dimanche 31 août 2014

L'université antisocialiste



Je suis allé à de nombreuses reprises à l'université socialiste de La Rochelle. Mais c'est la première fois que j'ai assisté, stupéfait, à une université ... antisocialiste, organisée pourtant par mon parti. Je galèje ? Non, pas du tout, hélas. Venons-en aux faits, comme toujours, largement rapportés par les médias (plus besoin d'aller à La Rochelle, c'est La Rochelle qui vient à nous !) :

Commençons par Christiane Taubira, Garde des Sceaux venue en vélo (pourquoi pas en trottinette ou en pédalo : étonnez-vous après que les Français se moquent et ne respectent pas leur classe politique). Manuel Valls s'assure il y a quelques jours, solennellement, de son soutien et de sa fidélité au gouvernement, condition pour être reconduite dans son poste de ministre. Elle dit oui, et hier, en rejoignant une réunion des "frondeurs", elle s'en fiche. "Je ne vois vraiment pas où est le problème", nargue-t-elle hypocritement, à la façon de Montebourg offrant par dérision une bouteille de sa piquette, cuvée Frangy, à Hollande, il y a une semaine. Ces gens-là ne savent pas se tenir.

Continuons avec ces fameux "frondeurs" : qu'ont-ils trouvé de mieux à faire à La Rochelle ? Je vous le donne en mille : créer un courant, "Vive la gauche" ! Comme s'il n'y avait pas assez de courants au PS ! C'est très simple : chez les socialistes, quand on n'est pas d'accord, on crée son courant. C'est l'esprit boutiquier : on est tellement mieux entre soi. Moi, mon seul courant, c'est le parti socialiste !

Le pompon, c'est Pierre Laurent. Celui-là, je me demande bien qui a pu l'inviter ! Il a dû y avoir une erreur dans les envois. Qu'a dit le premier secrétaire du PCF ? Ce genre d'amabilités : "la voie du gouvernement de Manuel Valls nous mène dans le mur" ; "le contrat de 2012 vient d'être déchiré cette semaine devant les Français". Je n'en veux pas à Laurent, qui fait son job. Mais savez-vous comment les militants socialistes ont réagi ? Par un tonnerre ... d'applaudissements. Là, entre schizophrénie, masochisme et connerie, j'hésite dans l'explication.

Et puis, il y a eu la verte, Emmanuelle Cosse, qui s'en est prise à la politique "social-libéral" de Manuel Valls (chansonnette à la mode) et à ses dernières mesures en faveur du logement. Finalement, il ne manquait plus comme invités que Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot : plus on est d'antisocialistes, plus on rit. Pour finir en beauté, le discours de clôture du Premier ministre a été au début perturbé aux cris de "Vive la gauche", du nom du courant fraîchement émoulu. Ah les cons ! Et vous appelez ça des "socialistes" ? Moi non. En revanche, ils correspondent parfaitement à la définition de l'antisocialiste : personne qui critique sévèrement la direction du parti socialiste, les choix de ses adhérents, le chef de l'Etat et le gouvernement.

Il faut tout de même rappeler ce qu'est l'université d'été du parti socialiste : un lieu de formation et pas de confrontation, un moment de réflexion et pas une foire d'empoigne, des échanges avec des intellectuels, des syndicalistes, des associatifs et pas des querelles avec des concurrents, la rentrée médiatique du parti et pas l'étalage de nos divisions. La Rochelle, c'est un temps de rassemblement, pas d'affrontement. Mais les débats ? Oui, ils ont leur place, indispensable, dans une organisation démocratique : dans les sections et les fédérations, lors de nos réunions internes. Mais combien de sections et de fédérations les mettent en place, font vivre le parti ? Nous en reparlerons ...

L'université d'été du parti socialiste a été, cette année, gâchée, dénaturée en une ubuesque université antisocialiste. J'espère que cette première sera une dernière. Heureusement, le parti tient bon et le gouvernement maintient le cap. Trois voix se sont définitivement exprimés sur tout ça durant le week-end. Bernard Cazeneuve, dans le Journal du Dimanche, à propos des ministres : "soit on part, soit on se tait ! La politique n'est pas un théâtre d'ombres ou de boulevard. Il faut la fermer et redresser la France". François Hollande himself : J'ai besoin d'avoir un parti dans la majorité à l'unisson de ce que je propose (...) Etre social-démocrate, c'est être socialiste, et être socialiste, c'est être social-démocrate". Pour finir, Manuel Valls, dans son discours de La Rochelle : les socialistes doivent parler aux Français, pas à eux-mêmes. Tout est dit.

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