mercredi 29 octobre 2014

La bavure des baveux



La polémique déclenchée par la mort de Rémi Fraisse prouve une fois de plus le délitement du débat public en France, qui se réduit désormais à des approximations, des images, des affects et des invectives. Preuve aura été faite aussi, s'il le fallait, que nos leaders écologistes nationaux n'ont aucune culture de gouvernement, empêchés qu'ils sont par un fond de radicalité qui nuit à leur crédibilité, qui les rend inaptes à la responsabilité d'Etat. Reprenons :

1- Le barrage : personne n'en avait entendu parler avant, nous le découvrons, et le problème qui semble aller avec. Mais un barrage, ce n'est pas une petite chose : la construction résulte d'un choix réfléchi, à l'issue d'études techniques. Et une manifestation qui dégénère tragiquement mettrait un terme à ces travaux ? Non, il n'y a rien de sérieux dans cette réaction-là, qui n'est d'ailleurs qu'une "réaction", sur l'instant, suscitée par l'émotion, la culpabilisation et la peur.

2- La grenade : elle fait partie des moyens utilisés par la police pour rétablir l'ordre quand il y a du désordre. C'est une arme légitime, contrôlée et qui n'est pas faite pour tuer. Son usage dissuasif a été attesté par l'expérience, qui est déjà ancienne. Et on va profiter de ce drame pour remettre en cause le travail indispensable des CRS, pour céder à un sentiment anti-flic qui est stupéfiant dans la bouche d'élus ou d'anciens ministres ? Non, c'est carrément malhonnête, manipulateur.

3- La violence : d'où vient-elle ? De l'Etat, de la police, des manifestants ? Non, elle vient de petits groupes d'anarchistes extrêmes, qui s'introduisent dans des protestations légitimes et légales pour casser, provoquer et viser l'Etat, leur ennemi absolu. Si ces individus n'avaient pas agi comme ils l'ont fait, comme ils le font partout où il y a ce type de conflit, Rémi Fraisse serait aujourd'hui encore en vie, les forces de l'ordre ne balançant pas des grenades pour l'esthétique du geste ou de la scène.

4- La vérité : c'est la justice, après enquête, qui la dira. Ceux qui s'en réclament ne profèrent que des mensonges : Duflot, Mamère, Bové, Batho et quelques autres. Le gouvernement a eu un comportement exemplaire : on ne joue pas avec la mort, on reste digne, silencieux, on attend les résultats de la procédure, on ne jette pas de l'huile sur le feu. Le ministre de l'Intérieur a été exemplaire dans sa défense des fonctionnaires de police, accusés sans preuves.

De "bavure", je ne sais pas s'il y a eu, et personne à l'heure qu'il est ne le sait. Mais des "baveux", ça oui, depuis quelques jours, on n'entend qu'eux, parler pour eux-mêmes, cracher sur le gouvernement et les autorités publiques. Quand on est anar, je le comprends : on a opté, non sans courage, pour une terrible philosophie de la rébellion, et les actes transgressifs qui en découlent. Mais quand on prétend appartenir à la gauche ou à l'écologie, on ne se range pas derrière les fauteurs de trouble, on ne discrédite pas la parole et les actes de l'Etat républicain.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

1) Sur les études techniques, lisez l'article de Mediapart "Barrage de Sivens: agrobusiness, conflit d'intérêts et mauvaise gestion": http://www.mediapart.fr/journal/france/291014/barrage-de-sivens-agrobusiness-conflit-dinterets-et-mauvaise-gestion

2)La grenade: précisez qu'on parle de "grenade offensive". Elle est légitime ? Attendons les résultats de l'enquête cf "4. La vérité"... Elle est légale ? Oui, dans certaines conditions. Lisez l'article du Figaro: http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/10/29/01016-20141029ARTFIG00167-les-grenades-offensives-derniers-recours-contre-des-manifestants-organises.php?pagination=4

3) D'accord.

4) Plus de 48h avant que le Président et le PM ne s'expriment: c'est digne ?

Anonyme a dit…


PETIT rappel en passant par ce blog ....


La réflexion fait écho à une étude contestée de l'iFRAP, un think-tank libéral qui évoquait en 2012 un bénéfice de 70.000 à 140.000 emplois en supprimant les seuils.

Anonyme a dit…

"Les sciences sociales ont longtemps vu dans la circulation des rumeurs les symptômes d'un dérèglement social."(sciences humaines)
Elle éclaire le débat sur la confiance envers les médias et le rapport des citoyens au pouvoir.
Il y a peu de place à la réflexion et à l'analyse.On consomme la rumeur qui viendrait telle la Vérité,confortant de vagues informations.A.