samedi 10 octobre 2015

LE MONDE VA MIEUX



Je vais faire aujourd'hui quelque chose qui n'est pas permis. Ce billet sera donc carrément indécent. Je sais qu'on me le reprochera, que certains vont être "choqués", et même s'indigner. Tant pis, j'ose, je prends le risque du scandale et de la réprobation. Ne croyez pas que ce soit par goût de la provocation : je vais dire une vérité qui ne vient pas de moi, à laquelle je ne suis pour rien, qui relève du simple constat. Mais cette vérité est quelque chose qui nous est insupportable aujourd'hui, dans une époque qui se plaint, qui geint, qui conteste tout : je vais vous annoncer UNE BONNE NOUVELLE.

Oui, une fois de plus, je sais que ça ne se fait pas, que c'est inconvenant, qu'aucune chaîne d'information continue par exemple ne se repaît de ces choses-là. C'est au contraire l'exposé des malheurs qui est de rigueur. En annonçant une bonne nouvelle, je vais passer pour quelqu'un d'anormal. Mais j'assume. Pire, je vais aggraver mon cas, car cette bonne nouvelle est HISTORIQUE et PLANETAIRE ! Une bonne nouvelle strictement personnelle aurait suscité votre compréhension et votre indulgence, j'en suis certain. Mais une bonne nouvelle qui vous implique, que vous devrez partager, à laquelle vous allez être forcés d'acquiescer, ça, vous n'allez pas me le pardonner. Nous serons provisoirement fâchés.

Quelle est donc cette bonne nouvelle ? Je vous la livre dans toute sa brutalité : LE MONDE VA MIEUX. Oui, vous avez du mal à le croire, le pessimisme ambiant vous a tellement intoxiqués que c'est moi qui vais passer pour fou. Et pourtant, je ne fais que vous dire la vérité : le monde va mieux, c'est la Banque mondiale qui le démontre, en publiant cette semaine un rapport sur la grande pauvreté à travers la planète. Je sens que votre noirceur va reprendre le dessus, que vous allez soupçonner les dires de cette institution financière. Non, je persiste dans ma bonne nouvelle : les ONG humanitaires, propres sur elles, insoupçonnables de tout mensonge capitaliste, valident cette étude et s'en réjouissent. Désolé, mais je vous avais prévenus, dès le début de ce billet.

Mais puisque vous êtes des hommes et des femmes de votre temps, il vous faut des chiffres. Je vous en donne, mais ça va ne faire qu'empirer mon cas et exciter votre ressentiment. Le seuil de pauvreté est fixé à 1,90 dollar par jour. En 1990, ils étaient 37,1 % de la population mondiale à vivre avec cette somme (1,9 milliards de personnes). En 2015, ils ne seront plus que 9,6 % (702 millions). En deux décennies, la pauvreté a diminué comme jamais dans toute l'histoire de l'humanité. Si ça n'est pas une BONNE NOUVELLE, pour le monde entier, pour les plus pauvres en particulier !

Voilà, c'est dit. Maintenant, je suis prêt à faire face à vos reproches, moraux ou psychologiques. Je sais pertinemment que j'ai gâché votre week-end avec une bonne nouvelle, alors qu'une mauvaise aurait excité votre sinistrose, confirmé votre désabusement, justifié votre rancœur. Tant pis pour vous, tant pis pour moi. Et je ne vais même pas m'en excuser, comme il est pourtant de mode. Décidemment, je suis infréquentable.

4 commentaires:

1,90 a dit…

C'est vraiment une bonne nouvelle mais vous avez omis de nous en donner une autre encore plus bouleversante dans le prolongement de la première : le responsable de ce blog, dans sa grande bonté et son aussi magistrale candeur s'engage à partir de sa prochaine paie à reverser le surplus aux pauvres qui gagnent moins d'1,90 et de ne conserver pour son usage personnel que les 1,90 qui le placent juste au seuil de la fortune...
Ce serait y pas mignon, mignon ?

Emmanuel Mousset a dit…

Si je vous comprends bien, vous souhaitez que je soulage la misère des autres en devenant à mon tour misérable. C'est une intention de charité qui vous honore mais, en ce domaine, il est conseillé de se l'appliquer à soi-même, avant de la recommander aux autres.

Anonyme a dit…

Les commentaires que vous portez à notre connaissance ne justifient pas votre remarque pessimiste quant au regard que nous sommes supposés poser sur vous.
Pour le reste, rien d'original, on rejoue ici la fable de Voltaire : Candide.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Sur moi, ça n'a aucune importance, ma personne ni la vôtre ne sont en jeu ici. Mais sur les idées défendues, c'est autre chose.

2- J'aimerais tant que ce soit Candide. Mais, dans beaucoup de commentaires, c'est plutôt Simplet.