lundi 14 avril 2014

Revue de presse



Je crois fondamentalement au pluralisme de la presse, qui est au fondement de la République. Il est aujourd'hui menacé, non pour des raisons politiques ou idéologiques, mais budgétaires et financières. Pourtant, à chaque fois qu'un journal se crée, c'est une chance supplémentaire pour la démocratie, un événement à saluer, en espérant que l'entreprise sera fiable et durable sur le plan économique.

Au niveau national, un nouvel hebdomadaire vient de naître, au concept très original. Son titre : Le un. Une seule page, mais énorme, pliée en six, à lire recto verso, avec un seul sujet (pour le premier numéro : la France fait-elle encore rêver ?), traité par des intellectuels de toutes disciplines. Cette expérience prouve que l'innovation, la créativité sont encore possibles en matière de presse, qu'on n'est pas obligé de reproduire les modèles du XIXe siècle (qui ont déjà beaucoup changé).

A Saint-Quentin, dans un genre plus traditionnel, un hebdo a été lancé il y a 15 jours, St-Quentin Mag, qui a la particularité d'être gratuit. Par le passé, ce genre de tentative n'avait pas duré. Mais là, nous sommes dans un format et un contenu qui font très "journal", contrairement aux parutions précédentes. Les fondateurs, Eric Leskiw et Bertrand Duchet, m'ont proposé de participer à la rédaction, sous forme d'une chronique au titre moscovite (mais c'est un clin d'oeil !). J'ai dit oui, comme j'aurais dit oui à L'Aisne nouvelle ou au Courrier picard s'ils m'avaient demandé. Bien sûr, j'ai exigé un gros chèque, une rétribution conséquente, un tarif élevé : la liberté totale, absolue et sans condition ! C'est ma seule richesse, que je tiens à faire prospérer, mon placement d'avenir.

En matière de contenu, ce sera un peu le prolongement de ce blog, mais en plus concis, plus ramassé, un regard décalé sur l'actualité locale, quelques réflexions et anecdotes. Les réactions des lecteurs décideront de la suite et du style ; mais j'ai en tête de faire une rubrique à la façon de la deuxième page du Canard enchaîné, un mélange d'informations inédites et de remarques amusées. Cette petite aventure me permettra d'élargir mon lectorat, que j'estime actuellement à environ 200 personnes par jour : avec 20 000 exemplaires diffusés de St-Quentin Mag, j'entre dans une autre dimension. Et puis, un blog, on fait le choix d'y aller, ça ne peut toucher qu'un nombre restreint de personnes déjà motivées, les happy few. Une édition papier permet d'accrocher des curieux, des nouveaux, un public plus populaire ... Les premières réactions qui me sont remontées sont en tout cas très positives. C'est un encouragement.

Je ne crois pas non plus que la concurrence en matière de presse pose un vrai problème. D'abord, y a-t-il vraiment concurrence ? Chaque support a son style, son secteur, ses préoccupations, son identité, son originalité. Je vois plutôt une complémentarité entre tous. De même, l'internet, les sites, les blogs ne concurrencent pas, au sens négatif du terme, la presse écrite. Quand la télévision est apparue, on pouvait penser qu'elle ferait disparaître la radio, à qui il manquait l'image : mais non, la radio a su s'adapter et perdurer.

La concurrence a ceci de bon, dans la presse comme dans la vie, c'est qu'elle permet de donner le meilleur de soi-même. Au fond, ce qui compte, ce sont les lecteurs, leur jugement et leur nombre. Quant aux journaux gratuits, s'ils ne sont pas lus, pas intéressants, ils échouent, les annonceurs n'y reviennent plus : la gratuité n'est pas une garantie ni une condition de succès. Il n'y a pas de secret : la presse ne marche que si elle trouve bien sûr de l'argent, mais surtout des lecteurs.

2 commentaires:

Papi 2 a dit…

Mais où trouve-t-on cette perle rare ? Je veux parler de Saint-Quentin Mag. Cordialement.

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne sais pas si c'est une perle, mais elle n'est pas rare. La liste des diffuseurs est sur le site : sqmag.fr