Jupes longues, idées courtes

La funeste loi Chirac de 2004, interdisant les signes religieux "ostentatoires" dans les écoles publiques, a encore frappé : en son nom, on fustige maintenant les jupes longues, considérées comme l'expression d'une foi. Complètement absurde ! A vouloir introduire le juridique dans le symbolique, voilà à quelle stupidité on aboutit. Si, demain, les partisans d'une quelconque secte prennent le tee shirt blanc comme signe de reconnaissance et de ralliement, va-t-on l'interdire ? On devrait, en vertu de cette impossible loi. Nous avons l'expérience d'un siècle de bon sens laïque : pourquoi ne pas s'en inspirer ? Laissons les enseignants et les chefs d'établissement agir avec le discernement qui convient, comme cela s'est toujours fait, comme Lionel Jospin, lorsqu'il était Premier ministre, l'avait bien compris. Arrêtons d'interdire à tout bout de chance, dans l'inefficacité la plus totale. Et dire qu'il y a encore des militants de gauche pour défendre une loi proposée par la droite !

Quel bonheur de voir aujourd'hui le défilé des fachos à Paris pourri par la pluie, les Femen et les divisions au sein de l'extrême droite ! Le Pen voulait en faire une démonstration de force après ses succès électoraux : c'est raté ! Le FN a montré son vrai visage : le désordre, la violence (plusieurs journalistes ont été molestés, des insultes ont fusé contre les militantes féministes). Le vieux Le Pen y est allé de son couplet. Qui voudrait confier la France à ces gens-là, sale race de voyous politiques ? Ils ne sont même pas dignes d'administrer un village. Les Femen, dont les actions ne sont pas toujours à mon goût, ont bien réussi cette fois leur coup : heil Le Pen ! perruques blondes sur la tête, c'était bien vu. La manifestation frontiste a été gâchée, dynamitée. Plus souvent, il faudrait ainsi pourrir la vie des fachos, casser leur prétention à la respectabilité, les ridiculiser, les "stigmatiser", comme dirait fort justement le Premier ministre.

Le Premier Mai, ce sont aussi, ça devrait être d'abord les défilés syndicaux, trop souvent "en ordre dispersé", selon la formule consacrée. C'est navrant. Paris a pourtant, à contre-courant, donné l'exemple de l'unité (ou presque) : CGT, UNSA, FSU, SUD défilant ensemble (la CFDT hélas ne s'est pas jointe). Bien sûr, les centrales syndicales ont des revendications et des approches différentes, parfois très différentes. Mais est-ce une raison, en ce jour, pour ne pas se rassembler ? Au contraire, c'est une raison pour se retrouver. Il y a des gens qui croient que pour s'unir, il faut s'entendre. A ce compte, jamais personne ne s'unirait. Il y aura toujours des désaccords, dans la vie syndicale comme en politique : ça n'empêche pas de s'unir, c'est même ce qui rend nécessaire l'union. Il est facile de rassembler des gens qui se ressemblent, qui partagent les mêmes idées. C'est très facile, mais ça ne sert à rien. A gauche, dans les partis et les syndicats, j'aimerais que le rassemblement soit plus fréquent. Comment prétendre à mobiliser les autres quand on ne parvient pas à se mobiliser soi-même ?