mercredi 18 décembre 2013

Projets en attente



Après avoir décrit dans mon billet d'hier l'ambiance et les échanges de la dernière séance du Conseil municipal, je veux revenir aujourd'hui sur le fond, dans la perspective des prochaines élections municipales. A droite comme à gauche, les projets sont en attente, et présentés en janvier. Seul le parti communiste a donné les grandes orientations de son programme. Dans mon billet du 14 novembre, Des projets pour notre ville, j'ai proposé quelques pistes de réflexion et des propositions. J'y reviens donc, en toile de fond du Conseil municipal.

Xavier Bertrand a affirmé que la question principale de la campagne serait fiscale : augmenter ou pas les impôts locaux. Non, la question principale sera dans les projets futurs. L'outil fiscal est un moyen, ce n'est pas une fin en soi. En revanche, ce qui est vrai, c'est que chaque liste devra se déterminer clairement par rapport à la pression fiscale : stop ou encore ? Pour le maire de Saint-Quentin, c'est stop, depuis longtemps. Mais il a prétendu, avant-hier, que pour la tête de liste PS [Michel Garand], c'était encore, en faisant référence aux propos de ce dernier dans L'Aisne Nouvelle. Ces propos, les voici, très précisément (L'Aisne Nouvelle du 24 juin 2013) :

- Pour financer votre politique, augmenterez-vous les impôts ?
- Si possible non.
- Si possible ? Vous ne le garantissez donc pas ?
- On ne peut pas offrir de garantie complète lorsqu'on est confronté aux réalités
.

Les propos de Michel sont donc clairs : contrairement à ce qu'affirme Xavier Bertrand, il ne prévoit pas une augmentation d'impôts, mais il assortit son choix d'un bémol, d'une réserve : la condition de faisabilité. Ce n'est pas une incertitude ou une hésitation, mais de la prudence.

Pendant le Conseil municipal, Jean-Pierre Lançon a résumé sa position sur la question par une formule, plusieurs fois répétée : Non à l'augmentation des impôts, oui à l'impôt utile. Le début de phrase a le mérite là aussi de la clarté : la gauche n'augmentera pas les impôts ! En même temps, le deuxième segment peut prêter à ambiguïté, si l'on cherche à pinailler (mais la politique exige les mots justes, sans ambivalence) : si l'impôt est utile (ce dont personne ne doute, et il est même indispensable), pourquoi ne pas éventuellement l'augmenter ? Augmentation possible ou utile, attention mes camarades, Xavier Bertrand est la grosse bête qui cherche la petite bête !

Pour ma part, interrogé par L'Aisne Nouvelle le 25 juin 2013, dans le cadre de la campagne interne pour la désignation de la tête de liste socialiste, j'avais répondu ceci :

Pas de hausse d'impôts. C'est un engagement de campagne et ce sera le seul point non négociable ! A Saint-Quentin, il ne faut pas augmenter les impôts car la population est défavorisée. Je préfère renoncer ou revoir à la baisse un grand projet plutôt que de grever le pouvoir d'achat des Saint-Quentinois.

Dans mon billet d'hier, j'ai souligné une évolution significative de la politique municipale : la fin des grands projets, du moins seront-ils revue à la baisse, ce qui se fait déjà sentir avec le ralentissement de la réhabilitation du quai Gayant. Pierre André l'a justifiée par la réduction des dotations d'Etat et l'impossibilité de recourir à l'impôt. Depuis 1995, l'aura de la droite locale, et ses bons résultats aux élections, viennent de sa capacité à mettre en place de grands travaux, en allant chercher les subventions nécessaires. C'est cette politique qui a changé le visage de Saint-Quentin et rendu populaire l'équipe en place depuis 18 ans. Après deux mandats, cette politique-là ne sera plus la même. Pour la gauche aussi, la réalité s'impose.

Mais la fin des grands projets n'est pas la fin de tout projet, qui n'ont pas à être forcément grandioses. En tout cas, une page est bel et bien tournée pour les uns et pour les autres. Ce qui oblige la gauche et la droite à redoubler d'imagination pour continuer à proposer ... sans trop coûter. Dans mon billet du 14 novembre, j'avais évoqué la possibilité de faire venir le tramway à Saint-Quentin. C'était pour provoquer, au bon sens du terme, le débat, sortir de la guerre de tranchées ou des attaques personnelles. Pierre André m'a confié y avoir songé les premières années de son mandat, puis avoir renoncé à cause du coût.

Dans le domaine du faisable, il y a, toujours et encore, la redynamisation du centre-ville. Dans mon billet du 14 novembre, j'avais proposé d'occuper le grand vide de la place de l'Hôtel de Ville par une structure muséale, un centre de culture et d'histoire notamment dédié à l'art déco. L'objectif : consacré l'hyper-centre au développement du tourisme, en s'appuyant sur notre patrimoine exceptionnel. Xavier Bertrand a exprimé une intention très proche, en soulignant qu'il y avait un déficit de la ville en matière touristique, que les courts et moyens séjours pouvaient être multipliés.

A propos de la Plage de l'Hôtel de Ville et du Village de Noël, Xavier Bertrand a soutenu à plusieurs reprises que Jean-Pierre Lançon voulait les supprimer. Non, je n'ai rien entendu ou lu de tel. Ce qui est vrai, c'est que la Plage, au début de son installation il y a une quinzaine d'années, a suscité les critiques et l'ironie de certains à gauche (pas moi). Mais ni dans le programme de 2001, ni dans le programme de 2008 ne figurait sa suppression. En ce qui me concerne, comme je l'ai écrit le 24 novembre, je souhaite leur déplacement : la Plage dans le quartier Europe, le Village sur la place du Marché (dans la perspective d'une place de l'Hôtel de Ville occupée en partie par un centre culturel, artistique et historique).

Je crois que ces précisions, ces rappels et ces mises en perspective peuvent être utiles pour le débat autour des projets municipaux, qui ne saurait maintenant tarder.

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