samedi 5 avril 2014

Des Verts et des pas mûrs



Le seul problème des Verts, c'est celui de leur maturité politique. Ils ont du mal à intégrer une culture de gouvernement. Ce n'est pas leur départ qui me gêne (quoique il aurait été mieux, pour la majorité parlementaire et présidentielle, qu'ils restent), c'est la raison qu'ils en donnent : une affaire purement personnelle, l'image de Manuels Valls. Qu'on puisse partir sur un désaccord politique, ça se comprend. Mais là, pas de changement de cap : le nouveau Premier ministre est dans la ligne de ce qui s'est fait avant, qui a été assumé et soutenu par EELV. Si la social-démocratie ne leur convient pas (ce que je peux admettre), il ne fallait pas y entrer en 2012. La maturité politique, c'est la cohérence et le refus des paramètres personnels.

La maturité politique, c'est aussi la prise de responsabilité, sachant qu'on n'est jamais d'accord sur tout, qu'il faut bien transiger sur certains points. Manuel Valls et François Hollande étaient prêts à faire de beaux cadeaux aux écolos : n°2 du gouvernement, ministère de l'écologie élargi, avec en prime une part de proportionnelle aux élections législatives et des engagements sur certaines réformes. Il faut vraiment être fou, c'est-à-dire immature, pour refuser ! En politique, il y a des propositions qui ne se refusent pas. A moins de cultiver l'esprit protestataire, de se sentir mieux dans l'opposition que dans la majorité.

Dernier signe d'immaturité politique des Verts : la bureaucratisation de leur organisation, qui va de pair avec un basisme forcené. La décision de ne pas participer au nouveau gouvernement n'a été prise que par quelques personnes, en bureau exécutif. Les parlementaires étaient favorables au maintien. Mais chez les Verts, l'élu, le représentant du peuple a peu de poids face à l'appareil et à sa base. A la limite, je me demande s'ils ne se méfient pas de la démocratie représentative, lui préférant la démocratie directe. Aujourd'hui, en Conseil fédéral (qui n'a plus grand chose à discuter puisque la décision a été prise), Cécile Duflot a eu cette formule, dont je ne sais pas si elle procède d'un comique involontaire ou pas : "Je continue plus que jamais de défendre le principe de participation à un gouvernement". C'est pourquoi elle en est partie ...

Dans la perspective d'une reconstruction de la gauche, il est impensable que les Verts n'en fassent pas partie. Ils ont beaucoup à apporter, ils représentent une sensibilité politique, ils abordent des questions cruciales. Mais sans maturité politique, ils ne peuvent rien faire et on ne peut rien faire avec eux. A Saint-Quentin, Nora Ahmed-Ali a quitté les Verts. Il va bien falloir maintenant que la gauche se tourne vers celle qui les représente, Michèle Cahu, conseillère régionale de Picardie. Malgré le malentendu des municipales, il faut tourner la page, passer à autre chose. Le problème de la maturité politique, finalement, se pose à tout le monde. Ne pas être mûr pour certains changements, indispensables, après défaite, c'est ne pas être mûr pour une prochaine victoire.

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