mercredi 1 octobre 2014

Changer le parti



Le débat bat son plein en ce moment dans les sections socialistes, autour de notre projet et de notre identité. C'est passionnant, mais je crois que la réflexion sur l'organisation doit précéder la réflexion sur les idées. Car, en politique, c'est le mode de fonctionnement qui détermine les évolutions idéologiques. En créant dans les années 70 le nouveau parti socialiste, François Mitterrand a complètement renouvelé la doctrine. Ce sont les structures qui finalement décident du contenu. De ce point de vue, les primaires sont une innovation majeure, qui changera à terme le PS beaucoup plus fondamentalement qu'un énième colloque sur l'avenir du socialisme ou une commission chargée d'élaborer un projet.

En la matière, je propose six premières mesures, qui me semblent liminaires :

1- Le regroupement des sections (qu'il ne faut plus appeler "section", un terme dissuasif ou énigmatique) : il nous faut une "réforme territoriale" du parti, qui ne doit plus s'éparpiller dans des micro-sections, dont le nombre d'adhérents suffirait à peine à remplir une pièce de cuisine. Il faut imaginer une structure de base du parti au niveau de la circonscription, et plus au niveau de la commune.

2- Le cahier des charges : chaque section doit en rédiger un au moment de l'élection de ses responsables, qui sont trop souvent des irresponsables, élus sur rien et donc ne faisant rien. Ce cahier des charges devra être validé et contrôlé par la fédération (la direction départementale). N'importe quelle association est obligée de rendre des comptes, de justifier de son activité, sauf les sections du parti socialiste ! (dans les autres partis, je ne sais pas comment ça se passe, mais je pense que c'est comme chez nous).

3- Le non cumul des mandats et des responsabilités : ce qui tue le parti socialiste, ce qui l'englue dans une grande inertie, c'est la confusion entre les dirigeants et les élus du parti. Quand ce sont les mêmes dans les fonctions de l'appareil, il ne se passe plus grand chose, les sections deviennent de simples caisses de résonance électorales, des petits lobbys, des fan clubs étrangers à la culture du débat et à la politique de développement qui devraient irriguer et motiver un parti politique moderne. Les socialistes ont commencé à lutter contre le cumul des mandats dans la société ; ils doivent continuer à l'intérieur de leur parti, en séparant strictement mandats électifs (donnés par les électeurs) et mandats politiques (donnés par les adhérents).

4- La baisse des cotisations : nous sommes dans une société de services, où personne n'adhère à une organisation, quelle qu'elle soit, sans en recevoir un bénéfice. Actuellement, adhérer au PS engage mais n'apporte rien (à part un magazine reçu de temps en temps). C'est un acte en quelque sorte gratuit, par pure conviction. Il me semblerait normal qu'il y ait retour sur investissement, si on peut dire : qu'au moins l'appartenance socialiste donne droit à des activités (de formation, par exemple), comme le propose n'importe quelle association à ses adhérents. Surtout, le montant des cotisations est beaucoup trop élevé, dissuasif, dans une structure qui n'apporte rien. Il faut donc le réduire drastiquement.

5- La suppression des courants : je vais peut-être vous surprendre, mais les courants n'existent plus statutairement depuis longtemps au PS. Ce qui est officiellement reconnu, ce sont les "motions", c'est-à-dire les textes qui donnent lieu à un vote lors des congrès. Sauf que les courants continuent à exister officieusement. D'ailleurs, il en sera sans doute toujours ainsi, les êtres humains aimant bien se retrouver par affinités, et non pas noyés dans le lot commun. Pourtant, un parti socialiste efficace ne devrait parler que d'une seule voix. Pour cela, une réforme des statuts s'impose, très délicate à réaliser, j'en conviens. Son principe : que les instances dirigeantes, à tous les niveaux, ne soient plus désignées en fonction des résultats des motions au congrès. Ce serait une petite révolution. Mais nous en avons déjà connu une, les primaires, qui bousculait encore plus les habitudes.

6- Le changement de nom : il faut que le parti socialiste porte un titre qui soit conforme à sa ligne politique, qu'il n'y ait plus tromperie sur la marchandise. Aujourd'hui, notre identité est plus proche historiquement du républicain Clémenceau que du socialiste Jaurès. Nous sommes plus dans la perspective Blair-Schroeder que dans l'héritage du Front populaire et du Programme commun. Il faut en tirer toutes les conséquences, y compris symboliques : notre sensibilité, c'est désormais la social-démocratie européenne, sur laquelle le PS s'est aligné. Manuel Valls l'a compris avant tout le monde : le nom du parti doit changer. Oh, pas besoin de se creuser la tête très longtemps, une seule dénomination s'impose naturellement : le PSD, parti social-démocrate. Il suffit d'ajouter une lettre, ce n'est pas grand chose ...

Changer le monde, changer la société, oui c'est très beau. Mais en cours de route, les socialistes n'auraient-ils pas oublié de changer leur parti ? Je crois que l'un des enjeux des Etats généraux est celui-là.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"Changer le monde,changer la société",effectivement,celà pourrait être beau.Mais le problème est que la société et le monde ont déjà changé et à grande vitesse,dans les dix années précédentes.Miterrand a redonné l'espoir à l'électorat socialiste(que l'on oublie aujourd'hui),en 1981.Il y a trente ans,dans un autre contexte socio économique.Nous n'en sommes plus au temps du "sous les pavés,la plage".
Tirer les leçons de l'abstention massive,faire le point sur la nécessité d'occuper le terrain semble être une nécessité.Vals l'a compris.
L'électorat ne comprend plus les objectifs de la politique politicienne.Il est préoccupé par sa situation.Sur des forums,les quincas n'ont plus d'intérêt politique et ne croient plus aux technocrates et aux hommes politiques,même l'électorat socialiste.Ils s'éparpillent dans de nouveaux partis "indépendants"Les jeunes n'en parlons pas,même des enfants de militants ne vont plus voter.
Et pourtant,on sait qu'il y a des perspectives(ricaines) d'économie partagée,tout en tenant compte des capitaux et des investisseurs.Hollande a déjà consulté dans ce sens.Nous ne sommes plus au temps où on se "masturbe"l'esprit comme en 68.Il est temps de proposer des solutions en adéquation avec les perspectives actuelles et de 2017.La politique passe par les médias suivant les analyses des journalistes,c'est l'information qui passe dans les familles,tronquées ou non.C'est le terrain qui doit faire réagir le P.S..
Car celui qui s'appropriera la théorie expliquée plus haut,gagnera les élections.Elle est la plus proche de la réalité.