lundi 20 avril 2015

Hollande +



J'avoue que je ne connaissais pas l'émission Le Supplément, dont l'invité était hier François Hollande. Je ne suis pas abonné à la chaîne cryptée, ne regarde pas les Guignols, n'ai pas l'esprit Canal, ce mélange de faux sérieux et de vraie dérision. J'ai donc regardé, parce que Hollande y était, mais je n'aime toujours pas : le public haut perché, l'animatrice qui tutoie ses collaborateurs à l'antenne, l'enquête sur les tailleurs du président, il y a sûrement des gens qui apprécient ; pas moi. Politique et comique ne font pas bon ménage. A ma connaissance, c'est la première fois en France qu'un chef de l'Etat participe à ce genre d'émission, non sans risque d'ailleurs. Je trouve que François Hollande s'en est bien tiré, alors que c'était très casse-gueule.

A-t-il eu raison d'y aller ? Pour moi qui suis socialiste, Hollande a toujours raison de faire ce qu'il fait. Il en faudrait vraiment beaucoup pour que je me retrouve en désaccord avec lui. Comme nous ne sommes pas si nombreux, c'est tant mieux ! J'ai bien compris l'intérêt de participer au Supplément : pas pour informer ou débattre, mais pour communiquer, c'est-à-dire soigner son image. De ce point de vue, c'était très réussi. La communication fait partie intégrante de l'action politique : donc François Hollande a eu raison. Il s'est parfaitement adapté, en utilisant un ton badin, alternant en quelques secondes la gravité et l'humour. Quand il a haussé la voix contre le Front national, j'ai applaudi.

Comme toujours, le virus de la polémique aigüe a frappé : on a reproché au président de la République d'avoir comparé le FN d'aujourd'hui au PCF des années 70. C'est fou comme certains commentaires peuvent être malhonnêtes, tronqués ! Hollande répondait à une question sur une énigme : pourquoi des électeurs de gauche, souvent depuis des décennies, votent-ils maintenant à l'extrême droite ? La réponse de Hollande est tout à fait pertinente : c'est parce que le FN récupère un discours de gauche, antilibéral, qui était celui du PCF dans les années 70. Ce qui a changé au FN, ce n'est pas la ligne idéologique, toujours autant xénophobe, nationaliste et autoritaire : non, c'est la ligne économique, qui sous Jean-Marie Le Pen défendait les classes moyennes, le capitalisme populaire, soutenait Thatcher et Reagan, dénonçait le fiscalisme et l'étatisme. Avec Marine Le Pen, il y a eu sur tous ces points un renversement total (qui est d'ailleurs dans la tradition populiste de l'extrême droite).

François Hollande a bien pris soin, une fois ce rapprochement effectué, de distinguer le FN et le PCF, en soulignant que la grande différence était que le PCF, lui, ne faisait la chasse ni aux immigrés, ni aux pauvres. Si Hollande avait voulu vraiment être malveillant envers les communistes, il aurait rappelé cette veille de Noël 1980, à quelques mois de la présidentielle : la destruction au bulldozer d'un foyer d'immigrés, que le maire communiste de Vitry, Paul Marcieca, ne voulait plus recevoir dans sa commune. J'ai toujours estimé que c'était un acte isolé, le PCF étant un parti internationaliste, pas xénophobe. Mais l'effet politique, à l'époque, a été désastreux. Qu'on n'accuse donc pas Hollande : il n'y a encore une fois rien d'injurieux à l'égard de nos camarades communistes que de constater que le FN détourne, manipule et pervertit certaines de leurs idées.

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