vendredi 15 août 2014

Rangement d'été



Je consacre une partie de l'été à des rangements, parmi mes tonnes de papiers stockés. Je garde tout, du brouillon insignifiant au courrier officiel, en passant bien sûr par les articles de presse. Depuis 1998, ça fait pas mal de cartons ! Inutile et dérisoire ? Non, fort précieux : j'oublie tout, c'est pourquoi je garde tout. Mais de temps en temps, il faut quand même trier, classer, jeter. Se replonger dans le passé est une épreuve, nécessaire mais redoutable.

Pourtant, la mise en perspective dans la durée est riche d'enseignement. Je prends un exemple : la presse, l'an dernier, avait fait remarquer que les socialistes étaient bien peu nombreux à se choisir leur candidat pour les élections municipales (42 votants, exactement). Mais, en 1999, combien étions-nous pour désigner un secrétaire de section ? 22 votants ! A une époque où la section avait à sa tête une députée et une conseillère générale ... On voit donc que la faiblesse militante du PS local est ancienne et même, toutes choses égales par ailleurs, pire il y a 15 ans. C'est le genre d'information qui relativise une situation politique.

Quand nous relisons tous ces documents qui décrivent une quinzaine d'années d'action politique, nous sommes surpris et navrés par une constante : l'urgence, l'immédiateté, l'improvisation président très souvent aux choix de la section, très largement imprévisibles. Des noms, des visages apparaissent, disparaissent, parfois réapparaissent, mais on a beaucoup de mal à discerner un fil conducteur, une continuité, une cohérence interne. On a le sentiment d'à-coups, d'influence prédominante des circonstances, parfois des hasards. Un exemple qui peut sembler anecdotique, mais qui est en même temps révélateur : l'hommage rendu à l'ancien maire socialiste de Saint-Quentin, Tricoteaux, est inconstant, rendu pendant quelques années, puis s'interrompant sans raisons évidentes, et reprenant comme si de rien n'était.

Dans mes rangements, je me suis particulièrement arrêté sur la comparaison entre les deux dernières campagnes municipales, 2014 et 2008, et leur perception dans la presse. C'est très intéressant. Les journaux locaux ont moins abordé l'élection cette année qu'il y a 8 ans. Petit exemple : les fois précédentes, le trombinoscope de tous les candidats d'une liste était présenté ; pas cette année. La campagne des socialistes a donné lieu à beaucoup moins d'articles par rapport à 2008, où la polémique autour de la tête de liste avait suscité l'attention durant plusieurs mois. Mais la nouveauté, appréciable, cette année a été le débat public entre les têtes de listes, absent dans les précédents scrutins municipaux.

Cette remontée dans le temps, si elle est une épreuve politique, est aussi une épreuve personnelle : je suis effrayé, le mot n'est pas trop fort, par toutes les activités que j'ai pu mener pendant ces 15 ans, qui n'ont pas abouti politiquement, c'est-à-dire à l'échelle collective. On pourrait se dire, sceptique : tout ça pour quoi ? Tout ça pour ça, toutes ces choses pour pas grand chose ... Mais, à l'échelle personnelle, j'ai au moins la satisfaction, et même la fierté de n'avoir renoncé à rien, d'avoir tenu bon, d'avoir maintenu une cohérence et une fidélité à soi, à des convictions, à une volonté, qui sont lisibles, repérables, manifestes tout au long de ces années. Même si tout le reste n'avait aucun sens, n'aboutissait à rien collectivement, il resterait cette satisfaction-là.

Et puis, j'ai cette confirmation : rien en politique ne peut se faire de sérieux, de durable, en dehors du pouvoir, de la responsabilité publique. L'opposition est vivable seulement quand elle est provisoire. A la longue, sans espoir de victoire, elle est génératrice de divisions, de conflits personnels et d'inconstance, parfois de choix absurdes ou désespérés. C'est la leçon principale que m'inspire la consultation de ces archives.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous visiez d'emblée trop haut !!
D'autres MAIRES de petites ou moyennes communes sont devenus conseillers généraux , et ce ne sont pas des politiciens dans l'âme,mais d'honnêtes serviteurs de la République ... Mais dés que on attaque la ville de renom ; il y a la jalousie qui dérègle la pendule ... Et regardez à DROITE, la querelle larvée lancée par votre adversaire de toujours a débouché sur une catastrophe .... quasi nationale ... avec en toile de fond ce poste de MAIRE de notre ville ..

Comme vous le dites ... L'opposition est une place pas facile , mais l’opposition dans un parti est une situation de conflit et de rancœurs bien difficile à vivre ...
.

Anonyme a dit…

professeur de philosophie et homme politique , un engagement de trop

il faut faire un choix

travailler ensemble dans un but commun plutôt que s'opposer systématiquement

bientôt la retraite donc plus de temps pour la politique

félicitations pour votre blog .

Emmanuel Mousset a dit…

1- Je ne m'oppose pas, je soutiens le gouvernement, et localement je propose.

2- Je suis entré tard dans le métier, j'en sortirai tard.