mardi 12 avril 2016

La longue marche de Macron



Le lancement du mouvement politique d'Emmanuel Macron, la semaine passée, a suscité de multiples réactions, comme il fallait s'y attendre. Manuel Valls a twitté qu'il n'était pas bon d' "effacer" les distinctions entre la gauche et la droite, en réponse à l'ouverture d' "En Marche" à des citoyens de droite. Je suis d'accord avec lui, puisque Macron n'a jamais eu cette intention, mais seulement d'envisager un travail commun entre des personnes de sensibilités différentes, sans pour autant "effacer" celles-ci.

Le "ni droite ni gauche" n'est pas mon principe. Je suis socialiste, pas centriste. Mais c'est un constat que les clivages idéologiques sont moins forts qu'autrefois et qu'un processus de recomposition du paysage politique est à l'œuvre. Macron a parlé de "majorités d'action" pour faire avancer certaines réformes, dont la défense ne recoupe plus vraiment l'opposition droite-gauche. Ni plus ni moins. Dans son discours fondateur d'Amiens, le ministre a rendu hommage aux partis, aux élus et aux militants. Il n'est pas question pour lui d'en finir avec tout ça, même si son objectif est d'incarner aussi une nouvelle culture politique.

Emmanuel Macron a insisté sur les "valeurs" qu'il tenait à porter, que je résumerais par ce triptyque : optimisme, liberté, Europe. La France crève d'un pessimisme total et systématique. On ne peut rien faire avec ça, ni dans la vie, ni en politique. Macron veut nous donner des raisons d'espérer : on a envie d'y croire, de le suivre. La liberté, c'est sa valeur fondamentale, qui fait de lui un libéral, au sens plein et progressiste du terme. Et je crois que c'est une valeur à laquelle nos contemporains, qui ne croient plus en grand chose, croient encore. Macron veut en tirer toutes les conséquences politiques. Enfin, il y a l'Europe, tant détestée, un peu partout, en France, qui est pourtant notre destin, notre dernière aventure collective, que Macron veut ré-enchanter.

L'initiative d'Emmanuel Macron n'est que le début d'une longue marche, à l'issue incertaine. Lui-même en convient : "Je ne sais pas si ça va réussir. Mais il faut prendre le risque". Les pesanteurs politiques sont telles que la prime va à l'immobilité, pas à l'innovation. Mais les évolutions ne sont pas non plus impossibles. Ce qui est intéressant dans la démarche du ministre, c'est qu'elle encourage les "initiatives locales", qu'elle se veut "une refondation par le bas".

A Saint-Quentin, où la gauche est en plein désarroi, le projet peut trouver un écho, peut-être un impact. En tout cas, il faudrait que celles et ceux, quelque soit leur sensibilité, qui se retrouvent dans le mouvement "En Marche" puissent se rencontrer, échanger et préparer l'avenir. Je lance l'idée, vous pouvez y répondre, pour discuter de ce que nous pouvons faire ensemble : emmanuel.mousset@wanadoo.fr

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Emmanuel Mousset se croit moderne mais aime bien les archaïsmes lorsqu'il compare de façon totalement infondé (comparaison est rarement raison) "Nuits Debout" à du gauchisme. Cela montre qu'il ne comprend rien à la réalité de notre pays: un ras-le-bol à l'égard de sa classe dirigeante incapable de résoudre les problèmes et de leur donner un avenir différent qu'une précarité généralisée portée par la Loi Travail portée par Madame El Khomri.
Cette fois-ci il fait une comparaison douteuse, mais sans doute involontaire en raison de sa culture politique limitée, entre une longue marche bien douillette du banquier et oligarque Emmanuel Macron avec la longue marche du Président Mao et de son sanglant national-communisme.

Emmanuel Mousset a dit…

1- Le "ras-le-bol", je ne sais pas ce que c'est. Le vote FN, par exemple ? Non, "Nuit Debout" s'apparente bien à ce que j'ai défini dans un récent billet, le "gauchisme culturel" inhérent à la vie politique française.

2- Macron n'est plus banquier, et ce métier est honorable. Macron n'a jamais été un oligarque. Quant au clin d'œil à Mao, prenez-le pour ce qu'il est, un clin d'œil, à ne pas prendre au pied de la lettre.

Le futur a dit…

Le "ni de droite ni de gauche" m'a un peu ennuyé au débutmais je comprends mieux aujourd'hui les idées de Macron.
Je suis déçu de la réaction de Valls. en fait j'aurais aimé un parti Valls/Macron, je trouve que leurs idées sont complémentaires.

Peut-être Valls va-t-il changer d'avis et s'associer au mouvement Macron ?

Philippe a dit…

Macron arrive en politique à un moment où le chaos domine nettement l'ordre.
Une partie importante de la population générale voit, me semble-t-il, les « objets politiques » comme des recours « contre » … cette frange importante en nombre se dit : « ils » ont mal géré cette fois je vote « contre » !
Dans ce climat de déficit de la confiance il y a une extrême porosité entre le recours au « gauchisme » et le recours aux « FN et apparentés ».
Les nuages s'amoncellent, chômage en hausse, emplois précaires en hausse, recours facile des entreprises au management interne par la peur, recours au dumping (entre les pays européen dumping fiscal, dumping salarial), nombrilisme nationaliste du marigot UE etc.
La mauvaise ou non gestion des flux de migrants économiques donne du grain tout moulu aux extrêmes.
Les besoins de l'Allemagne ne sont pas ceux de la France qui accueille depuis 40 ans dans le cadre du regroupement familial un nombre important de migrants venant d'Afrique francophone.
La méconnaissance de l'histoire de l'Europe … la Bulgarie entre 1300 et 1860 environ a été une colonie d'un pays musulman … c'est un peu comme si des français arrivaient en masse à Alger !
Ces pays devenus il y a peu membres de l'UE ne se laisseront pas envahir à nouveau par les descendants de leurs ex colonisateurs.
Bref c'est une chienlit au moins équivalente, bien que différente, à celle de 1958 …
Pour s'y mouvoir efficacement il faut à tout le moins être habitué au feu qui sera non seulement psychologique mais aussi physique.
D'ailleurs il est révélateur que de plus en plus de militaires se permettent de sortir de leur mutisme … ce n'est pas un signe de bonne santé ni de bon augure.