mercredi 20 août 2014

La mer avec les mains



C'est aujourd'hui la rentrée "très difficile" du gouvernement. Et ce n'est pas l'annonce de la candidature d'Alain Juppé qui va changer grand chose. De fait, le président, son équipe et le parti vont devoir ramer, dans les prochaines semaines, mois et années. Mais c'est ça aussi la politique, un travail de galérien plus qu'une promenade d'agrément. Lors de la dure défaite du parti socialiste aux législatives de 1993 (une cinquantaine de députés seulement !), une formule de Julien Dray m'avait marqué : "On ne peut pas vider la mer avec ses mains". Il voulait signifier que toute la bonne volonté du monde n'empêchait pas une défaite inéluctable.

Nous en sommes là : il faut tenter de vider la mer avec nos mains, sans se poser trop de questions, en restant fidèles à nous-mêmes, en condamnant les comportements versatiles et intéressés, en se disant qu'en politique comme dans la vie, le pire n'est jamais certain. Mais en faisant quoi ? En défendant pied à pied, en bon militant, tous les acquis du gouvernement, aussi minimes soient-ils, sans se laisser impressionner par monsieur scrogneugneu ou la gauche ronchon. En cette rentrée, il y a trois points à mettre en valeur :

1- L'allocation de rentrée scolaire, dont bénéficient trois millions de familles modestes, a été revalorisée de 0,7%. C'est rien ? Si, c'est quelque chose ! Un peu de sous en plus, ce n'est jamais "rien", surtout pour ceux qui en ont besoin. Le gouvernement n'aurait rien fait, on le lui aurait reproché. Petit geste, coup de pouce : c'est toujours bon à prendre, à souligner, à faire connaître. Les gens veulent du concret ? En voilà ! Mais il y a autre chose : le gouvernement écoute. Les associations familiales demandaient à ce que cette allocation soit versée pour les lycéens sans attendre la rentrée et l'obligatoire certificat de scolarité : c'est fait, une simple attestation sur l'honneur permettra d'éviter le délai de paiement.

2- Les bourses aux étudiants, sur critères sociaux, sont revalorisées elles aussi de 0,7%, à la demande de l'UNEF. Là aussi, on pourrait geindre que ce n'est pas assez. Je vous rassure : aucune augmentation, en positif, de quoi que ce soit ne sera jamais suffisante ! Alors, arrêtons avec cet argument à la noix. La France fait avec ce qu'elle a, pas avec ce qu'elle n'a pas.

3- Les baisses d'impôts, et c'est la mesure la plus importante, touchent cette année 4,2 millions de ménages. C'est évidemment un effort énorme en faveur du pouvoir d'achat. Et qu'on ne me ressorte pas les pleurnicheries des soi-disant "classes moyennes" : le haut de ce papier de crabes est composé de tourteaux aisés qui ne voient même pas la crise passer. Et puis, un socialiste se préoccupe d'abord des classes modestes, populaires et ne rabâche pas l'expression giscardienne et insensée de "classes moyennes".

Voilà donc la feuille de route d'un militant socialiste en ce début de rentrée. Peu importe qu'elle donne l'impression de ramasser la mer à la main : l'essentiel est d'avoir du grain à moudre, pas comme ces socialistes ronchons qui rongent de dépit et d'impuissance leur os dans un coin.

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