mardi 14 octobre 2014

Macron a raison



J'ai toujours pensé que les vrais débats politiques avaient lieu au sein de la gauche, et pas entre la gauche et la droite. Que voulez-vous que je débatte avec un homme de droite ? Il a ses idées, j'ai les miennes, elles sont différentes, souvent inconciliables : il n'arrivera pas à me convaincre et je ne le persuaderai de rien. Le débat entre nous est impossible et inutile. C'est pourquoi, au passage, je critique depuis plusieurs années l'illusion qu'ont mes camarades, au conseil municipal de Saint-Quentin, de vouloir "débattre" avec Xavier Bertrand : comme si celui-ci allait les écouter et les suivre ! Naïveté, angélisme ou impuissance, qui de toute façon ne débouchent sur rien. En politique, entre la gauche et la droite, on ne débat pas, on se combat, pacifiquement, honnêtement, intelligemment, mais la confrontation reste un combat, tranché par les citoyens au moment des élections. En revanche, au sein de la gauche, les débats, les divergences d'opinions sont fréquents. C'est ce qui s'est passé ce week-end autour des déclarations d'Emmanuel Macron.

Qu'a dit le ministre de l'Economie sur l'assurance-chômage ? D'abord, qu'elle était en déficit de 4 milliards d'euros et que c'était pour le moins préoccupant. Ensuite, qu'une réforme du système était en cours mais insuffisante, qu'il fallait donc reprendre la réflexion. Enfin, que c'était aux partenaires sociaux, c'est-à-dire au patronat et aux syndicats, d'en décider. Voilà ce qu'a dit Macron, ni plus, ni moins. Et ce sont des vérités, avec lesquelles le gouvernement et le président de la République sont en parfait accord. Alors, pourquoi ces cris de gorets qu'on égorge, durant tout le week-end ?

J'ai entendu, sur BFM-TV, un député socialiste, François Kalfon, strauss-kahnien apostat, renégat et repenti, à la façon de Laurent Baumel, dire que 4 milliards de déficit, c'était très relatif, fluctuant, qu'un bon coup de croissance ne pouvait qu'éponger tout ça, un peu comme quand on passe la serpillière. Remarque irresponsable : le déficit est là, énorme, grandissant, il faut commencer à le régler maintenant, et pas prier Sainte Croissance pour qu'il disparaisse.

J'ai entendu aussi, ce week-end, Jean-Luc Mélenchon, socialiste de 30 ans, avant de tourner casaque et de se retrouver quasiment à la tête du PCF. Il dénonce "le banquier Macron". Pour lui, il ne faut toucher à rien dans l'assurance-chômage, pas même aux gros allocataires, qui ne vivraient pas plus mal en touchant un peu moins (voir mon billet de la semaine dernière, "Justice sociale"). Son raisonnement est simple : moins il y aura de chômeurs, moins il y aura besoin de verser d'indemnités et plus il y aura d'actifs qui cotiseront : résultat, les caisses seront pleines de sous et les régimes retrouveront leur équilibre. C'est tellement simple, magique, de jouer avec les chiffres et les raisonnements, comme font les enfants avec leurs joujoux. Mélenchon, lui, prie Saint Emploi.

Mais il va plus loin que ça : la suppression de la tranche d'imposition sur les foyers fiscaux les plus modestes, il devrait être pour, c'est du social, ça. Mais non, le grognon est contre ! (en vérité, il est contre tout ce que fait le gouvernement, même si demain, celui-ci doublait le SMIC ou instaurait la gratuité absolue dans les services publics !). Son argument : les pauvres ne vont plus verser, mais ce sont les classes moyennes qui vont casquer à leur place ! Bref, il ne faut rien faire en faveur des plus démunis, puisque à chaque fois ça va soi-disant se retourner contre ces sacrées classes moyennes ! Sa proposition : que tout le monde gagne suffisamment d'argent pour payer suffisamment d'impôts. Quel idiot ! Il est certain que tabler sur une situation idéale, c'est forcément régler tous les problèmes. Sauf que la situation n'est pas idéale, la réalité est imparfaite, il faut faire avec le monde tel qu'il est et affronter les difficultés telles qu'elles sont. C'est pourquoi Kalfon et Mélenchon ont tort et Macron raison.

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