dimanche 19 avril 2015

Ma nuit du Z



Dans le cadre du Festival international Ciné-Jeune de l'Aisne (en vignette 1, son lancement par Nao le robot, vendredi dernier), une soirée "Attaque des PsychoZombies"" était hier proposée, avec la diffusion de huit courts métrages de série Z. Z comme zinzin, zorro, zombie ? Oui, il y a un peu de tout ça dans ces petits films, mais pas zéro pour un sou ! Car ce sont de vrais bijoux, du génie à leur façon. Le pur Z nous vient des Saint-Quentinois Jérôme Lahaye (vignette 2, au micro) et François Laleu (à gauche), présentant leur "Invasion jupitérienne", un film fait à la maison, comme la bonne pâtisserie (il a eu l'honneur d'une diffusion sur Canal plus).

Nos deux réalisateurs jouent les modestes en parlant d'éloge du nanar et de quinzième degré. Bien sûr, le genre Z est parodique et bricolé, mais c'est ce qui fait son intelligence et son charme. Je vous fais le pitch : un avion se crashe près du siège du FBI, comme par hasard. Les deux pilotes prennent les commandes d'un vaisseau spatial, en route pour Jupiter, où ils découvrent un extra-terrestre de type marionnette du Muppets Show, dont l'arme fatale est un pistolet qui fait pousser les cheveux. Bon, vous l'avez compris, il faut aimer le décalé, le déjanté, le déglingué. J'aime, dans la vie comme dans la fiction. Bravo à Jérôme et François : continuez !

Les autres oeuvres valaient aussi le détour : des films d'animation très soignés, "Ceux d'en haut", d'Izù Troin, tiré de la nouvelle de Maupassant, L'Auberge ; "Portrait", de Donato Sansone, quelques minutes de déformation électronique des visages, qui fait penser aux peintures de Bacon ; "Le 3e oeil", de Jérôme Perrillat-Colomb, les mésaventures d'un enfant qui maudit le chiffre 3 ; "The Hole", de Bongsu Choi ; "Splintertime", de Rosto, esthétiquement très réussi, des zombies enchaînés dans une ambulance, roulant dans un paysage blafard qui tourne au rouge sang.

Mes deux chouchous sont des films avec comédiens. D'abord, "L'Attaque du monstre géant suceur de cerveau de l'espace", de Guillaume Rieu, qui commence comme une comédie musicale des années 60 en couleurs et qui se termine en film américain de science-fiction en noir et blanc des années 50. Le scénario est ingénieux : un poulpe énorme venu d'une autre planète s'en prend aux humains en enfonçant ses tentacules dans leur crâne, aspirant leur intelligence comme on sirote un jus d'orange à l'aide d'une paille. L'horrible bête dispose aussi d'un rayon désintégrateur dont elle se sert pour faire disparaitre notamment des vaches ! Heureusement, le professeur Quatermass, un scientifique qui ne s'en laisse pas compter, a trouvé une riposte : s'injecter un sérum radioactif, se sacrifier au monstre, qui périra en absorbant sa matière cervicale. Mais le savant a la vie sauve, l'animal s'électrocutant dans des lignes à haute tension, en poursuivant notre héros. Sauf que l'armée, de son côté, balance une bombe atomique qui tue tout le monde, en une fin tragique.

Mon autre préféré : "Nostalgic Z", de Karl Bouteiller. Un sergent ricain, ancien du Vietnam, Rambo en moins costaud, fait la chasse aux zombies dans un monde en ruines, post-apocalyptique. L'homme a deviné leur point faible : les zombies sont nostalgiques, c'est une feinte pour les attirer et les dézinguer. Par exemple, ils adorent le barbecue. Le militaire fait cuire des membres de zombies morts pour faire tomber les vivants dans le piège. Et ça marche ! Mais il y a une catégorie de zombies particulièrement redoutables, que la viande grillée ne trompe pas : ce sont les zombies traders, qu'on ne peut attraper qu'à l'odeur de la cocaïne. La dernière scène est très violente, insoutenable : un zombie trader est enfermé dans une caisse et torturé avec des dollars qui passent sous son nez. Comme quoi la série Z peut aussi avoir un contenu de critique sociale ...

Le public a quitté le CinéQuai après minuit. Bien sûr, il y avait quelques zombies parmi les spectateurs, qui se sont volontiers laissés prendre en photo (vignette 3). Mais je n'ai pas été mordu et aucun monstre ne m'a sucé le cerveau (par bonheur, puisque c'est mon outil de travail).

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