vendredi 14 novembre 2014

E-évêque



A l'invitation de la librairie Cognet, Monseigneur Hervé Giraud, évêque du diocèse (en vignette), a fait hier soir, au palais de Fervaques, une conférence, non pas sur la Sainte Trinité ou la Divine Liturgie, mais la communication contemporaine et sa révolution numérique. Les "miettes d'Evangile", comme il l'a joliment dit, ne méritent-elles pas d'être semées jusque sur les réseaux sociaux ?

L'exposé a commencé par quelques rappels historiques : 1837, le télégraphe ; 1876, le téléphone ; 1958, l'internet ; 1971, le mail ; 1992, le SMS ; 2004, facebook ; 2008, twitter. Tout va très vite, et ce n'est pas fini : l'ordinateur à clavier va disparaître, la voix va remplacer la main, le disque dur va s'effacer devant le cloud (un nuage, qui n'a rien de céleste, bien qu'on ne sache pas trop où il se trouve). Facebook commence à se démoder. On a le vertige devant de tels changements, une pareille instabilité : seul un homme de Dieu, du côté de l'éternité, peut sans doute nous en parler sans crainte. De fait, Monseigneur Giraud est étonnement calme, et même optimiste, face à ce tourbillon numérique.

Le conférencier a remis en cause quelques préjugés. Non, internet n'est pas un monde virtuel : ses infrastructures sont réelles, sa présence dans la vie quotidienne est manifeste, ses conséquences aboutissent souvent à des rencontres "en chair et en os" (dixit le père évêque). Non, la "fracture numérique" n'est pas ce qu'on croit : les plus pauvres sont prêts à s'acheter un smartphone qui les reliera au monde, qui sera plus précieux pour eux que la nourriture. Non, l'Eglise n'est pas en retard sur son temps dans ce domaine : depuis toujours, elle a su utiliser les nouvelles techniques.

L'enthousiasme de l'évêque n'empêche pas ses préventions. Le e-continent représente une mutation anthropologique (et pas seulement technologique) comparable à la sédentarisation des hommes, il y a 12 000 ans. Pour le moment, nous n'avons pas encore les concepts pour penser ce tournant de l'humanité. Le corps lui-même est affecté : le toucher et le goût sont dévalorisés, au profit de la vue et de l'ouïe. Nous passons ainsi d'une culture de l'écrit à une culture de l'écran. Des nanotechnologies vont s'introduire dans nos corps, les contrôler, les modifier. C'est évidemment vertigineux. L'esprit, dans ce monde numérique, réagit plus qu'il ne réfléchit. L'internet est chronophage et provoque des addictions. Le secret devient impossible, tout est "capturable".

Mine de rien, les questions théologiques ont tout de même été esquissées. Qui est mon "prochain" sur le net ? Que vaut une bénédiction, par un signe de croix sur une photo, envoyée sur un smartphone ? Le "prenez et mangez" énoncé par le Christ paraît bien étranger au monde des écrans, où l'on peut se contenter de regarder ou d'écouter. Dans cet univers de la transparence, le sacrement de la confession est la dernière résistance, l'unique lieu où le secret est préservé, où la rencontre entre le pénitent et le confesseur est direct.

Nonobstant ces réserves et ces interrogations, Monseigneur Giraud a réussi hier soir à nous réconcilier avec la culture numérique, ce qui n'est pas banal pour un homme d'Eglise.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Quand rentrez vous au séminaire ??

Emmanuel Mousset a dit…

Pour y faire une conférence philosophique, quand vous voulez ...

Erwan Blesbois a dit…

Les croyances que l'on a ne sont pas nécessaires mais contingentes, elles dépendent du hasard qui détermine notre trajectoire dans l'existence, la première et principale cause de notre existence nous vient de notre famille et du rapport que l'on a eu avec elle ; aussi tout cela est-il une question de chance : la famille dont on est issue. Bien sûr cela est un motif d'injustice, dans l'avenir il faudrait minorer au maximum l'importance de la famille, favoriser l'égalité au détriment de la liberté. Je ne dis pas ça pour le confort des gens mais dans leur intérêt ; car l'intérêt est la préservation de la vie sur Terre, qui forcément doit passer par une certaine forme de régulation de l'espèce humaine. Mais penser qu'il n'y a rien, c'est encore croire croire en quelque chose : croire qu'il faut sauver la planète par exemple, et en premier lieu ; c'est cette croyance qui de plus en plus va s'affirmer comme fondement métaphysique en remplacement des religions plus encore que la Shoah.

Rien n'est nécessaire dans notre existence, aucune valeur n'est transcendante. Le bien et la mal sont affaire de ressenti, de sensation. Est mal ce qui nous fait du mal : les Nazis ont fait du mal à beaucoup de gens, donc ils représentent le mal. eux-mêmes ne pensaient pas être le mal, au contraire ils pensaient sans doute faire le bien. Leur guide, Hitler était sans doute un homme en grande souffrance du fait de sa relation à son père. L'origine du mal se situe presque toujours dans la famille. D'où mon plaidoyer pour un État plus présent encore en matière d'éducation, pour un État plus providence qu'il ne l'est aujourd'hui, pour un État non pas seulement européen, mais mondial.

Anonyme a dit…

Dóminus vobíscum.
Et cum spíritu tuo.

Benedícat vos omnípotens Deus Pater, et Fílius et Spíritus Sanctus.
Amen.

Ite, missa est.
Deo grátias.

.

Anonyme a dit…

Le jour du seigneur : vous devriez présenter cette émission de FRANCE 2 ; votre vocation tardive y trouverait son complet et fructueux épanouissement dans une spiritualité sensible et enrichie !