dimanche 12 octobre 2014

Cela ne va plus sans dire



Le Conseil national du parti socialiste, qui se tient aujourd'hui à Paris, clôt la première période de ses Etats Généraux, où les militants et les sections sont invités à débattre de son projet et de son identité. Les médias se sont peu intéressés à ce travail, il est vrai très largement interne. Mais il montre comment fonctionne un parti moderne, ce qu'il fait, à quoi il sert ; et il en ressort une autre vision de la politique, plus positive que les habituelles bagarres entre courants ou les luttes pour le pouvoir.

J'ai souvent participé, par le passé, à ce genre d'opération. Pour cette fois, on pouvait remarquer trois nouveautés importantes :

- d'abord, les sympathisants étaient conviés à la réflexion. C'est l'esprit des primaires : ne pas rester entre soi, s'ouvrir à notre électorat. Et nous en avons bien besoin.

- ensuite, les contributions versées au débat (c'est-à-dire les textes rédigés) peuvent l'être à titre individuel. Les écrits qui sont issus de discussions collectives sont souvent des pensums où l'on s'est battu pour une virgule, ce qui n'apporte pas grand chose à la réflexion.

- enfin, même si ce n'est pas mon truc, des témoignages par vidéo, d'une durée de 15 secondes (définir ce qu'est un socialiste), peuvent être postés. C'est un bon exercice de synthèse et de concision, qui là aussi nous évite les tartines indigestes qu'on écoute en baillant ou qu'on parcourt d'un oeil.

En lisant la charte de participation des Etats Généraux, je suis tombé sur des précisions assez étonnantes, qu'on n'aurait pas imaginées il y a quelques années chez les socialistes :

- "La publication d'une contribution est faite à titre gracieux et ne peut donner droit à aucune rémunération de l'auteur". Imagine-t-on des militants socialistes passer à la caisse après avoir pondu leur texte ? Moi non, mais la preuve que oui, puisque la précaution est prise d'inscrire la remarque dans la charte.

- "Chaque contributeur peut choisir d'être publié sous son nom, d'un pseudonyme ou de façon anonyme". C'est le détestable effet internet, où les commentateurs n'assument plus ce qu'ils sont, se planquent derrière des pseudos. Là, franchement, je pense que le PS ne devrait pas autoriser ça : un militant doit dire qui il est.

- "Le parti socialiste se réserve le droit de ne pas publier des contenus discriminatoires, révisionnistes, négationnistes, sexistes ou faisant l'apologie des crimes contre l'humanité, incitant à la haine raciale ..." Cette mise au point est hallucinante : imagine-t-on de tels contenus chez des gens de gauche, dans un débat sur l'identité socialiste ? Que cette précaution soit motivée, je n'en doute pas, par des motifs d'ordre juridique n'enlève rien à la consternation qu'elle provoque en moi. "Cela va sans dire" : on ne peut plus utiliser désormais cette expression. "Cela va mieux en le disant" ? Non, car se sentir obligé d'énoncer des évidences, c'est que quelque chose ne va plus. Drôle d'époque, un peu folle, tout de même !

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