samedi 30 novembre 2013

Qui fait le jeu de qui ?



A la lecture de L'Aisne Nouvelle d'aujourd'hui, je suis consterné. La gauche locale a-t-elle vraiment envie de gagner les prochaines élections municipales ? On ne dirait vraiment pas ... Les socialistes accusent le PCF de faire "le jeu de la droite", en réaction à un tract sur la réforme des rythmes scolaires, dans lequel les communistes accusent le PS de faire le "jeu de la droite" ! Au petit jeu du "c'est pas moi c'est l'autre", tous les deux seront les perdants. Avec un FN en embuscade et une UMP très bien implantée, c'est affolant d'inconscience. On a le sentiment que la défaite est déjà programmée et que les uns et les autres s'en renvoient par anticipation la responsabilité, prenant dès maintenant date. C'est évidemment du plus mauvais effet auprès de l'opinion.

Jacques Héry, n°3 sur la liste socialiste, va très loin, sort du débat strictement politique pour énoncer de sombres accusations de "collusion" et d'"accords tacites" entre le PCF local et la droite, qui remonteraient aux années 80 (sic), étayant son propos par de soi-disant preuves matérielles. Autant vous dire que je me désolidarise complètement de ces allusions qui nous conduisent au casse-pipe : après ça, comment rassembler au second tour, comment réunir socialistes et communistes ? Ca me semble bien difficile ... Mais qui croit qu'il y aura un deuxième tour ? Dans mon billet d'avant-hier, je dénonçais les "débordements préjudiciables" qui pourraient naître de la concurrence locale entre PS et PCF. Je ne croyais pas si bien dire, hélas : après les déclarations de Jacques Héry, ce n'est plus un débordement, c'est l'inondation et la noyade.

Peut-on échapper à la défaite programmée ? Je pense que oui. En politique, rien n'est perdu d'avance, pourvu que la raison l'emporte et que la volonté fasse le reste. J'aimerais rappeler quelques principes, une sorte de halte au feu pour ramener le calme :

1- Il est regrettable que le PS et le PCF partent séparément à cette élection. Je l'ai déploré dès le début, j'aurais aimé que mon parti fasse montre d'une ambition plus unitaire. Quand on est au gouvernement, on a un devoir de rassemblement, même face à des partenaires pas faciles (mais ils ne l'ont jamais été, et c'est peut-être tout à leur honneur). Toujours est-il que la division est là et qu'il faut faire avec. Mais la responsabilité, comme je l'ai écrit dans mon billet de jeudi, est collective. On ne saurait l'imputer aux uns ou aux autres.

2- Par rapport aux communistes, nous devons être dans un débat fraternel, une confrontation d'idées, comme j'ai essayé de le faire en répondant point par point à leur critique de la réforme des rythmes scolaires. Mais les accusations personnelles, les insinuations gratuites, l'injuste procès fait aux communistes saint-quentinois, non, JAMAIS ! Sur ce blog, à plusieurs reprises et depuis longtemps, j'ai dit le respect et l'estime que j'avais pour eux, qui sont de ma famille, tout social-démocrate que je suis. Avec eux, je partage d'identiques valeurs, même si nos lignes politiques sont très différentes, et sur certains points radicalement opposées.

3- Entre socialistes et communistes, dans les prochains mois de campagne, il faut une sorte de gentlemen agreement, une concurrence loyale, un respect mutuel. Sinon, ce sera la catastrophe électorale. Il faut se rencontrer, établir les points de convergence, et pour le reste, laisser les électeurs se prononcer lors du scrutin. Et puis, par dessus tout, il faut très vite en venir aux idées, aux propositions, aux projets, tourner la page des polémiques et des divisions. Quant à mes camarades socialistes, il faut qu'il maîtrise leur politique de communication (un des points que j'avais fortement souligné lors de la campagne de désignation de la tête de liste) : parce que là, ça part dans tous les sens.

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