jeudi 8 octobre 2015

Tout un foin



On ne parle plus que d'elle à droite (et ailleurs), elle est devenue une superstar de la politique. Consécration suprême, elle sera l'invitée du JT de TF1 ce soir à 20h00. Tout ça parce que Nadine Morano a dit que la France était un pays de race blanche, et que ses explications ont été passablement embrouillées. Une déclaration qui ne méritait que silence et mépris est donc incroyablement amplifiée, jusqu'à se demander à qui le crime profite. Dans cette lamentable affaire, tout est sur-joué. Le parti de Morano ne cherche-t-il pas à se dédouaner de tout extrémisme en participant ainsi à l'hystérie générale ? De cette femme, je ne suis pas loin de penser comme Guy Bedos, ce qui l'a conduit devant la justice, à son avantage. Mais c'est lui faire trop d'honneur que la mettre depuis plusieurs jours en tête des événements politiques.

Un autre incident, qui n'aurait dû rester qu'un incident, a été dramatisé à outrance : le DRH d'Air-France à qui on a arraché la chemise dans une altercation. Il a souvent été question, dans les commentaires, de lynchage. Respectons tout de même le sens des mots. Toute violence est condamnable, mais il y a beaucoup plus grave dans la vie que perdre sa liquette et de se retrouver torse nu . Les images, parait-il, ont fait "le tour du monde" et la France aurait été offensée à la face de la planète : il ne faut quand même pas charrier ! Ces cris d'indignation sont suspects. Ce qui me chagrine le plus, c'est que des syndicalistes discréditent un juste combat par un comportement désastreux, qui se retourne contre eux et fait oublier pour quoi ils se battent.

Race blanche ou chemise arrachée, il faut réprouver : la politique ou le syndicalisme, ce n'est pas ça, dans une République. Mais le plus déplorable, c'est qu'on en fait tout un foin, qu'on se gave de mots et d'images, qu'on ne prend plus en compte les idées et les actes. Les vraies questions sont les suivantes : au-delà des mots, Nadine Morano défend-t-elle des idées xénophobes ou racistes ? Au-delà de la violence des images, est-ce que les milliers de licenciements envisagés à Air-France sont justifiés ou pas ? On peut jouer avec les mots et les images : pas avec les idées et les actes.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Avoir sa chemise déchirée c'est très violent.
Rentrer chez soi le soir en disant "je vais recevoir une lettre de licenciement" avec le taux actuel de chômage : ce n'est pas violent du tout.
En France deux mondes s'affrontent de plus en plus à visage découvert
ceux qui sont assurés ou se croient assurés d'avoir du travail .... et les autres ...
C'est au crépuscule de la vie désespérant de voir des "socialistes" (les guillemets deviennent obligatoires) hurler avec les premiers ....

Erwan Blesbois a dit…

Au premier plan nous avons le libéralisme économique et toutes les violences qu'il génère. Les chemises déchirées de nos deux DRH d'air france sont selon moi et beaucoup de commentateurs, une moindre violence comparée aux emplois sabrés. En toile de fond nous avons la bataille idéologique autour de la légitimité ou même tout simplement de la conformité républicaine, dont la problématique est la suivante : J'ai cru comprendre que certains intellectuels soutiennent Nadine Morano, peu importe le pourquoi. J'ai cru comprendre aussi que le FN est le seul à poser les bonnes questions, à ouvrir les yeux sur la réalité des problèmes que pose l'immigration (avis que ne partage pas l'auteur de ce blog), mais apporte de mauvaises réponses comme son indifférence à l'égard des "migrants" ou "réfugiés". Ici sur ce blog, l'auteur considère que l'immigration est très modérée, que cela ne constitue pas un problème mais une chance, et que cela ne se discute même pas car c'est un fait, fondateur de la république au même titre que la Shoah. Yann Moix sur télé Ruquier est allé jusqu'à dire que cela ne constituait absolument pas un problème que la France devienne d'ici quelques années un pays à majorité musulmane (ceux qui pensent le contraire sont des trouillards selon l'auteur de ce blog). L'aspect républicain de la France lui a fait perdre définitivement ses spécificités blanches et chrétiennes. En république la notion de racine ne veut plus rien dire et est même très souvent complètement discréditée. Conclusion : il vaut mieux en France avoir des origines étrangères qu'être Français de souche. Avoir des origines étrangères, ou dit plus crûment être un métèque est un viatique de légitimité républicaine. Il est à noter comme le souligne Houellebecq que le piège se referme sur ceux qui ont emballé le système à discréditer et exclure les "de souche" ou "souchiens", de toute légitimité naturelle à représenter les "Français". Peut-être un jour le piège se refermera-t-il sur l'auteur de ce blog, qui se définit parfois comme berrichon, n'est-ce pas suspect ? Toute cette violence sociale et sociétales, à laquelle nous sommes tellement habitué que nous n'y prêtons plus guère attention a ses origines comme le montrèrent par leurs œuvres et leurs vies Antonin Artaud et Céline, dans le type de guerre que constitua le premier conflit mondial, dont on pourrait dire qu'il est allé "trop loin", et qui explique aujourd'hui le comportement de nos contemporains, dont on pourrait dire qu'il va toujours trop loin, qu'il n'est pas mesuré. Avec pour cause première de toute cette violence, le libéralisme économique, qui n'est pas forcément en soi porteur de violence, bien qu'il porte une violence d'égoïsme et de non-partage. Mais qui par les circonstances, dont en premier lieu la violence générée par la première guerre mondiale, est devenu porteur d'une violence caractérisée par la froideur et l'insensibilité à la douleur d'autrui, un système efficace, qui tourne, mais qui entraîne des millions de "morts sociales" ou pire de "morts psychiques". Un Grec de l'époque antique, jeté dans notre maelström social, en dénoncerait l'hubris, la démesure, donc le mal profond du monde dans lequel nous vivons.