dimanche 24 août 2014

Toujours d'ATTAC



De quoi a-t-il été question, en politique, cette semaine ? Lundi, Morano met les voiles sur la plage ; mardi, Désir à sa suite enfile son slip de bain ; mercredi, Juppé se rêve en président de la République après un coup de bordeaux ; jeudi, Duflot met le feu à la baraque qu'elle a habitée pendant deux ans ; vendredi, Mélenchon nous fait son énième caca nerveux ; samedi, Montebourg tire dans le dos du gouvernement ; dimanche, Hamon joue au faux cul Monsieur Loyal. Voilà, en résumé, la semaine politique.

Pendant ce temps-là, dans l'ignorance médiatique la plus totale, un mouvement qui, il y a 15 ans, a eu droit à une gloire internationale, que toute la gauche a vénéré et courtisé, se réunissait à Paris : l'université européenne des mouvements sociaux, organisée par ATTAC. Ca vous dit quelque chose, ATTAC, la taxe Tobin ? A Saint-Quentin, l'association a eu une petite antenne, animée par Yvonne Bou et Michel Grévin, des noms qui vous disent peut-être aussi quelque chose. Tout ça a duré quelques mois, et puis pschitt, plus rien. Les caméras se sont éloignées, les lumières se sont éteintes, les militants ont fondu comme neige au soleil. Quand une idée est à la mode, tout le monde rentre dans le moule ; après, c'est fini. Décidément, l'être humain est un chien d'infidèle.

Heureusement, il y a les convaincus, les constants, ceux qui ne plient pas, n'oublient rien. Ils étaient là, hier après-midi, dans les locaux de l'université Paris VII, non loin de la grande bibliothèque François-Mitterrand, dans une ambiance de débat et de fête. Je ne partage pas toutes leurs idées, loin de là, mais je suis touché par leur fidélité à eux-mêmes, à leurs combats, à leurs convictions. Ce ne sont pas des hommes et des femmes qui vont se battre pour être présents à tout prix sur une liste, si possible aux meilleures places, ou qui vont faire des pieds et des mains pour obtenir une quelconque investiture à une élection. C'est pourquoi je les estime, et même les admire. Quoi de plus beau dans la vie que la constance, la fermeté dans ce qu'on croit, l'engagement gratuit ? Et si la vraie politique était de leur côté ?

Et puis, une gauche en mal de grandes idées mais agitée par de petites ambitions devrait se ressourcer, se revivifier en allant regarder chez ceux qui débattent, proposent, même si tout n'est pas forcément bon à prendre. Je n'aime pas l'expression idiote de "société civile" ; mais le "mouvement social", oui, a des choses à nous apprendre, en tout cas infiniment plus que bien des sections vides, glauques et opportunistes des partis politiques.

Il y avait plaisir à voir, hier près des quais de Seine, ce public où se mêlaient des cheveux blancs de Mai 68 et de jeunes frimousses qui étaient encore enfants au moment où ATTAC a été créé. J'aime aussi ce mélange des générations et des traditions. Je crois qu'on appelle ça la vie, avec ses excès, ses débordements (les socialistes n'y sont pas toujours à la fête, mais à tout prendre, je préfère un anti-socialiste de l'extérieur, honnête et sincère, qu'un anti-socialiste de l'intérieur, fourbe et calculateur).


Vignette 1 : Edwy Plenel, dans son discours de clôture de l'université.

Vignette 2 : un public nombreux et attentif, dans le cadre magnifiquement restauré des Grands Moulins de Paris.

Vignette 3 : des sit in, des discussions sur le vif, des représentations théâtrales.

Vignette 4 : les militants d'ATTAC sont facétieux ; ils ont rebaptisé certaines rues du quartier.

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