jeudi 11 septembre 2014

Il faut un sénateur de gauche



En arrivant hier soir à Matisse, pour la réunion organisée par Yves Daudigny dans le cadre des élections sénatoriales (en vignette, avec Roland Renard, lui aussi candidat sur la liste de gauche), j'ai entendu une phrase qui m'est allée droit au coeur, prononcée par le président du conseil général à la journaliste du Courrier picard : "je ne fais pas partie des frondeurs". Roland Renard, en cours de réunion, a confirmé cette position. Pourtant, l'un et l'autre ne sont pas toujours d'accord avec les réformes du gouvernement. Mais ils sont dans le soutien et la fidélité, pas la contestation. Et je trouve ça bien. Critique, on peut et il faut l'être, car l'accord n'est jamais unanime en politique, au sein même d'un parti. Mais dans la clarté, la cohérence, la discipline.

Ces élections sénatoriales, on n'en parle pas encore beaucoup, mais ça va sans doute venir : le dépôt des candidatures est jusqu'à demain, le scrutin aura lieu le 28 septembre, en un seul tour, avec trois sièges à pourvoir dans l'Aisne. Toute élection est importante. Le Sénat, c'est la haute chambre de la République, par laquelle passent d'abord les lois. C'est une enceinte moins politisée, moins partisane que l'Assemblée nationale. On parle volontiers, à son propos, d'une "assemblée des sages", et on a raison. C'est pourquoi, avant d'entrer dans le vif du sujet, je veux commencer par rendre hommage à un sénateur qui ne se représente pas, qui est cher au coeur de bien des Saint-Quentinois, qui a mené au palais du Luxembourg son travail de "sage de la République", notamment en réfléchissant à la politique de la ville : c'est bien sûr Pierre André que j'ai à l'esprit, et que je salue pour son dévouement à la cause publique.

Yves Daudigny a d'ailleurs précisé hier soir qu'il ne se présentait pas "contre" le chef de file de la liste de droite, Antoine Lefèvre. Encore une fois, les logiques ne sont pas les mêmes qu'au Palais Bourbon. Yves se présente pour défendre la ruralité, d'abord menacée par un fait quasi culturel : nos élites ne pensent qu'en termes de métropoles comme moteurs de la croissance, de l'innovation et du développement. Or, la France des petites villes, des villages et des campagnes existent, est inventive, résiste tant bien que mal à la crise économique, dont elle est la première victime. Dans l'Aisne, nous en savons quelque chose, hélas ! C'est pourquoi une voix de gauche doit s'exprimer sur ce sujet, la défense des déshérités et des oubliés de la modernité.

Ensuite, la campagne d'Yves Daudigny met en garde contre deux textes de lois. Le premier, c'est la constitution des nouvelles grandes régions, qui a entraîné de la zizanie, qui repose sur un calendrier si serré qu'il semble difficile à tenir. Non pas que le président du conseil général de l'Aisne se soit vraiment impliqué dans ce débat. Mais il voit les choses autrement : mieux aurait valu, selon lui, mobiliser les collectivités territoriales existantes, dans la lutte contre le chômage et les déficits publics, au lieu de créer de méga-régions à l'efficacité incertaine.

C'est surtout sur le projet de disparition du département qu'Yves Daudigny est critique. Le projet lui parait "destructeur", et il choisit de défendre méthodiquement, avec conviction, toutes les réalisations de cet échelon à ses yeux indispensable. Par exemple, les transports scolaires, qui demandent de la minutie dans la préparation et de la réactivité dans la gestion, ne pourront pas être organisés à partir de Lille. D'autant que nous risquons d'y perdre la gratuité. Même démonstration avec la voirie, le développement de l'internet, les collèges. Le maître mot d'Yves, c'est la proximité.

Ce n'est pas non plus qu'il prône l'immobilisme des structures. Mais il y a des actions qui ne peuvent être menées que par le département. L'APA, cette belle réalisation, l'aide aux personnes âgées : il serait prévu de la confier aux communautés de communes, ce qui lui semble difficilement concevable. Yves Daudigny rappelle que le rôle du département a été reconnu et renforcé dans les lois de décentralisation de 1982-1983. L'idée même de "doublon" néfaste, au coeur du raisonnement de ceux qui veulent supprimer le département, n'est pas pertinente, puisque le projet de loi reconnaît qu'en matière de sport, de culture et de tourisme, tous les niveaux territoriaux demeureront concernés. Yves Daudigny propose, dans l'immédiat, que se réunisse une conférence départementale de tous les acteurs du territoire axonais, en vue d'une réflexion sur son organisation et sa sauvegarde.

Roland Renard, à son tour, a fait l'éloge de la structure départementale, en insistant sur les risques de sécession, puisque des territoires ne se reconnaîtront plus dans la nouvelle région (voir ce qui se passe au sud, avec l'action de Jacques Krabal). Le conseiller général, c'est l'élu indispensable des petites communes, qui soutient les projets et qui fait remonter les doléances. Dans un département pauvre comme le nôtre, son rôle est précieux.

Yves a terminé la réunion par une terrible mais véridique anecdote : lors de l'inauguration de la foire aux fromages de La Capelle, il y a quelques jours, un quidam, voyant passer le cortège des élus, a eu cette formule, "ceux qui ne servent à rien". C'est évidemment faux, scandaleux, injuste, mais surtout dangereux. A l'orée du bois, quand sont tenus de tels propos, c'est l'extrême droite qui est en embuscade. Quand on sait l'aide concrète, financière et humaine, que le conseil général, de l'Aisne et d'ailleurs, de gauche comme de droite, apporte aux populations en difficulté, on est atterré par de telles accusations, qui ne sont pas anodines. Le vote sénatorial du 28 septembre sera un vote pour la défense de la ruralité, de la proximité, des déshérités, mais aussi de la République et de ses représentants, aujourd'hui bafoués (et ce n'est pas quelques brebis galeuses dans leurs rangs qui pourraient justifier ces attaques).

Celles et ceux qui suivent ce blog savent que je ne suis pas toujours d'accord avec les idées défendues par Yves Daudigny en matière de réforme territoriale. Mais si je devais être d'accord avec tous les socialistes, je ne serais pas socialiste ! Peu importe : le 28 septembre, il faut que l'Aisne ait un sénateur de gauche, cela seul compte. Nous savons qu'Antoine Lefèvre et Pascale Gruny, l'un et l'autre de l'UMP, sont quasiment assurés d'être élus. Le véritable enjeu, c'est le 3e siège. Ni le Front de gauche, ni EELV ne pourront l'emporter. Le sénateur de gauche, ça ne peut être qu'Yves Daudigny. Il faut voter pour lui, pour la ruralité, la proximité, l'aide sociale aux défavorisés, pour son bilan, que nul ne peut sérieusement critiquer. Voter Daudigny, c'est voter pour l'Aisne, finalement. Vote local, mais aussi national : le maintien de la majorité de gauche au Sénat, c'est également l'enjeu du 28 septembre.

Nous nous sommes quittés avec le pot de l'amitié : champagne du lycée de Crézancy, jus de pomme de Rozoy-sur-Serre. Ruralité, proximité, on vous dit ! Après Saint-Quentin, Yves Daudigny et Roland Renard se rendaient à Bellicourt. Deux réunions chaque soir, jusqu'à la victoire.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Dommage que le PS soit divisé par KRABAL qui ne voit que son avenir personnel aux côtés des puissants du CHAMPAGNE ....... Mais aussi dommage que les élus actuels ne proposent pas une plus grande mutualisation par exemple des constructions scolaires aux niveaux des régions .... Il y a des exemples de ce type ....Pour faire mieux et avec des coûts réduites ...
Enfin le courage manque ... Un débat large sur la réforme des régions eut été utile avant ces élections qui ne seront qu'un replâtrage sur une vielle maison à consolider d’Urgence .........

Anonyme a dit…

le département ,en 1982 décentralisation , soit il y a 32 ans , il faut tourner la page .....
la réforme territoriale... décidée par le président de la république et critiquée dans ses rangs ...le sénat une institution dont le peuple ne voit pas l'utilité ...

merci de nous expliquer l'utilité de cette assemblée

Emmanuel Mousset a dit…

1- Il y a rassemblement, mutualisation, courage et débat, mais vous semblez ne pas le voir.

2- L'utilité du Sénat est expliquée dans n'importe quel livre de droit constitutionnel. Je vous invite à vous y reporter.

Anonyme a dit…

Il faut que le sénat soit chargé en priorité de la sécurité au sens large et en faire le garant de la nation comme son président que la constitution nomme automatiquement à la tête du pays en cas de défection du président de la république ..........

Marie a dit…

Bonjour Emmanuel
et le cumul de Yves Daudigny ne te dérange pas?
Vous manquez de personnel qualifié au PS dans l'Aisne?
vraiment je trouve ça double zéro.

Emmanuel Mousset a dit…

Il y a une loi contre le cumul, votée par les socialistes, respectée par les élus, qui s'appliquera à partir de 2017, si je me souviens bien. En attendant, chacun est libre de faire comme il l'entend. Je pense que Yves Daudigny est aujourd'hui le mieux placé pour conserver le siège à gauche. C'est le plus important.

Anonyme a dit…

Les socialistes ne parlent plus que d'eux

Le président parle de lui dans "Le Nouvel Observateur". Moi, moi, et encore moi. Moi, ami des pauvres. Moi, descendant de pauvres. Moi, venu de rien. Moi, qui me suis fait tout seul. Moi, victime de la fureur des femmes en pleine jeunesse. Moi, moi, moi... Encore moi, moi, moi... Moi, victime en mon palais. Moi...

Arnaud Montebourg parle de lui dans "Paris Match". Moi, moi, et encore moi. Moi, ma nouvelle chérie. Moi, et mes vacances de riche en Californie. Moi, je t'emmerde François Hollande. Moi, je suis devenu un people. Moi, je fais du Sarkozy dans le journal de Sarkozy. Moi, moi, moi... Encore moi, moi, moi... Moi, victime en exil à San Francisco. Moi...



Aurélie Filippetti parle d'elle dans "Paris Match". Moi, moi, et encore moi. Moi et mon nouvel amoureux. Moi, Romy Schneider de la politique. Moi, je suis libre de faire ce que je veux, comme je veux. Moi, je montais hier les marches du festival de Cannes (sans Fleur Pellerin, qui faisait tâche) et je suis aujourd'hui dans "Paris Match". Moi, je suis jeune et jolie. Moi, moi, moi... Encore moi, moi, moi... Moi, éternelle proie de l'amour. Moi...



Aquilino Morelle parle de lui dans "Le Point". Moi, moi, et encore moi. Moi, survivant d'un crime contre l'humanité politique. Moi, incorruptible foudroyé par des insectes. Moi, obligé de démentir avoir tenu ces propos, piégé par la méchante Anna Cabana. Moi, qui m'ajoute à la longue liste de ceux qui parlent à Anna Cabana et qui pensent encore que c'est "off". Moi, le naïf environné de malfaisants. Moi, moi, moi... Encore moi, moi, moi... Moi, le pur. Moi...

Les socialistes ne parlent plus que d'eux. De leurs tourments intérieurs. De leurs problèmes de couple. De leurs amours. De leurs amitiés. Le PS au pouvoir, c'est la cour de Louis XIV revue et corrigée par Secret story 8.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous nous faites un roman intéressant, mais ce n'est que du roman. Avec un oubli de taille : la seule qui parle vraiment d'elle ces jours-ci, c'est Trierweiler, que vous ne citez pas. Lapsus révélateur d'un antisocialiste primaire ?

Anonyme a dit…

1)euh.. c'est quoi un antisocialiste secondaire? merci

2) le sénat est à reformer ( De Gaulle s'y est cassé le nez d'ailleurs) car la paysage français a tellement changé depuis la création de la "haute assemblée" que le monde rural y est maintenant représenté de manière disproportionnée.De plus cette élection des sénateurs par des notables est une anomalie qui a été dénoncée par Lionel Jospin mais les "prés carrés" perdurent et aussi bien à droite qu'à gauche on tient à conserver ce privilège; étonnez-vous après cela que les Français en arrivent de plus en plus ( et c'est dramatique) à considérer qu'on ne se fait élire que pour ses intérêts personnels; si on veut enrayer la montée du FN il va bien falloir que nos élus nationaux ( députés, sénateurs)changent d'attitude :c'est à eux qu'il appartient au premier chef de montrer -selon une expression connue- qu'ils sont élus pour servir et non pour se servir; ils devraient regarder comment cela se passe dans les pays scandinaves qui ont abandonné depuis très longtemps "les ors de la république" mais reste en France un vieux fond monarchique que l'élection du Président au suffrage universel n'a fait que conforter: tous les Présidents de la 5e ont endossé sans vergogne le costume de roi démocratique

Anonyme a dit…

pour faire suite à ce billet, je vous engage à revoir l'émission " c dans l'air de ce jour" faut-il une 6e république? les points que j'ai abordés y sont présents et -bien entendu- débattus par des politologues avertis qui ne font que me conforter dans mon analyse (toutes proportions gardées ça va de soi)