatives de 2 007 et Guillaume Lafeuille, aujourd'hui secrétaire de section aux Lilas, près de Paris, et directeur de cabinet du maire ! Comme quoi Mathilde peut avoir un bel avenir ... Qu'elle sache cependant qu'on ne doit pas faire de politique par ambition personnelle mais collective : ce qui est beau, c'est la victoire de son parti, pas se faire élire quelque part ...

On ne fait pas de la politique pour soi mais pour les autres, en l'occurrence les Axonais, les Saint-Quentinois. A ce propos, qu'elle se méfie des titres, des flatteries, des places et des indemnités qui pourrissent l'esprit. Qu'elle fuit comme la peste la mentalité de l'entre-soi, de clan, de clocher ou de chapelle : la politique, c'est l'action publique, qui se dénature quand elle se transforme en préoccupations ou en activités privées. Faire de la politique, ce n'est pas rester entre copains, c'est aller vers les autres, vers tout le monde, vers ceux qui ne pensent pas comme vous.

Que Mathilde ne s'égare pas non plus dans ces réunions interminables où l'on bavasse sans décisions ni résultats. Il n'y a que la présence sur le terrain qui compte, c'est-à-dire l'action ; le reste, c'est frime et cacahuète. Qu'elle ait avec passion le sens de l'adversité, puisque la politique c'est la bagarre ! Mais qu'elle se batte avec respect, toujours au nom de ses convictions, avec violence s'il le faut (verbale bien sûr), mais sans jamais tomber dans le règlement de compte personnel, les crasses. Qu'elle aille jusqu'au bout d'elle-même : ce qui est beau, c'est de ne pas renoncer, c'est de demeurer fidèle à soi-même, à ses combats. Ce qui est laid en politique, c'est d'adopter des positionnements de circonstances, au gré des intérêts personnels et des opportunités, où l'on renie ce qu'on a défendu antérieurement, où l'on défend ultérieurement ce qu'on a renié. Sur ce point, j'ai envie de demander à Mathilde de rester jeune, de ne pas devenir une adulte !

Que notre animatrice fédéral ne se laisse pas impressionner pas les hommes et les femmes de pouvoir (qui n'ont d'impressionnant que l'apparence !), qu'elle ne cède surtout pas à ceux qui voudront l'impressionner : ça porte un très joli nom, ça s'appelle la liberté. Qu'elle soit forte, qu'elle n'hésite pas à claquer la porte, à renverser la table et à dire merde à ceux qui le méritent. L'insolence est le privilège de la jeunesse, qu'il lui faut précieusement cultiver. Que Mathilde se méfie des plus dangereux, non pas les adversaires d'en face mais les faux amis à ses côtés : si elle sent qu'on lui caresse le dos, qu'elle vérifie bien si ce n'est pas avec la lame d'un poignard ...

Il faut que Mathilde conserve son visage frais et son esprit enthousiaste, qu'elle ne rejoigne pas les chairs grises, les yeux bouffis et les traits ravagés par l'ennui à force d'attendre un pouvoir qui ne vient pas. Qu'elle renonce à la routine, à la mesquinerie, à la médiocrité qui finissent par s'installer quand passent les années et que se termine une vie de défaites successives.

Insolence oui, quand il le faut, mais aussi respect absolu des règles : Mathilde est dans une organisation qui n'existe que par ses statuts. Sans eux, chacun fait comme il veut, et c'est alors la mort du collectif. Que Mathilde respecte à la lettre les principes de la maison commune, sinon il n'y a plus de maison commune.

Hier, elle a eu sa photo dans le journal : c'est très bien. Mais ce qui importe en politique, ce n'est pas hier, c'est demain, dans un an, dans dix ans : si Mathilde a toujours alors sa photo dans le journal, oui elle aura gagné, oui elle aura réussi quelque chose qu'ils ne sont pas si nombreux à réussir. Ce que je souhaite par dessus tout à notre jeune socialiste, c'est qu'elle soit, dans 30 ou 40 ans, une vieille socialiste heureuse ! Et là, elle aura vraiment gagné, vraiment réussi !

Dans le travail qui l'attend et qui sera difficile puisque le département n'a pas de grandes villes universitaires, vivier traditionnel de recrutement pour le MJS, Mathilde devra imiter les Jeunes Pop de l'Aisne (copier l'adversaire pour le combattre, Mao a dit quelque chose comme ça) : pousser des candidatures de jeunes socialistes à toutes les élections, sur tous les territoires. Et puis, remettre en fonction le site internet du MJS 02, qui est figé depuis septembre 2 012, ce qui lui permettra de faire la nique à ses aînés qui sont électroniquement rouillés depuis juin de cette même année !

Pour terminer cette lettre à Mathilde, aussi longue qu'un testament ou que des adieux, je lui rappelle qu'il n'y a pas que la politique dans la vie, mais l'amour, le bonheur, la culture, l'art, la spiritualité, les voyages, les amis, pour certains la philosophie, bref la vie ! Qu'elle ne l'oublie pas ...

samedi 16 février 2013

Péril en la demeure



Karine Bernard m'a adressé un dossier très informé concernant la destruction du château de la Pilule à Saint-Quentin, dont la presse s'est fait l'écho ces derniers jours (en vignette, quelques photos). Ce joyau de l'art déco est l'oeuvre des frères Barbotin, mais pas classé monument historique. La propriétaire le vend et l'acquéreur veut le raser pour construire une maison de retraire, la réhabilitation étant trop coûteuse. La Ville a donné son autorisation, ne souhaitant pas intervenir dans une opération privée.

Pour Karine Bernard, chimiste passionnée d'architecture, il faut sauver ce château des bulldozers. Entre coup de gueule et cri du coeur, elle mobilise (http://sauvegarde.chateau.la.pilule.perso.sfr.fr/), dénonçant le "mutisme" et "l'apathie" autour de cette affaire. Jadis, les artistes ne se gênaient pas pour détruire les vestiges du passé et reconstruire sur les ruines. Depuis le XIXe siècle et l'apparition de la notion de patrimoine, on veille à conserver. D'où les multiples réactions de soutien à Karine, d'autant que le manoir est répertorié dans le récent ouvrage Saint-Quentin Art déco (éditions du Quesne).

Que faire maintenant ? Karine Bernard propose que la bâtisse accueille un centre culturel ou un musée régional. Jean-Pierre Lançon, dans L'Aisne Nouvelle, suggère qu'un "Américain" (sic) investisse dans cet achat. Alexis Grandin se contenterait d'un "reportage photo" (re-sic) avant disparition. A vrai dire, au point où nous en sommes, je ne vois que l'intervention de l'Etat et du ministère de la Culture. C'est à l'opposition municipale d'en appeler à la ministre Aurélie Fillippeti, par courrier et par question au maire lors de la prochaine séance du conseil, le 04 mars. Au moins Karine Bernard verra-t-elle alors prise en compte et débattue cette question qui lui tient et qui nous tient à coeur.

vendredi 15 février 2013

Claudine se met au vert



La nouvelle n'est pas énorme, mais tout de même intéressante, et un peu énigmatique. Le Courrier picard en a fait un bref article, et L'Union un papier plus long, signé Roustand. De quoi s'agit-il ? D'une transhumance au sein de la majorité au Conseil régional de Picardie : une élue socialiste est passée chez les Verts, une Axonaise, Claudine Dunas-Doukhan. Je ne vais pas vous mentir : ce n'est pas seulement une camarade, je la connais personnellement, autant qu'on peut connaître quelqu'un qui vous a invité à dîner chez lui. Mais cette sympathie ne m'empêche pas de dire ce que je pense : politique et amitié sont deux choses différentes.

Ce genre de transfuge n'est pas trop fréquent. Elu sous une étiquette, on le reste. Changer en cours de mandat, c'est embêtant : on élit une socialiste, on se retrouve trois ans après avec une écolo. Mais EEVL en Picardie recycle facilement socialistes ou communistes : Dominique Jourdain et Michèle Cahu sont passés par là. Bien sûr, il y a l'argument providentiel : "Seuls les imbéciles ne changent pas d'avis". Si la formule dit vrai, je suis le roi des cons : je suis entré au parti socialiste en 1995 pour soutenir Jospin, j'ai continué avec Strauss-Kahn et je suis aujourd'hui à fond derrière Hollande. Bref, ma ligne a toujours été social-démocrate, mon parti ne m'a jamais déçu et je mourrai socialiste, con que je suis, je vous dis !

Mais une petite musique intérieure me fait penser que la fidélité, la continuité, la cohérence ont aussi un sens en politique. Claudine était adhérente au PS depuis plus longtemps que moi. Pourquoi l'a-t-elle quitté ? Si un évènement particulier, un choix du parti avaient suscité sa réprobation, je pourrais comprendre : quand Mélenchon s'en va, on saisit tout de suite les motifs idéologiques, et le départ est collectif. La décision de Claudine est individuelle et ne correspond à aucun tournant dans la politique du parti ou du gouvernement qu'elle aurait été amenée à réprouver.

Quelle est sa justification ? Que le PS n'a pas "su prendre en compte les questions environnementales" ! Et Claudine en a maintenant la révélation, pas avant ? Quand elle s'est fait élire en mars 2 010, le PS était-il plus écolo qu'aujourd'hui ? Non, je ne crois pas, notre ligne politique dans ce domaine n'a pas changé. Alors quoi ? Quelles sont les véritables raisons de Claudine ? Mystère et boule de gomme. C'est peut-être purement perso (Laurence Rossignol, camarade et collègue, lui avait passé publiquement un savon mémorable qui a pu lui rester en travers de la gorge ...). Les comportements politiques tiennent parfois à de petites choses.

Toujours est-il que les socialistes axonais perdent une élue à la Région. Mais bizarrement, Claudine Doukhan reste dans le groupe socialiste au lieu de rejoindre les élus de son nouveau parti ! L'histoire commence par une énigme et se termine sur un mystère. Je laisserais le dernier mot à Claudine : "Il ne s'agit pas d'un choix de carrière mais d'un acte de conviction." Ouf, j'ai failli avoir peur ...

jeudi 14 février 2013

Saint-Pierre de Pékin



Nous avons donc, pour la première fois dans notre histoire, un pape retraité. Je l'imagine, comme beaucoup de nos retraités, coulant une vieillesse heureuse, par exemple en jardinier, dans le cadre bucolique et tranquille d'un monastère. Après tout, Marie de Magdala a pris le Christ ressuscité pour un jardinier, selon saint Jean. Je le vois au milieu des roses et des moineaux, ex-Benoît XVI. Peut-être suivra-t-il devant son téléviseur la cérémonie d'investiture de son successeur ? Ce pape qui nous quitte, "normalisé", Libération a fait l'hypothèse qu'il était dépressif. Un pape dépressif, comme n'importe lequel d'entre nous, bon pour consulter un psy, ce qu'avait prédit le récent film "Habemus papam"

Ce conclave, je vais le suivre de près. Des hommes chargés d'en élire un parmi eux, une organisation planétaire qui se donne un chef, c'est une affaire hautement politique. D'ailleurs, le Vatican est un Etat, avec son souverain, sa petite armée, ses lois. Entre cardinaux, il y aura forcément tractations, conciliabules, compromis, des favoris, des outsiders et des surprises. Bien sûr, cette élection du pape sera moins compliquée que celle du secrétaire de la section socialiste de Saint-Quentin, avec aussi moins de rebondissements (pas terminés !). Mais tout enjeu de pouvoir est passionnant, inattendu, révélateur.

Je ne fais pas de pronostics, je ne suis pas spécialiste. Mais j'ai mon analyse et mes préférences. La désignation d'un homme qui va régner sur un milliard de catholiques dispersés à travers le monde ne peut pas laisser indifférent : l'Eglise est le plus grand empire de la planète, sur lequel le soleil ne se couche vraiment jamais. On a beaucoup parlé d'un possible pape noir : un Africain sur le trône de saint Pierre, ce serait en effet une salutaire révolution, un renversement historique inouï. Mais j'ai beaucoup mieux. Car nous avons déjà Barack Obama qui nous a stupéfait. Non, mon souhait, mon espoir, mon rêve, c'est un pape ... chinois ! Un jaune devenant l'homme en blanc, génial ! L'Asie en Italie, l'Orient en Occident, oui, voilà le grand bouleversement.

Autour de moi, de plus en plus souvent, je constate que la nouvelle xénophobie frappe désormais les Asiatiques, longtemps oubliés par ce poison, cette haine. Avec la montée en puissance des dragons de l'économie, la Chine fait peur et le monde tremble, selon la prédiction d'Alain Peyrefitte, reprise à Napoléon. Moi, je me réjouis de cette concurrence, qui oblige la vieille Europe à se remuer les puces, à s'unir, à innover, à se réindustrialiser (je ne suis pas certain qu'elle y parvienne).

Et puis, c'est la loi de l'histoire universelle : des civilisations dominent, des civilisations déclinent. La Grèce puis Rome sous l'Antiquité, la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Etats-Unis d'Amérique aujourd'hui, pour n'en citer que quelques-unes, ont influencé en leur temps le monde connu. Demain, à coup sûr, ce sera le tour de la Chine, et il serait stupide de s'en scandaliser. Prochainement, les Chinois vont probablement envoyer un homme planter leur drapeau sur la Lune ; pourquoi pas installer l'un des leurs dans le palais du Vatican ? C'est moins compliqué et moins loin ... Ce sera une formidable anticipation du mouvement de l'histoire, et une inégalable opération de pédagogie antiraciste. Sa Sainteté de Chine, et si c'était pour demain ?

mercredi 13 février 2013

Un seul projet : du boulot !



La Ville de Saint-Quentin a donné les résultats de sa grande consultation des habitants, qui a suscité 4 701 réponses. Priorité des Saint-Quentinois, à 75% : "poursuivre les mesures d'accompagnement à l'emploi". La formulation est un peu sibylline, comme souvent dans le langage administratif et politique d'aujourd'hui. Ceux qui ont choisi cette priorité n'ont eu qu'une intention, logique dans une ville où il y a 13% de chômeurs : avoir du boulot ! Pas étonnant non plus, dans ces conditions, que les projets culturels et sportifs arrivent en queue des préoccupations.

Voilà en tout cas des résultats utiles en vue des élections municipales et des projets qui s'affronteront. Bien sûr, l'emploi n'est pas une prérogative directement municipale mais nationale. Il n'empêche qu'une municipalité a aussi un rôle à jouer, peut favoriser des implantations d'entreprises, créer un environnement favorable au développement économique. Ne cherchons pas trop quel programme devra être proposé aux suffrages des Saint-Quentinois, il n'y en a qu'un seul : du boulot ! La liste qui l'emportera sera celle qui sera crédible sur ce sujet : la droite aura un bilan à défendre et la gauche des propositions à faire, voilà quels seront les termes du débat.

A gauche, puisque c'est elle que j'ai l'ambition de représenter, il ne faudra pas s'égarer dans le programme électoral fourre-tout, politiquement illisible, où l'on additionne dans la confusion les revendications (mais pas les voix !) : refaire un bout de trottoir par ci, installer un lampadaire par là, et des promesses en veux-tu en voilà. Non, il faut quelques lignes de force, repérables, deux ou trois, pas plus, et la principale, la première, ce sera l'emploi. Non pas en critiquant ce qui s'est fait (ou pas fait) jusqu'à maintenant : ce que les électeurs veulent savoir, c'est en quoi la gauche s'installant place de l'Hôtel de Ville ferait mieux que la droite.

Ce qui signifie aussi que la gauche devra éviter les faux débats, celui sur la zone franche par exemple, dont j'entends parler depuis longtemps mais qui ne rapporte pas une seule voix. Supprimer la zone franche ? Ca servira à quoi ? Est-ce que ça rapportera un seul emploi supplémentaire ? Question inutile, réponse vaine : les Saint-Quentinois attendent autre chose, ne demandent pas à ce que la gauche se détermine par rapport à ce que fait la droite mais par rapport à ce qu'elle ferait, elle. Fausse piste, encore plus fausse : le développement de l'emploi municipal, qui ne peut pas constituer un gisement de création d'emplois, c'est le moins qu'on puisse dire !

Il faudra une gauche claire avec elle-même, bien consciente que l'enjeu des prochaines municipales sera économique, avec l'emploi au coeur, et bien certaine que l'emploi ne peut venir que de l'entreprise, pas des associations ou de la fonction publique territoriale. En la matière, Pierre André a su convaincre parce qu'il avait des relations avec les milieux économiques locaux et Xavier Bertrand avec les milieux politiques nationaux : ils sont allés à la chasse aux subventions et à la pêche aux entreprises. Est-ce que la gauche peut faire mieux ? Il ne faut pas se payer de mots, toute la question est là, et la réponse sera donnée pendant la campagne, leader contre leader, projet contre projet, dans un débat qui sera, je le souhaite, de qualité (je ne vois pas pourquoi la démocratie serait condamnée à la foire d'empoigne).

Quelles sont alors les pistes que peut envisager la gauche ? Un programme ne se décide pas sur un bout de table ou de blog. Mais je crois qu'il faut s'en tenir à un principe général : l'action politique ne repose pas sur des idées géniales ou des solutions miraculeuses (qui n'existent pas, sauf sous forme d'illusions), et il y a autant de personnes intelligentes à droite qu'à gauche. Non, le sort d'une politique se décide autrement, dans les influences dont on peut bénéficier, dans les soutiens qu'on peut escompter. Fondamentalement, et depuis toujours, la politique est une question de pouvoir : vouloir n'est pas grand chose, c'est pouvoir qui compte.

La gauche locale est dans une conjoncture particulièrement faste et exceptionnelle en termes de pouvoir : le Conseil général de l'Aisne est socialiste, le Conseil régional de Picardie est socialiste, le gouvernement de la France est socialiste, qui dit mieux pour que la ville de Saint-Quentin devienne socialiste ? Mais ce n'est pas la section locale qui y parviendra toute seule : le projet municipal, en matière d'emplois, croisera les projets départementaux, régionaux et nationaux, ne pourra pas se faire indépendamment d'eux. La touche finale appartiendra au parti, car Saint-Quentin n'est pas une ville comme une autre, son maire n'étant pas un élu comme les autres, mais le possible candidat de l'UMP à la prochaine élection présidentielle : la campagne des municipales aura donc aussi dans notre ville un caractère national. Si le parti veut, si les collectivités coopèrent, la victoire devient possible, en répondant à la question : comment trouver du boulot aux Saint-Quentinois ?

mardi 12 février 2013

Pédagogie et politique



Aujourd'hui, à Saint-Quentin, la grève des enseignants des écoles, contre la réforme des rythmes scolaires, sera probablement très suivie. C'est au parti socialiste local, porteur de cette réforme, qu'il revient de l'expliquer aux enseignants, aux parents et à la population. Il faut faire de la pédagogie et de la politique ! Trois actions sont possibles :

- Sur les réseaux sociaux, il se dit beaucoup de choses fausses sur cette réforme, des peurs infondées ou exagérées. Le parti socialiste doit remettre à jour son site web, y faire figurer les fiches explicatives de la réforme, tant celle-ci soulève beaucoup de questions et se voit, à tort, qualifiée de "flou".

- Au sein du conseil municipal, les élus socialistes doivent demander à ce que le passage aux 4 jours et demi se fasse dès la rentrée 2 013. A quoi bon attendre 2 014, puisque de toute façon la loi s'imposera ? A cause d'un problème de financement ? Non, c'est seulement un problème de volonté politique : des petites communes comme de grandes villes ont choisi d'appliquer la réforme dès 2 013. Alors, pourquoi pas Saint-Quentin ?

- La ministre déléguée à la réussite éducative, George Pau-Langevin, est venue il y a quelques jours dans l'Aisne pour expliquer la réforme. Sans espérer la venue d'une autorité ministérielle, la section socialiste de Saint-Quentin pourrait tout de même inviter un responsable national du parti, chargé des questions scolaires, pour débattre lors d'une réunion publique ouverte à tous.

Depuis que la gauche a remporté les élections présidentielles, le parti socialiste ne peut plus être à Saint-Quentin un petit parti d'opposition se contentant de lire des déclarations en conseil municipal ou de présenter des candidats au moment des élections. Il lui faut entrer dans une phase active et offensive de défense du gouvernement : faire de la pédagogie et de la politique ! Sinon, il restera un petit parti d'opposition sans avenir.

lundi 11 février 2013

Un pape normal



Un pape qui démissionne, ce n'est pas banal, pas normal. En 2 000 ans de papauté, ce n'est arrivé qu'une seule fois. Un pape n'est pas tout à fait un élu comme les autres : il tient autant son pouvoir des hommes (les cardinaux réunis en conclave) que de Dieu, surtout de Dieu. C'est pourquoi son mandat est ad aeternam. Même un homme politique, qui tient sa légitimité du peuple, hésite à démissionner, préfère respecter la durée légale de son mandat.

En monarchie, le roi ne démissionne pas mais abdique, ce qui revient au même ; mais le souverain est censé régner jusqu'à son dernier souffle, jusqu'à ce que le peuple s'exclame : le roi est mort, vive le roi ! Une démission, en République ou en royauté comme en papauté, est un aveu d'échec, public ou privé : dé-missionner, c'est renoncer à sa mission. Et quand celle-ci est de nature divine, c'est particulièrement délicat. Moralement parlant, "démissionner" est doté d'une charge négative.

Un pape qui démissionne, c'est donc un évènement mondial, une rupture dans la longue histoire du catholicisme. Des papes vieux et malades, il y en a déjà eu, qui n'ont pas démissionné pour autant. La fonction est-elle plus lourde aujourd'hui qu'hier ? Je ne crois pas, toute chose égale par ailleurs. On pourrait même soutenir le contraire : à l'âge électronique et technologique, le travail de pape est allégé. Et puis, nous avons tous à l'esprit les derniers mois de Jean-Paul II, certes pénible à voir mais faisant du pape un Christ en souffrance, un athlète de la foi (voir saint Paul), un martyr de la maladie qui va jusqu'au bout de lui-même, qui force l'admiration et la compassion. Un pape qui démissionne pour raisons de santé ou à cause du poids de l'âge, ça n'a plus la même dimension surnaturelle, ça rejoint le commun des mortels.

Benoît XVI est certainement un homme raisonnable, qui a la sagesse de démissionner, ne pouvant plus assumer sa tâche. Mais attend-t-on d'un pape qu'il soit raisonnable et sage ? Je crois que notre époque de normalité est pour beaucoup dans sa décision. Après François Hollande, président normal, nous avons Benoît XVI, pape normal, qui prend congé quand sa santé décline (y chercher des raisons politiques, notamment du côté de scandales financiers, seraient un tort, je n'en vois pas ; et puis, la papauté a connu pire par le passé, sans conduire à des démissions).

La normalité aujourd'hui, c'est fondamentalement la santé, préoccupation majeure de l'homme moderne. "Et surtout la santé", c'est généralement ce qui accompagnait les voeux de début d'année (on souhaite très rarement l'intelligence, la bonté, le courage ; mais la santé, si !). Comme tout le monde, le pape s'en va parce que, côté santé, ça ne va pas. Autrefois, c'aurait été inimaginable. Aujourd'hui, c'est normal. Où est le bien, où est le mal ? Peut-être nulle part. Croyants ou athées, je vous laisse faire votre choix, entre la normalité et la différence.

dimanche 10 février 2013

Parti cherche candidats



En vue des prochaines élections municipales, l'UMP a trouvé un moyen original de recruter des candidats sur ses listes : par petites annonces ! Inimaginable il n'y a pas si longtemps ... Qu'une petite formation procède ainsi, oui, mais un grand parti de gouvernement ! C'en dit long sur le discrédit qui frappe la fonction politique de base, conseiller municipal, son peu d'attractivité. Avant, figurer sur une liste était une forme de reconnaissance, un honneur recherché pour lequel il y avait concurrence. Plus maintenant, du moins dans certaines localités et organisations.

Ne croyons pas que seule l'UMP soit touchée. A Saint-Quentin, côté socialiste, si nous avions à constituer une liste aujourd'hui même, trouverions-nous forcément les 45 noms nécessaires ? C'est un peu plus que le nombre de votants lors de la dernière élection pour le secrétaire de section ! Et parmi ces 45, il faut songer à la quinzaine qui deviendront adjoints, qui assumeront des responsabilités. On mesure alors la difficulté ...

Je ne propose certes pas de mettre une petite annonce dans L'Aisne Nouvelle ou le Courrier picard ! Mais ce qui est certain, c'est que la liste se décide dès maintenant, et pas à trois mois du scrutin. La bonne chronologie, c'est de se doter d'un leader (c'est pourquoi les primaires seraient les bienvenues avant les vacances d'été) qui sera mandaté pour constituer très vite une liste, prendre les contacts nécessaires et piloter le projet. Si on fait l'inverse, ce sera du temps de perdu, la droite laissée libre d'occuper le terrain et les inévitables tensions que générera l'incertitude. D'autant que le projet, nous l'avons, du moins de mon côté, dans ses grandes lignes, après plusieurs années de réflexion ; mais les hommes et les femmes qui seront candidat(e)s, c'est une autre paire de manches ...

Cette liste, j'y pense donc. Je tiens à deux critères pour la constituer : la compétence et la notoriété. Gérer une ville de 60 000 habitants, ce n'est pas une mince affaire, il faut des gens solides, ne pas croire que c'est l'administration qui se chargera de tout (à quoi bon alors faire des élections ?). Les Saint-Quentinois se détermineront en consultant la liste : s'ils ne connaissent personne, ils ne suivront pas. C'est pourquoi il faut des candidats qui ont déjà fait leurs preuves, qui exercent des responsabilités dans le monde associatif, économique, syndical et qui se sont faits connaître par leurs actions.

La conséquence de cette exigence, c'est que la liste ne pourra pas recruter, loin de là, seulement parmi les membres de la section socialiste de Saint-Quentin. Il faudra très largement ouvrir à des candidatures de gauche, non socialistes, auxquelles il ne serait pas injuste de réserver la moitié des places. La victoire sera à ce prix (pas très élevé) : renoncer à l'entre-soi stérile. Autre condition pour tous les candidats : qu'ils s'engagent à siéger, y compris en cas de défaite (afin d'éviter les déconvenues de ces quinze dernières années, où des élus de gauche s'absentaient du conseil municipal, ne respectant pas le mandat confié par les électeurs).

Parti cherche candidats, oui. Mais surtout, parti cherche victoire !

samedi 9 février 2013

Réseaux asociaux



Un étrange incident a troublé cette semaine, à l'assemblée nationale, le débat sur le mariage pour tous : des députés de droite ont fait circuler sur les réseaux sociaux des photos de députés de gauche penchés sur leurs tablettes numériques, s'adonnant à des jeux de société dans l'hémicycle. Je ne sais pas, dans cette triste affaire, qui sont les plus coupables, les photographiés ou les photographes, mais tous contribuent à endommager l'image des parlementaires. Cet épisode qui pourrait paraître anecdotique est, en démocratie, préoccupant ; il atteste d'une dégradation des moeurs parlementaires, qui nuit à l'esprit de la République.

Certes, le Parlement en a vu d'autres, et de pires ! Quand les députés s'insultaient copieusement sous la Troisième République, était-ce moins condamnable ? Oui, parce que la passion excuse beaucoup de choses. En revanche, l'usage ludique de la tablette numérique prouve chez certains députés une négligence, un désintérêt, un ennui qui sont forcément répréhensibles. On a toujours connu d'éminentes figures du Parlement rédiger leur courrier ou lire le journal pendant de non moins éminents débats. Mais au moins se consacraient-elles à une activité, lecture de la presse ou rédaction du courrier, qui a son utilité en matière de service public. Le scrabble, non.

A vrai dire, le déplorable incident de cette semaine est révélateur d'un laisser aller général, d'un relâchement des manières qui affectent une partie de la classe politique, nationalement comme localement. Désormais, dans les réunions ou au restaurant, tout le monde (mais pas moi) a son téléphone mobile devant lui et en fait usage, en dépit de la politesse et de la sociabilité (je mets bien sûr de côté les nécessités professionnelles, qui sont rares). Et que font-ils tous avec leur bidule ? Ils tirent la langue de plaisir à la moindre petite information nouvelle, ils sont tout contents d'être les premiers à l'annoncer, ils rient de ce qu'ils croient être drôles.

Mais surtout, au fond d'eux-mêmes, ces politiques et ces élus, je crois qu'ils s'emmerdent et que le play mobile et la tablette de chocolat viennent les sortir de cette torpeur qu'est parfois la politique. Ils se savent plus ou moins les marionnettes d'un système qui les dépasse, les ficelles étant tirées par d'autres, et ils s'en jouent en jouant, instinct de survie comme un autre, réaction de légitime défense. Je pourrais presque leur pardonner, s'ils n'étaient mandatés et indemnisés par le peuple, qui attend d'eux d'autres manières de le servir.

Quand je les vois à la tribune, certains mâchouillant un chewing-gum, d'autres baillant aux corneilles, lâchant une blague vaseuse ou bien regardant du bout de leurs chaussures jusqu'à la hauteur du plafond, je me demande ce qu'ils font là. Je sais bien que la politique consiste à attendre qu'une place quelque part se libère, mais ce n'est pas une raison pour manquer de tenue. Les citoyens vous observent, nom d'une pipe ! Quand on est de gauche, il faut, en plus, éviter les grosses bagnoles, les sapes voyantes et les restos chics (avec la droite, on est moins exigeant), et à Saint-Quentin, faire gaffe à tout ce qui a trait à la bibine.

Si des personnages comme Jean Jaurès, Léon Blum, Pierre Mendès-France ou François Mitterrand ont su se faire aimer du peuple de gauche, c'est qu'ils savaient se tenir en public, quoi qu'on pense de leur action politique. Ils avaient les manières et le langage. Qu'on ne s'y trompe pas : les plus pauvres sont sensibles à ces choses-là, ils n'acceptent pas qu'on se présente à eux n'importe comment. Politique et politesse ont la même racine étymologique. Les riches se moquent qu'on les respecte ou pas : avec l'argent, ils ont tout ce qu'ils veulent. Mais les pauvres font attention, il n'y a bien souvent que le respect qui puisse leur redonner un peu de dignité.

Si je suis tête de liste aux élections municipales à Saint-Quentin, j'interdirai pendant la campagne, dans les réunions de travail, téléphones mobiles et tablettes numériques à usage personnel (je ne sais pas si cette résolution va m'aider à être désigné, mais tant pis). Dans un effort collectif, surtout politique, on ne doit pas autoriser le narcissisme, le divertissement, la paresse et l'insociabilité. Personne n'oblige à faire de la politique, à mener campagne, à figurer sur une liste. Mais quand on a fait ce choix-là, on s'abstient de tout relâchement personnel. Qu'on se le dise ! Pourquoi permettrait-on à des adultes ce qu'on défend à des enfants, autour de la table familiale ou dans les établissements scolaires ?

vendredi 8 février 2013

Le hasard et la vérité









Mardi matin, j'ai animé au centre social de Guise un atelier philo autour de la question : Faut-il croire au hasard ? (vignette 1). Jeudi soir, c'était le café philo de Saint-Quentin, à la Brasserie du Théâtre, sur le thème : Est-il vrai qu'on nous cache la vérité ? dans un décor très "Droit de réponse" de Michel Polac (vignettes 2,3,4), avec la présence d'élèves de Seconde, que j'initie dès ce niveau à la philosophie, au lycée.

jeudi 7 février 2013

Nous n'irons plus chez Henri



La fermeture de la pâtisserie Henri à Saint-Quentin n'est pas une simple liquidation judiciaire comme il y en a beaucoup : c'est un monde qui disparaît, une civilisation que nous ne reverrons plus, un bouleversement de société. Je ne force pas sur les mots : la fréquentation de cet établissement réputé renvoyait à un mode de vie, une conception de l'existence, un état des moeurs qui n'ont plus cours. Il nous en reste aujourd'hui le souvenir et la nostalgie. J'en sais quelque chose, puisque le dessert est l'une de mes religions, et le métier de pâtissier ma vocation initiale, avant de tomber dans la marmite de la philosophie.

Henri, c'était d'abord une esthétique avant d'être une gourmandise, c'était un décor, une ambiance, des couleurs (celles des bonbons surtout !), des miroirs qui poussaient les murs, des peintures à l'ancienne, un univers magique qui plaisait autant aux adultes qu'aux enfants, une sorte de petit palais. Henri, il fallait y aller, regarder et sentir, avant même de consommer. "L'appétit vient en mangeant", paraît-il. Pas chez Henri, où l'on avait faim rien que par la vue et l'odeur, rien qu'en passant devant la vitrine. Etait-ce d'ailleurs vraiment une faim ? Non, plutôt une envie de dégustation. Henri, comme toute pâtisserie de ce genre, c'était le raffinement. Quand vous sortiez, encombrés de gâteaux dans leur emballage rose, on venait vous ouvrir la porte. Plus jamais personne ne viendra nous ouvrir la porte quand nous sortirons de chez un commerçant.

Mais Henri, était-ce un commerce ? Non, pas au sens d'un lieu de vente, où l'on va et part : c'était une institution, un temple, un havre de paix, grâce à son salon de thé, dont les pâtisseries modernes se sont hélas débarrassées. Henri, c'était l'ancien monde où l'on prenait le temps de s'arrêter, de s'asseoir, de rester une heure à ne rien faire, sinon à se livrer au plaisir d'un éclair au chocolat ou d'une religieuse au café (en ce qui me concerne). Si le mot de plaisir a un sens, c'est à la pâtisserie Henri, et nulle part ailleurs, même dans un lit. Ici, le temps ne s'écoulait pas de la même façon, au même rythme que dans le monde extérieur. Henri, c'était un peu une image du paradis. L'été, aux premières grandes chaleurs, Henri sortait, installait sur le trottoir un petit matériel à glaces et à sorbets.

Et puisque je parle de paradis, il me faut évoquer la dimension spirituelle de l'établissement, très fréquenté par les catholiques pratiquants, surtout le dimanche, à la sortie de la messe. Henri vivait dans la proximité de la basilique. On ne peut pas les dissocier. Après avoir prié et communié, après avoir échangé sur le parvis, une partie du peuple de Dieu se rendait traditionnellement dans la pâtisserie. A la suite des nourritures spirituelles, place aux nourritures terrestres. Jésus demandait à ses disciples d'être "le sel de la terre" ; Henri, c'était le sucre. Je n'y vois pas de contradiction théologique : conformément aux Evangiles, il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu, et à Henri ce qui revient à Henri. C'est une belle idée qu'après la cérémonie de repentance, l'effacement des péchés, l'homme nouveau dont parle saint Paul dans ses épîtres puisse se livrer à des réjouissances humaines et chocolatées, dans l'innocence que lui a provisoirement rendue le pardon et l'absolution de la liturgie. En avoir fini avec les péchés capitaux autorisait à s'adonner au péché mignon, péché de crème, non pas péché de chair.

Henri, c'était aussi une pâtisserie qu'on qualifiait de "bourgeoise", mais sans connotation désagréable, sans haine de classe. Bourgeoise parce que les bourgeois du dimanche qui vont à l'église, mais aussi ceux de la semaine, s'y rendaient, s'y retrouvaient un peu comme chez eux, dans un salon aménagé. Pourtant, le peuple pouvait les rejoindre (la preuve, j'y allais !). Henri, c'était bourgeois dans le style, pas dans le prix. L'achat de pâtisseries, c'était un geste délicat, pas très coûteux, tout le monde, quelles que soient les origines et la situation sociale, pouvait s'offrir le luxe de revenir chez soi avec un petit paquet en forme de pyramide qu'il fallait transporter par le ruban frisotté (et sans l'aide d'un horrible scotch, comme je le constate tristement chez certains "boulangers-pâtissiers") ou bien une jolie boîte qu'on tenait dans le plat de la main. Car Henri, ce n'était pas Auchan, où les prix sont cassés mais qui nous laisse sans argent à chaque virée. La pâtisserie de centre ville appartenait à un monde d'avant la société de consommation. Chez elle, bourgeoisie et peuple s'y croisaient, s'y côtoyaient et le peuple pouvait s'y sentir un peu bourgeois. Mais aujourd'hui, en quel endroit une telle rencontre est-elle permise ? A Auchan, ce n'est pas sûr ... Henri, c'était la classe, au deux sens du terme !

Nous n'irons plus chez Henri, nous n'en reviendrons plus avec les deux desserts qui avaient ma préférence : L'Axonais, en chocolat, dont la forme du département m'a toujours fait penser à une empreinte de pied (et pas un profil de betterave !) ; le Confidence, tout rond, avec son plastique autour, pour faire tenir la mousse de framboise. Est-il possible qu'eux aussi, nous ne les reverrons plus ? Comment peut-on affronter la tristesse des dimanches sans Axonais et sans Confidence? Après tout, de grands empires, au sommet de leur civilisation, ont disparu et l'humanité a survécu, inventant de nouvelles formes d'intelligence, d'art et de raffinement. Nous n'irons plus chez Henri, mais il ne faut pas désespérer des hommes : la vie continue.

mercredi 6 février 2013

Le pire des régimes, etc



Le dernier Spielberg, "Lincoln", est d'une facture très classique, très académique, par moments un peu long, un peu "théâtre filmé", parfois ennuyeux. Mais c'est une formidable réflexion politique sur la démocratie, "le pire des régimes, à l'exception des autres", c'est bien connu. Au XIXe siècle, l'Amérique est un pays de voyous et de fanatiques religieux qui bricole un système démocratique. Aurait-on imaginé qu'il devienne en quelques décennies la première puissance au monde, exportant sur toute la planète ses produits et ses armées ? Lincoln, à l'époque, n'est surtout pas un grand homme. Et pourtant, c'est un génie politique.

Nous sommes en pleine guerre de Sécession, un conflit horrible, sans compromis possible, des morts et des blessés comme on n'en n'avait jamais vu, la volonté d'anéantir l'ennemi : Spielberg filme superbement Lincoln traversant à cheval un champ de bataille, véritable charnier. Il veut la paix, tout le monde, nord et sud, veut la paix. Mais Lincoln veut plus : l'abolition de l'esclavage, qui ne gêne pas trop alors la plus grande démocratie du monde. Son coup de génie, c'est de laisser croire (il faut savoir mentir en politique) que cette abolition entraînera la fin de la guerre, alors que les confédérés sont à genou, prêts à se rendre.

Pour parvenir à ses fins, c'est-à-dire obtenir un vote au Congrès, le grand Lincoln va se compromettre dans de petites manoeuvres : acheter les quelques voix qui feront basculer en faveur de l'abolition. Hier comme aujourd'hui, pour mettre un élu dans sa poche, il faut lui promettre une place, lui faire miroiter une indemnité. Et ça marche ! Les plus idéalistes (il y en a quand même) mettent de l'eau dans leur vin : ils renoncent à défendre l'égalité des races afin que l'abolition de l'esclavage, mesure moins radicale, puisse être adoptée. Qu'est-ce qui compte en politique, en démocratie ? Les résultats, peu importe les moyens. Lincoln terminera sa carrière plusieurs balles dans le corps. La démocratie est le pire des régimes, etc.

Sur la démocratie américaine et l'esclavage, allez voir aussi le dernier et époustouflant Tarantino : on coupait les couilles des Noirs, ils n'avaient pas le droit de monter à cheval, la religion servait à justifier leur oppression, ...

mardi 5 février 2013

Un chef, vite !



Le Monde du 30 janvier évoque un rapport de Terra Nova sur les "primaires de conquête", c'est-à-dire le dispositif présidentiel des primaires citoyennes adapté aux prochaines élections municipales. Harlem Désir et la direction du parti socialiste encouragent à cette modalité de désignation des têtes de liste, lorsque les situations locales l'exigent. Là où la gauche est dans l'opposition, là où son électorat a besoin d'une forte mobilisation, ces primaires sont recommandées. Saint-Quentin entre tout à fait dans ces critères. Après le renoncement aux alliances avec l'extrême gauche (pratiquement acquis), mon combat politique porte maintenant sur l'organisation de primaires dans la ville. Ce que j'ai fini par obtenir sur le terrain des alliances, pourquoi ne l'imposerai-je pas également au niveau des modalités de désignation de la tête de liste ?

Mes arguments sont imparables. On ne va tout de même se payer le ridicule d'une tête de liste désignée par une vingtaine d'adhérents ! (c'est la jauge mesurée lors de l'élection du secrétaire de section). S'en satisfaire, ce serait bien mal augurer de la dynamique ultérieure, difficilement envisageable dans ces conditions. Sans parler de l'effet "Holiday on ice" : le secrétaire de section avait déclaré à L'Aisne Nouvelle que ses 22 voix auraient pu être améliorées si un adhérent n'était pas allé, le jour du vote, au célèbre spectacle de patinage artistique sur glace à Paris. En effet, à quelques unités près, ne se déplaçant pas pour des raisons privées, le résultat peut être faussé. Lorsqu'il s'agit de se choisir la tête de liste pour les élections municipales, le défaut est de taille. Seul le recours à l'électorat des primaires, qu'on peut espérer à un millier de Saint-Quentinois, rendra le résultat incontestable, avec ou sans patinage sur glace.

Les "primaires de conquête" ont un autre avantage, celui d'obliger les candidats à signer un accord préalable de respect mutuel, qui leur interdit de critiquer publiquement les concurrents. A Saint-Quentin, nous en aurions bien besoin ! Enfin, un parti qui a pour ambition de gérer une ville de 60 000 habitants doit être en capacité d'organiser cette primaire. Sinon, il ne faut pas qu'il espère que les électeurs lui fassent confiance : quand on ne sait pas gérer sa propre boutique, pas la peine de vouloir en gérer une autre, beaucoup plus complexe !

La gauche à Saint-Quentin est un canard sans tête. Il lui faut d'urgence un leader. A défaut, elle perdra une nouvelle fois, la quatrième fois consécutive, les élections municipales. Xavier Bertrand est en campagne ; si le PS ne se donne pas vite un chef, la distance sera trop importante à rattraper. Aujourd'hui, c'est la droite qui occupe le terrain, parce qu'elle a une tête qui est visible, qu'on repère. Qui et quand à gauche ? Le rapport de Terra Nova préconise des "primaires de conquête" les 6 et 13 octobre 2 013. Il propose de les ouvrir à tous les partis de la majorité présidentielle, du MoDem au PCF : j'approuve ces deux modalités, même si, dans l'idéal, je préférerai que les primaires aient lieu avant les vacances d'été, en mai par exemple, pour ne pas perdre un précieux temps. La date dépend du choix et de la volonté politique des sections (mais avez-vous déjà vu un canard sans tête faire preuve de volonté politique ?).

Du point de vue de la méthode et de sa chronologie, je n'ai pas varié depuis la catastrophique expérience de 2 007 : le PS doit d'abord se donner un leader et ensuite réfléchir à son projet. Sinon, ce seront des discutailleries sans fin, pour rien, sans l'arbitrage politique de personne (il en faudra pourtant, sur certains sujets, comme l'avenir de la zone franche, l'utilisation de la vidéo-surveillance, la gestion de l'emploi public au sein de la Municipalité, questions sur lesquelles les opinions entre socialistes peuvent varier). En l'absence de chef déclaré, l'espace médiatique sera occupé par les branquignols de service, Ribeiro 1, Ribeiro 2 et Monnoyer, qui amuseront la galerie et desserviront la gauche dont ils se réclament. Est-ce cela qu'on veut ? Pas moi ! Vivement les primaires, vite un chef !

lundi 4 février 2013

Le nerf de la guerre



C'est quoi, en politique, le nerf de la guerre ? L'argent, bien sûr, comme partout ailleurs, mais pas tant que ça : dans une société hyper-médiatisée, le nerf de la guerre, c'est la communication. On aime ou on n'aime pas, mais quand on fait de la politique, il faut en passer par là. Ca tombe bien : j'aime ! Et je ne suis pas le seul : le maire de Saint-Quentin aussi, à lire le Courrier picard d'aujourd'hui, à travers un article d'Alice Meunier. Xavier Bertrand est multimédias, et les élections municipales ne sont jamais très loin. Normal : le nerf de la guerre ne sert qu'en situation de guerre.

La métaphore militaire, un peu rude, m'a été inspirée par le titre de l'article : "Xavier Bertrand sort ses armes de communication massive". Et à le lire, on sent que ça va faire mal. Télévision, site internet, publications diverses, opérations sur le terrain (le quartier saint-Jean cette semaine), c'est la grosse artillerie. Si la gauche, pour seule riposte, sort les pistolets à eau et les sarbacanes à boulettes, je ne donne pas cher de sa peau. Peut-on reprocher à Xavier Bertrand ce qu'il fait en matière de communication ? Pas plus qu'on ne peut reprocher à un général de préparer ses armées au combat. Et puis, les grandes villes détenues par la gauche font pareil ...

Il faut que la gauche locale, elle aussi, se lance dans la communication, à son niveau, dans la mesure de ses moyens. Candidat aux municipales, j'ai évidemment quelques idées, très simples à mettre en place. Puisqu'il est question de nerf de la guerre, il faut, en communication, une gauche beaucoup plus nerveuse, réactive, qui crée l'évènement plutôt qu'elle ne le subit. Si je suis choisi tête de liste, je vous promets qu'on ne s'ennuiera pas : ce sera une campagne avec des étincelles !

En faisant quoi, concrètement ? Je réponds : d'abord, il y a le b-a ba, le tout venant de la com', communiqués de presse, points réguliers avec les journalistes, organisation de manifestations publiques. Il y a aussi l'écrit : il faudra, à la liste municipale de gauche, une publication digne de ce nom, pas une feuille de chou dans laquelle même les poissons et les salades n'aimeraient pas qu'on les emballe. La télé, ce n'est pas dans nos moyens, mais l'internet, les réseaux sociaux, oui, complètement ! Un blog électoral musclé, sans mauvaise graisse, voilà ma préconisation. La politique, ce n'est pas que le nerf de la guerre, c'est aussi la guerre des nerfs ...

Comme je suis impatient (personne n'est parfait), je tente des coups. Ainsi, j'ai essayé un mini-putsch (raté) auprès du rédacteur en chef de L'Aisne Nouvelle, pour m'emparer de la tribune politique qui revient normalement aux socialistes, mais dont ils ne font rien depuis des années. La communication commence par là ; sinon, c'est même pas la peine d'y penser ...

Le nerf de la guerre exige un centre nerveux, d'où partent les impulsions. Dans la campagne électorale qui se prépare, je choisirai une madame (ou monsieur) Macarez (de gauche) pour centraliser la com' : il faut que la presse n'ait qu'un seul interlocuteur, sinon c'est le gros bordel, dont la gauche locale s'est fait une spécialité depuis plusieurs années, chacun communiquant dans son coin, sans aucune cohérence d'ensemble (et pour cause !). Mon programme : arrêt immédiat de la bordélisation de la gauche. Après, juste après, on pourra s'attaquer à la droite et espérer gagner. Sinon, ce sera bonne nuit les petits, faites de mauvais rêves, la tête enfouie dans ce que nous déversera le marchand de sable ! Allez la gauche saint-quentinoise, debout, redresse-toi, du nerf, que diable !