dimanche 13 avril 2014

Boudin, l'éternel retour



Le philosophe allemand Frédéric Nietzsche défend une étrange théorie : celle de l'éternel retour. Ce n'est pas bête : tout revient sans cesse, les jours, les semaines, les mois, les saisons, l'existence humaine elle-même est un éternel recommencement. A Saint-Quentin, c'est aussi le retour, chaque année, de la Saint-Denis, des fêtes du Bouffon, de la Saint-Fiacre (je ne peux pas tout citer) et, aujourd'hui, de la foire au Boudin, dont je vais vous parler, comme je l'ai fait les fois précédentes, comme je le ferai les fois suivantes. L'éternel retour ...

L'inauguration commence toujours en fanfare (vignette 1), puis c'est le ruban qui est coupé par Monsieur le Maire, sauf qu'il n'est pas tricolore et qu'on peut le manger, puisque c'est un chapelet de petits boudins noirs (vignette 2). Xavier Bertrand fait ensuite la distribution à ses proches (géographiquement ou politiquement) : Thomas Dubedout, Hervé Halle, Marie-Laurence Maître, Jérôme Lavrilleux (de gauche à droite, c'est-à-dire de droite à droite).

A l'intérieur, le Grand Maître de la Confrérie, Gérard Caudron, repérable à sa toge bleue et à son bâton, ouvre la cérémonie (vignette 3). Deux charmants cochons flottent dans l'air, en toile de fond : ce sont les seuls à ne pas finir en boudin. Jean-Paul Lesot, en sa qualité de Bouffon officiel de la Ville, annonce les festivités de mai, vantant les mérites des majorettes, "du beau matériel", selon ses termes (y a-t-il une féministe dans la salle ? Visiblement non, puisque je n'ai entendu aucun cri).

Depuis quelques années, les intronisés étaient choisis parmi les personnalités civiles, généralement le monde associatif. Avant, c'était chez les élus : du coup, comme souvent avec la politique, le choix était délicat, sujet à polémique et à fâcherie. Cette année, une nouvelle règle a été adoptée : les quatre plus jeunes élus du nouveau Conseil municipal. Le hasard et la nature font bien les choses : l'UMP, le PCF, et le FN sont représentés. Mais le hasard et la nature ne font pas complètement bien les choses : les socialistes sont les cocus de l'affaire. L'an prochain, peut-être que ce seront les quatre plus âgés ? Est-ce que le PS aura alors ses chances (je n'ai pas fait mes calculs) ?

Sur scène, on remarque Xavier Bertrand tout à côté de Jérôme Lavrilleux, affichant une parfaite entente. Juste derrière eux, Freddy Grzeziczak et Frédéric Alliot, grands tous les deux, font penser à des gardes du corps : la gauche qui veille sur la droite, c'est beau. Devant, un joli couple de trentenaires intronisés : Frédérique Macarez et son sourire, Olivier Tournay et son chapeau. Les deux vedettes, ce sont eux, ils le savent, ils sont heureux (vignette 4).

Pas très loin, le jeune du FN est un peu oublié, mais pour ne pas se faire oublier, il affiche le pin's à la flamme de son parti, qui est aussi le symbole du Mouvement social italien, parti néo-fasciste (ce n'est pas parce que je suis là pour le boudin que je dois me priver de rappeler ce fait). Corinne Bécourt, secrétaire de section du PCF, est d'autant plus contente qu'elle a eu droit, hier, au journal de 20h de France 2, à une brève intervention, lors de la manifestation contre la politique du gouvernement (décidément, c'est la foire au boudin, mais c'est pas la fête aux socialos ...).

Donnant à son étrange théorie une dimension morale, Frédéric Nietzsche explique qu'il nous faut vivre chaque moment de notre vie comme si nous devions le revivre éternellement. C'est là où je ne suis pas trop d'accord avec lui : parce que si je dois subir à Saint-Quentin l'éternel retour des victoires de la droite et des défaites de la gauche, ce n'est pas une vie ... de socialiste. Mais le retour du boudin, oui, avec plaisir et délectation. A l'an prochain !

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