jeudi 21 mai 2015

Et si on essayait la droite ?



Dans le débat autour de la réforme du collège, ce qui est bien, c'est qu'un contre-projet a été proposé par la droite : une comparaison est donc possible, le choix est permis. Si le projet de gauche ne plaît pas, on peut toujours se tourner vers celui de la droite, présenté par Bruno Le Maire, très en pointe dans la contestation de la réforme. Il tient en trois points principaux :

1- La fin du collège unique. C'est en tout cas Le Maire qui le dit. Mais dans la réalité, ce n'est pas ça du tout : son collège reste bel et bien unique, on ne retourne pas à la situation d'avant 1975, où coexistaient plusieurs types d'établissements. Simplement, Bruno Le Maire apporte plus de diversité à l'intérieur de ce collège unique. Commençons donc par rétablir la vérité : la droite ne remet pas en cause ce que Giscard a instauré en 1975. Mais elle se sert du collège unique comme d'un épouvantail, un bouc émissaire, un souffre-douleur, en laissant croire qu'elle veut sa disparition : il n'en est rien.

D'ailleurs, je me réjouis que le collège unique ne soit pas remis en cause, sinon dans les apparences et pour la frime : car c'est un grand progrès de notre société et de l'Education nationale que d'avoir unifier le second degré et rassembler les enfants dans une même structure jusqu'à la classe de 3è. Le précédent système était incohérent et profondément inégalitaire (oui, je suis de gauche, l'égalité est donc une valeur qui m'est chère).

2- La multiplication des options. Elles concerneront de multiples enseignements, sport, informatique et même la deuxième langue vivante. Elles couvriront 6 à 8 heures par semaine. L'enseignement commun sera d'une vingtaine d'heures, avec maths, français, langue et histoire. Je suis radicalement contre. Quand on a entre 10 et 14 ans, on ne choisit pas ses options (même au lycée, ce n'est pas évident pour les élèves) : ce sont les parents ou l'air du temps qui choisit pour vous. Les options, surtout à forte dose, c'est une machine à fabriquer des inégalités, à vider le collège unique de sa substance (oui, je suis toujours de gauche, je raisonne avec un souci d'égalité ou d'égalitarisme, comme vous voudrez ; mais vous avez le droit d'être de droite et de voir les choses autrement).

3- Un corps unique d'enseignants polyvalents, du CP à la 3è. Je souhaite bien du plaisir à la droite pour mettre en place cette réforme statutaire. A côté, la réforme des programmes ou des horaires, c'est du gâteau ! Le gouvernement qui se lancera là-dedans aura très vite un demi-million de personnes dans la rue, les enseignants du secondaire n'acceptant pas d'être alignés sur ceux du primaire. Les professeurs des lycées entreront dans la danse, craignant à coup sûr que leur tour ne vienne un jour. Les syndicats majoritaires s'opposeront violemment ; il n'y a que les organisations réformistes qui soutiendront, CGEN-CFDT et SE-UNSA. Ce qui est paradoxal, c'est que Bruno Le Maire, inégalitaire lorsqu'il s'agit des enseignements au sein du collège, devient égalitaire en ce qui concerne le statut des enseignants.

Je vous passe les interventions plus ponctuelles de deux autres hommes de droite, Benoît Apparu (UMP) qui défend l'autonomie totale des collèges, et Jean-Christophe Lagarde (UDI) qui est pour le retour de l'apprentissage dès 14 ans. Vous n'aimez pas le collège de gauche ? Vous détesterez le collège de droite !

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