mardi 19 août 2014

Harlem délire



J'écrivais hier que Nadine Morano était l'adversaire rêvé pour un militant de gauche, tant elle est la caricature de la femme de droite. C'était après sa saillie xénophobe d'hier sur son blog. J'avais tort : il y a au moins un socialiste en France qui "comprend" Morano, et non des moindres puisqu'il s'agit de l'ancien patron du parti, Harlem Désir. Celui-là n'en rate pas une. Pour le fondateur et leader historique de SOS Racisme, il faut quand même le faire !

J'ai connu Harlem dans son époque flamboyante, nous sommes de la même génération : je ne le reconnais plus, depuis quelques années déjà. Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Je l'ai expliqué, sans savoir ce qui allait se produire aujourd'hui, dans mon billet de dimanche : la forte personnalité qu'il a été dans les années 80 a été usinée, limée, lissée, formatée par l'appareil politique, il est devenu un apparatchik incolore, inodore, sans saveur, avec des prudences de conseiller général et une soumission de secrétaire de section. Aujourd'hui, il contredit, à ma stupéfaction, trente ans de combat antiraciste.

Valérie Pécresse, UMP pourtant, a dit ce matin à la radio ce qu'il fallait dire, ce que Désir a été incapable de dire : chacun est libre de s'habiller comme il veut quand il se promène sur une plage. Nadine Morano n'a reçu qu'un seul soutien, les fachos du FN, en toute logique (ces salauds veulent carrément interdire les signes religieux dans tout l'espace public : et pourquoi pas dans l'espace privé, tant qu'ils y sont ? On appelle ça un régime totalitaire).

Il faut redire, à l'occasion, tout le mal qu'a pu faire la loi Chirac de 2004 interdisant les signes religieux à l'école. Jusqu'à cette date, l'initiative était laissée aux enseignants de réagir avec intelligence, bon sens et respect des enfants. Jamais les fondateurs de l'école publique, jamais nos grands ancêtres laïques n'avaient proposé ni même imaginé une telle loi, à mes yeux discriminatoire, même si elle ne l'est pas dans sa lettre. Très vite, tout ce que notre pays compte de racistes, xénophobes, intolérants et haineux se sont engouffrés dans la faille ouverte par la loi, en demandant son élargissement à tout l'espace public, en contradiction avec l'esprit de la République, qui garantit la liberté religieuse, inscrite dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Harlem Désir ne sera plus désormais pour moi qu'un beau et ancien souvenir.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

l homme a changé mais les problématiques aussi .
sos racisme ce n'était pas une lutte contre une intolérance religieuse mais surtout sur des différences physiques. on parlait de couleur, En 84 c'était touche pas à mon pote parce qu'il est noir , en 2014 se serait touche pas à mon pote parce qu il est musulman
le voile fait davantage peur au citoyen en 2014 que la couleur de la peau.

Anonyme a dit…

Vous dites quelque part , en république on s'habille comme on veut ...
Et bien non , le nudisme forme d'habillement négatif est plus réglementé qu'en ALLEMAGNE par exemple ; de même de nombreuses communes touristiques ont pris des arrêtés pour que le haut masculin ( et féminin ) soit couvert dans les rues des villes et villages ... Des bords de mer ...
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Emmanuel Mousset a dit…

"L'habillement négatif" : il fallait y penser ! Et je suppose que le vêtement est une "nudité positive" ?