mardi 6 janvier 2015

Ce que je sais de Baur



Charles Baur nous a quittés. Qu'est-ce que je sais de lui, qui n'est pas de mon bord politique ? Quand j'ai aménagé à Saint-Quentin à l'été 1998 et que je me suis inséré très vite à la vie politique locale, ça a été pour entendre crier "Baur démission !" Il avait, au Conseil régional de Picardie qu'il présidait, fait alliance avec le Front national pour garder la majorité. Pour moi, c'était la faute politique impardonnable. J'ai alors adhéré au CLRIF, comité local de résistance aux infiltrations fascistes (tout un programme), lancé par le PCF. Déjà, à l'époque, les socialistes n'avaient guère d'activités publiques. Je suis allé là où ça bougeait, où il se passait quelque chose, même si ce n'était pas ma sensibilité. Nos actions étaient parfois un peu sauvages.

Je me souviens d'une visite de Charles Baur au lycée Condorcet, où je n'étais pas le dernier à gueuler, où je m'étais fait sérieusement bousculer. Nous avions aussi envahi la salle du conseil municipal, où j'avais interrompu le maire, Pierre André, du haut du balcon, ce qui m'avait valu la menace d'une évacuation. C'était un peu bête de ma part, ça ne servait pas à grand-chose, on se faisait plaisir, je le reconnais aujourd'hui. Mais j'étais jeune, il faut me pardonner ... En même temps, à choisir, mieux vaut ça qu'une gauche amorphe et atone.

Charles Baur, je l'ai revu quelques années après, au lycée Henri-Martin, pour le 150e anniversaire de l'établissement. Grand, bien fringué, le geste ample, beau parleur, très à l'aise, sachant y faire, il avait offert pour l'occasion un piano. Ce que je sais aussi de lui, c'est qu'il avait été battu par la socialiste Odette Grzegrzulka, alors parachutée, lors des élections législatives de 1997. C'était une belle victoire, qui laissait présager un bel avenir pour le PS à Saint-Quentin. J'ai participé à ces quelques années d'espoir. Si j'avais su la suite ...

Baur, c'est un parcours politique à l'ancienne, dont on comprend mal aujourd'hui les origines. Aussi surprenant que cela paraisse, l'homme vient de la gauche, de la SFIO, l'ancêtre du PS. Il est probable que dans les années 60, il était autant anti-gaulliste qu'anticommuniste. Quand l'union de la gauche s'est réalisée, quand le Programme commun a lié socialistes et communistes, c'était trop fort pour lui, il est parti, il a rejoint le centre-droit. Homme de convictions donc, mais aussi homme de pouvoir, prêt à pactiser avec le diable pour conserver le sien. Elu qui a exercé plusieurs mandats, qui a des bilans à son actif. S'il y a un Jugement dernier pour les hommes politiques, je ne sais pas de quel côté penche la balance de Charles Baur.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Monsieur Mousset.
Je commence ce message par vous souhaiter mes meilleurs voeux pour 2015. Je ne suis pas d'accord avec votre analyse Monsieur Mousset. Charles Baur que j'ai connu était un homme honnête est droit. Je suis souvent d'accord avec vous, mais là permettez moi de vous dire que vous allez trop loin en salissant sa mémoire. Son choix de faire alliance avec le Front National, je vous l'accorde, n'était pas bon, mais il a fait de bonnes choses pour La Picardie et pour Saint-Quentin en son temps. Beaucoup de politiques locaux devraient prendre exemple sur lui et sur sa probité en politique, surtout en ce moment. Bien Cordialement.
Jean-François Delasseau.

Emmanuel Mousset a dit…

Bonne année à vous aussi.
Je ne comprends pas très bien votre reproche. Je ne salis pas la mémoire de Charles Baur, je rappelle un désaccord politique. Je ne vois pas ce qui peut vous choquer dans ce que j'ai écrit.

Anonyme a dit…

Ce qui m'a choqué c'est que vous faites passer Charles Baur comme quelqu'un qui aurait mangé à tous les râteliers. Ce qui n'est pas le cas. Vous êtes bien placé pour savoir que la SFIO n'a rien à voir avec le P.S d'aujourd'hui. Charles Baur était un Centriste convaincu. Dans ce qu'à là on pourrait refaire l'Histoire avec tous nos hommes politiques et se demander: pourquoi François Mitterrand jeune était dans les Croix de feu de de La Roque, en passant par Vichy, pour rejoindre la Gauche dans la fin des années 50 ? Ou, pourquoi Chirac était dans la jeunesse Communiste avant d'entrer dans la Jeunesse gaulliste ?
Charles Baur n'a jamais dérogé. Il était honnête jusqu'au bout. Quand on voit ce qui se passe avec Bygmalion... Il y aurait de quoi dire sur la Probité en politique. Bien Cordialement. Jean-François Delasseau

Emmanuel Mousset a dit…

Vous m'avez mal lu. Sur son départ de la SFIO, j'ai parlé d'un "homme de convictions", fidèle à son anticommunisme. Le seul désaccord fondamental que j'ai avec lui (outre des convictions politiques différentes), c'est son alliance avec le FN.

Anonyme a dit…

Veuillez m'excuser si j'ai mal compris.
Bonne soirée.

Bien Cordialement.

Jean-François Delasseau.

Anonyme a dit…

bonjour

vous y étiez bien nombreux nous y étions afin de dénoncer ce eju politique mais bien d'autres y étaient également... une grande aprtie de l'équipe municipale dont ce maire actuel et de souvenir aucun ne se sont désolidarisé de ce tournant pour la picardie .... Aucun rappelez vous "le silence est coupable"