vendredi 27 mai 2016

1947, 1968 ou 1995 ?



Dès qu'un mouvement social prend une certaine envergure, les comparaisons vont bon train. C'est à la fois légitime et contestable. Les analogies apprennent toujours quelque chose, les similitudes et les différences ne sont pas inutiles. Mais la limite, c'est qu'on tombe vite dans l'anachronisme. Chaque mouvement social a sa spécificité et son originalité. En même temps, les rapprochements sont inévitables. Et puis, on oublie assez rapidement ce qu'ont été les contestations historiques : il n'est pas inutile de s'y replonger, de repérer les lignes de continuité et les ruptures.

Le rejet de la loi El Khomri est souvent rapproché du rejet de la loi Juppé il y a 21 ans. Même unité CGT-FO, même radicalité. Mais les points communs s'atténuent. En 1995, la mobilisation est d'une importance que n'atteint pas encore l'actuel mouvement. Surtout, la Fonction publique est alors la première concernée. L'étonnante idée d'une grève par procuration, les fonctionnaires manifestant pour le secteur privé, s'est imposée. Aujourd'hui, les agents de l'Etat sont beaucoup moins visés par la loi travail. Ils ne sont plus moteur.

Il est tentant d'invoquer la grande grève de 1968, qui est un cas d'école et un modèle pour tous les syndicats. Mais le soulèvement est encore plus loin de ce qui se passe maintenant. Mai, avant d'être un mouvement social, est une révolte étudiante, une révolution culturelle, une transformation des mœurs, un moment de créativité assez inouï. Bien sûr, Nuit Debout à la République, la participation de l'UNEF, jusqu'aux violences des casseurs rappellent vaguement mai 1968, mais nous sommes plus dans l'apparence trompeuse que dans une profonde complicité. 68 est une rupture historique qui va bouleverser complètement la gauche, faire naître le gauchisme et l'écologie : rien d'équivalent en 2016.

Je ne vois qu'une proximité pertinente, c'est avec des grèves un peu oubliées, pourtant très spectaculaires, celles de 1947. Le mouvement était fortement politique, comme le nôtre, très marqué par la gauche radicale, à l'époque communiste. La cible, c'était le gouvernement SFIO-centristes, Hollande, Valls et Macron de ce temps-là, sous les traits honnis de Jules Moch. Les ministres PCF avaient démissionné. Ils assimilaient les socialistes à des traitres, des vendus aux Américains : c'était il y a 70 ans, et rien n'a changé sous le soleil ! Les motifs sont modifiés, les ressorts sont les mêmes, le vocabulaire s'adapte, l'ennemi à abattre c'est le réformisme. Je suis toujours stupéfait de voir des gens d'un certain âge, censés avoir une mémoire historique, sembler découvrir la Lune ou inventer l'eau tiède.

On ne remarque pas assez un tournant dans la contestation contre la loi El Khomri. Au départ, les manifestants s'en prenaient à l'assouplissement du CDI. Après, il en a été beaucoup moins question. Le fusil a changé d'épaule, ce sont les accords d'entreprise qui ont été fortement critiqués. C'est que certaines organisations syndicales y perdraient de leur pouvoir. La différence avec 1947, c'est que l'époque était violente et les affrontements meurtriers. La France était en quasi insurrection, mettant à mal le préjugé d'un camp progressiste uni : il ne l'a jamais été, sauf quelques années, entre 1965 et 1977, sous l'impulsion de François Mitterrand, pour des raisons purement électoralistes. Les violences actuelles, une voiture de police en feu, paraitraient anodines à nos arrière-grands-parents. Nous sommes devenus hypersensibles, la moindre brutalité nous révulse. Ces allers et retours dans notre histoire nous font du bien : ils relativisent, relient et opposent les événements. Nous vivons un parfum de 1947, mais il y a très loin de la coupe aux lèvres.

32 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

" Nous sommes devenus hypersensibles, la moindre brutalité nous révulse " : En 1947, on sortait tout juste de la deuxième guerre mondiale, le pays était exsangue, mal ravitaillé, beaucoup de villes détruites étaient à reconstruire, les médias quasi absents. Que pouvait faire 10 voire 100 morts voire 1000 de plus, de toute façon personne ne l'a su et ne le sait toujours pas et cet événement est tombé dans les poubelles de l'Histoire. Aujourd'hui le moindre dérapage d'un côté comme de l'autre fait immédiatement au moins le tour de l'Hexagone, filmé par des dizaines de témoins grâce à leurs Smartphones. Et puis l'hypersensibilisation à la violence est le fait de notre éducation, dont tu participes très activement en tant que prof de philo : sensibilisation à la Shoah, aux autres génocides, à la traite des noirs, au génocides des Amérindiens etc. D'ailleurs mieux vaudrait que notre système éducatif forme des Gandhis, plutôt que de futurs Hitler ! Donc félicitons nous que la moindre brutalité nous révulse, plutôt que de le déplorer, comme cela semble être le cas du très brutal Mousset.
Cependant les massacres continuent de plus belle et exponentiellement dans énormément de pays pauvres déstabilisés par le jeu de l'oligarchie : mondialisation, manipulation, exploitation des ressources naturelles en échange de pas grand chose, corruption, chantages etc.
Cependant on peut faire l'analogie avec 1947, car il est vrai que le PS est très peu courageux face aux décisions de Bruxelles, et qu'il se montre tout à fait servile d'une manière générale et ne remet absolument pas en question l'oligarchie de quelques uns à l'échelle mondiale, qui fixent les règles du jeu. Dont notamment l'enrichissement personnel sans limite au détriment de toute morale et de toute redistribution. Pendant ce temps la planète se meurt, les pauvres n'en finissent pas de s'appauvrir, les innovations technologique ne créent plus d'emplois mais en détruisent toujours plus, car ils sont remplacés par des machines. Le système est à bout de souffle, peu ont le courage de le remettre en question, c'est pourtant une nécessité, un impératif catégorique, sous peine ni plus ni moins de disparition de l'espèce humaine selon Paul Jorion.

Philippe a dit…

Dans les décennies suivantes on parlera peut être de 2016/2017 comme d'une forme originale de disparition d'un système politique et social ?
En 1970 si on m'avait décrit l'effondrement de l'URSS j'aurais parlé de fiction.
et si assistions non pas à des émeutes et autres grandes grèves ou révolutions du passé mais à un effondrement sur lui-même d'un système bouffé de l'intérieur comme une charpente bouffée par les termites ???
le listing des "races" de termites serait interminable ...

Mais ce peut être aussi un simple psychodrame collectif, un épouillage généralisé …

Emmanuel Mousset a dit…

Sur la perception de la brutalité, ce n'est qu'un constat, pas une préférence. Je me réjouis que la violence diminue considérablement, mais je déplore que sa perception soit devenue tellement sensible que beaucoup de gens ont le sentiment certain, et pourtant faux, que la violence augmente. A la météo, c'est ce qu'on appelle curieusement la différence entre les températures réelles et les températures ressenties. Ce que je crains, c'est que notre société soit de plus en plus dans le "ressenti" et de moins en moins dans le "réel".

Maxime a dit…

Pour l'hypersensibilité je suis d'accord avec M. Mousset. Au moindre événement tout le monde dit "c'est horrible, c'est catastrophique..." Avec en plus un effet pervers sur notre langue: la perte de sens de plein de mots, utilisés à tort et à travers.

Rassurez-vous Philippe, ce qui va s' effondrer ce sont les syndicats, qui perdent toute crédibilité avec leurs conneries, et non pas notre système.

Erwan Blesbois a dit…

Ton argument tombe à l'eau, la violence ressentie est réelle dans le monde du travail. Mais comme le disent tant de commentaires sur ton blog, tu es effectivement un privilégié, fonctionnaire et prof de philo, protégé par ton statut de toute procédure de licenciement. La société réelle est perverse dans le monde du travail, perversion pas seulement ressentie, et la loi El Khomri ne ferait que rendre encore plus pervers ce monde là, en facilitant les procédures de licenciement. Lorsque la prochaine crise interviendra, les Français mieux protégés par le droit du travail souffriront moins que les Anglais et les Allemands, qui licencieront à tout va, en prétextant : " c'est pas notre faute, c'est la faute à la crise. " Si tu souhaites un monde de la précarité généralisée pour les salariés, les travailleurs, et de l'enrichissement immoral pour les actionnaires et dirigeants, ce n'est pas mon cas, et je m'oppose à cette " réalité ", car je ne suis pas un " collabo ".

Philippe a dit…

À Calais il y a 48H la violence était réelle et jamais vue en France entre groupes antagonistes de "migrants".
Le relai/manip médiatique l'a occulté
Mais bon ce n'est pas toute la société loin s'en faut !

Anonyme a dit…

Emmanuel,
Avec ton traitement, comme le dit M. MACRON, j'espère que tu as réussi à t'acheter un nouveau costume. Avoue que cette fois, il n'est pas défendable. On peut manier l'ironie quand on la maîtrise, De Gaulle, Mitterand, oui, Macron non.
Laurent

Emmanuel Mousset a dit…

Philippe, seriez-vous à votre tour devenu hypersensible ? Ce n'est pas une bagarre de village qui devrait vous émouvoir ! Nous avons toujours connu ça.

Erwan, es-tu capable de surmonter ta propre médiocrité, qui consiste à ramener toute opinion à la situation personnelle, professionnelle et sociale de ceux qui émettent une opinion ? Outre la vulgarité du procédé, c'est une disqualification des idées, un rabaissement de l'esprit. Ceci dit en toute amitié, et pour ton bien.

Erwan Blesbois a dit…

Que veux-tu je suis matérialiste comme Marx, et pense que nos conditions d'existence socio-économiques, donc notre profession en très grande partie, déterminent totalement notre conscience et non le contraire. Ceci dit je tombe par là même, en te faisant cette critique, dans le comportement grégaire de beaucoup de commentateurs de ton blog, si nombreux à te donner ce coup " sous la ceinture ", en cela oui, je dois le reconnaître, je fais preuve de vulgarité. Mais selon un pur matérialisme, les " idées " et " l'esprit " sont déterminés par nos conditions d'existence et non l'inverse. Matérialisme contre idéalisme. On a vu ce qu'a donné l'idéalisme allemand au fond : le nazisme, et les Allemands sont devenus matérialistes depuis 1945, par critique de leur fanatisme idéaliste. Et Onfray ne dit-il pas que le sadisme (la mise en œuvre dans le réel des fantasmes de Sade), est le chaînon manquant entre Kant et le nazisme, discréditant par là même toute la pensée kantienne et son irréalisme, en ce qu'elle nie le matérialisme : les conditions d'existence toujours antérieures à la conscience.

Philippe a dit…

La sensibilité :
Macron est aussi sensible que moi ... il crie déjà Maman … et pourtant il n'a eu en face que lui des personnes qui ne sont pas d'accord verbalement … et pas des black blocs ou des antifas ou des skins qui veulent le brûler.
Ceci dit rien ne vaut (en général) une mère !
Calais :
Des bagarres de village à l'arme blanche et à la machette comme à Calais … ce n'est plus de » nos paroisses » depuis très très longtemps.
Une opinion émane de l'être dans sa totalité :
à sa situation personnelle, professionnelle et sociale
Je suis , il en est, vous en êtes un exemple

Emmanuel Mousset a dit…

Dans mon Berry natal, on réglait ses comptes au couteau à la sortie du bal. Mais je ne dis pas que c'était "le bon vieux temps".

Je refuse de réduire l'être d'une personne à son rang social. Chez Erwan comme chez beaucoup d'autres, il n'y a pas "totalité", mais "restriction" de l'humanité, motivée probablement par le ressentiment.

Emmanuel Mousset a dit…

Erwan, Olivier Chedin m'a dit un jour : "vous, Emmanuel, qui êtes un spiritualiste ..." Je n'ai pas répondu, parce que je me tais toujours devant un éminent professeur. Mais j'ai souri intérieurement, parce que je ne me voyais pas en "spiritualiste" à l'époque. 25 ans plus tard, je reconnais qu'il avait raison.

Philippe a dit…

J'ai vécu les ducasses des villages du noorrdd
C'est vrai il y avait toujours un gugusse bien arrosé qui sortait un couteau, ceci d'autant plus que nous avions des militaires (Indochine et autres) qui roulaient des mécaniques de retour au village spécialement pour la fête en permission … le sexe toujours lui …
Mais jamais plusieurs centaines de mâles se heurtant entre groupes d'origines différentes et lointaines … rien à voir … la déni des problèmes c'est cela qui va amener votre affaissement partisan, déjà bien amorcé !

Je disais "Une opinion émane de l'être dans sa totalité :
à sa situation personnelle, professionnelle et sociale"
Mais c'est à nous de nourrir donc d'ouvrir notre esprit en ayant une vie personnelle riche de rencontres, d'empathie etc. etc., une profession que l'on aime peut nous permettre d'enrichir notre vision du monde à partir de son exercice, rien n'oblige dans sa vie sociale de rester "coincé" sur soi etc.

Emmanuel Mousset a dit…

La peur change de couleur, mais elle reste la même. Au début des années 60, des centaines de "blousons noirs" déferlaient sur la Bastille, se castagnaient et cassaient tout, la France était horrifiée. L'événement a été oublié ou intégré dans notre folklore national.

Philippe a dit…

C'est vrai c'étaient des gosses de riches comme les actuels antifas et autres blaks machins et no borders

Erwan Blesbois a dit…

Je suis censuré à mon tour Philippe. Ouvrez un blog que je puisse y déverser tout mon fiel et mon ressentiment.

Maxime a dit…

Il n'est pas défendable Macron? Et bien je vais les défendre! Je trouve qu'il a eu parfaitement raison de remettre à leurs places ces grévistes. On n'interpelle pas comme cela un Ministre! Et sa réponse n'était pas dénuée d'humour, je trouve. En somme, il a rétorqué de façon intelligente et incisive.

Erwan Blesbois a dit…

Philippe comprenez-vous que l'accueil des migrants fait partie de la même logique capitaliste de division, et de mise en concurrence (mise en concurrence des mémoires par exemple). Le danger pour le capital ce ne sont pas les réfugiés et les musulmans, ni la " jungle " de Calais, dont il se fout comme d'une guigne. Le danger pour le capital, les hors-la-loi, ce sont les salariés. Il n'y a donc aucun intérêt à relayer l'information, car en outre cela ferait le jeu du front national, un autre parti souverainiste honni par le système capitaliste de fluidification des échanges, et du libre marché : comme le montre très bien Houellebecq (cf " Soumission "). De plus en plus le capital " pense " comme une machine qui a sa logique propre, il n'y a même pas d'individus derrière, il n'y a même pas de complot.

Philippe a dit…

Macron fait un peu benêt ... un gosse du Touquet quoi ........les chtis me comprendront !
Je sais ... il est bardé de diplômes ce Mr Macron mais comme me disait l'un de mes vieux maîtres hospitalo-universitaire ( on exerçait jusqu'à 70 ans et plus !) "pour les diplômes il suffit d'avoir une bonne mémoire bien exercée".
Il voulait dire que l'application des diplômes au réel ... c'est autre chose !
Nombreux sont ceux qui n'y arrivent jamais correctement ... c'est l'un des défauts français ... d'admirer sur ce seul critère .....

L'idéal pour le capital a existé, c'était l'époque du commerce triangulaire ... nombre de fortunes sont de cette époque et pas qu'en France, elles se sont recyclées mais leurs héritiers conservent la même psychologie.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/05/09/traite-negriere-a-bordeaux-le-cran-a-assigne-en-justice-le-baron-seilliere_4630609_3224.html

Emmanuel Mousset a dit…

Cessez donc d'être fasciné par Macron !

Philippe a dit…

Comme vous le savez très bien un individu peut être intéressant non pour lui-même mais parce qu' il illustre un groupe social ou une côterie.
Comme je l'ai déjà évoqué il me fait penser à Fabius.
Laurent Fabius a été beaucoup plus précoce au plan médiatique ici :
http://www.ina.fr/playlist-audio-video/305943
et politique aussi ...
et bardé de diplômes aussi !

Emmanuel Mousset a dit…

Non, le profil est complètement différent. Fabius a été couvé par Mitterrand. Son parcours est très classique. Macron, à côté, est une sorte de rebelle, presque un OVNI, quand on connaît le monde politique et ses codes. Mais ces deux hommes sont plus les produits de leur époque que d'eux-mêmes. Quant aux diplômes, ils n'ont rien à voir là-dedans. La politique n'est pas un concours universitaire. Au demeurant, les individus importent peu : ce sont leurs idées qui comptent, qui rencontreront ou non l'assentiment des Français et coïncideront ou pas avec leur époque.

Maxime a dit…

Ah moi je crois que l'individu compte autant que les idées. Mais ça doit être ma fascination pour les "chefs" qui veut cela...

Il avait tout faux votre prof Philippe... pour certains diplômes il faut bien plus que de la mémoire, croyez-moi. Et puis franchement nous ressortir le commerce triangulaire, vous ne trouvez pas cela anachronique pour juger de notre système capitaliste actuel?

Erwan Blesbois a dit…

Moi aussi j'ai un fond spiritualiste : effectivement en bon matérialiste je pense que la vie est absurde, n'a aucun sens, aucune nécessité, que la science si elle avance de plus en plus loin dans la chaîne des causes ne permettra jamais de remonter à la cause première qui permettrait d'expliquer tout le reste. Donc fondamentalement on n'a aucune explication sur rien, il n'y a aucune nécessité nulle part. Or nous avons une conscience et l'idée de la nécessité, il faut bien que cette nécessité existe quelque part. Donc j'émets l'hypothèse que la connaissance serait une réminiscence de quelque chose qui existait avant la vie et qui existera après la vie, impliquant l'idée de nécessité que l'on ne trouve nulle part dans le monde réel, soumis au seul hasard et à l'absurde. Même la nécessité du monde capitaliste qui a désormais sa propre logique nécessaire, coupée même de plus en plus de toute intervention humaine, donc de toute finalité humaine - comme le bonheur - n'en est pas une. C'est la contingence et le hasard qui ont permis son émergence. Donc selon mon hypothèse spiritualiste la vie serait un pont précaire entre deux occurrences nécessaires, avant et après la vie. Cela se rapproche de la preuve ontologique de l'existence de dieu, et je serais même selon cette hypothèse, qui n'est qu'une hypothèse, un spiritualiste dualiste, car je pense que le corps est comme un machine plus ou moins fiable, et que c'est bien la matière qui dégrade l'esprit. Ceci dit c'est bien le matérialisme qui est valide pour rendre compte de la réalité de notre vie réelle, " ici et maintenant ". Et non le spiritualisme qui demeure une hypothèse non vérifiée, alors que le matérialisme se vérifie tous les jours. L'apparition de la conscience obéit à des lois mécaniques et matérielles, mais cette conscience surgit-elle du néant ? Selon mon hypothèse non vérifiée, elle serait une réminiscence d'une conscience plus absolue incluant une nécessité sans faille, parfaite, totale, sans trace d'absurdité. L'absurdité serait le tour que jouerait la matière à l'esprit.

Erwan Blesbois a dit…


Non l'exemple du commerce triangulaire est tout a fait pertinent et rend compte de l'immoralisme et du cynisme des capitalistes, qui font feu de tout bois pour faire du profit, confortés qu'ils furent au début de leur règne par la théorie de la main invisible, et celle du vice privé, de l'égoïsme privé engendrant la vertu publique, le bonheur social. Bien sûr un tel système génère des pervers, pour qui compte le pouvoir pour le pouvoir, la domination pour la domination. Mais tous les capitalistes ne sont pas des pervers. En règle général désormais, tous les hommes, et les capitalistes acteurs eux-mêmes le sont de moins en moins et obéissent aux lois du système, qui leur commande d'innover constamment, de détruire des emplois et de remplacer le travail humain par des machines. Personne n'a la maîtrise du système qui échappe de plus en plus au contrôle humain substitué par celui de la machine. Mais dans un tel paradigme ou un autre, Emmanuel Mousset a raison de dire que les hommes et les rapports humains restent globalement les mêmes depuis la nuit des temps, et que la substitution d'un système par un autre, au fond ne changerait pas la nature humaine, en cela notre blogueur est réaliste effectivement : la méthode pragmatique consiste à accepter les règles du jeu capitalistes, et à se faire réformiste pour en atténuer au maximum les effets délétères. Une telle conception pouvait être crédible jusqu'à la fin du XXème siècle, mais désormais les avancées exponentielles de la technique au service du capitalisme posent de nouvelles question et de nouveaux impératifs, comme celui du changement de paradigme nécessaire, alors que se fait jour l'absence de perspectives de l'approche réformiste. La question tragique que pose notre paradigme, c'est celui de l'extinction de l'espèce humaine, d'ici deux générations, causée par la surpopulation et la pollution/exploitation/destruction de notre environnement irrémédiable. En raison de notre appât du gain illimité, où ironie suprême, même l'éventualité d'une destruction de la planète pourrait être sujette à la spéculation. Je dis moi que c'est le système capitaliste qui est pervers engendrant notamment la mise en concurrence généralisée des salariés et encore plus tragiquement des chômeurs stigmatisés et mis à l'index par le reste de la société. Une telle mise en concurrence engendre une guerre des égos généralisée, d'où naît le sentiment de l'absurde, comme la guerre meurtrière par exemple, qui en est le passage à l'acte paroxystique de la guerre des egos - alors que tous les egos sont de même nature, ils sont mis en conflit, je ne pense pas que l'essence de la nature humaine soit totalement conflictuelle, même si le conflit en constitue forcément une part importante, puisqu'on s'affirme toujours "contre", en considération d'une altérité par rapport à laquelle on se définit -, alors que c'est par la coopération et l'entraide que l'on pourrait sortir d'un tel système. Et ensuite dans un nouveau paradigme c'est la coopération et l'entraide qui devraient devenir les principes dont découlerait tout le reste du système, tout en considérant le tragique de l'existence comme inséparable de la nature humaine, et ne pouvant de toute façon en aucune façon être évacué. C'est aussi l'évacuation du tragique de l'existence humaine qui entraîna les pires crimes du communisme, au nom du bonheur universel, que promettait l'aspect messianique de la doctrine de Marx, autre illusion dangereuse et contradictoire avec la nature humaine.

Philippe a dit…

à Maxime
Tout faux ! le concept "tout faux" n'existe pas.
Pour les diplômes réclamés pour être adoubé énarques ... ce n'est certainement pas "tout faux"..
Les diplômes techniques/scientifiques en effet demandent autre chose que de la mémoire, en France pays décadent ils ne conduisent pas au cercle restreint du pouvoir politique réel, tout au plus certains en fin de carrière technique,y sont des subalternes/godillots ou y servent d'alibis.

C'est vrai que l'histoire familiale du "baron" cité plus haut n'est aucunement révèlateur de l'origine de nombre de fortunes européennes actuelles.Le CRAN a tort finalement ....et Maxime raison ... lol

Erwan Blesbois a dit…

L'absurdité serait le tour que jouerait la matière à l'esprit ou le prix à payer d'une matérialisation de l'esprit : absurdité de la guerre par exemple, les corps sont multiples alors que l'esprit est un, il est de l'ordre du semblable. Les corps dissemblables sont en conflit, les motivations qui animent ces corps dissemblables, sont absolument semblables. Les motivations semblables qui animent ces corps dissemblables sont de l'ordre du semblable donc de l'esprit. Supériorité du bouddhisme sur le christianisme, puisque le bouddhisme est une religion pacifiste qui proclame l'extinction de l'amour propre et de l'ego, mais pas de l'estime de soi. On constate globalement que les bouddhistes sont moins belliqueux que le chrétiens et les musulmans, c'est une constatation, c'est tout.

Erwan Blesbois a dit…

Maxime vous êtes maladroit, vous ne pouvez pas dire que vous avez une "fascination " pour les chefs, cela serait aussitôt utilisé par un esprit retors pour vous assimiler à un fasciste. Rassurez-moi, ce que vous n'êtes pas ?

Maxime a dit…

L'esprit d'un tel individu ne serait pas retors mais juste abruti... on peut être fasciné par le nazisme par exemple, sans être un nazi! Penser le contraire est vraiment stupide. De toute façon dans la très grande majorité nous sommes tous fascinés par les grands leaders. Il n'est qu'à voir comment les livres sur Hitler, Staline ou Mao se vendent bien. Au moins ai-je l'honnêteté intellectuelle de le reconnaitre, donc non ce n'est pas une maladresse. Et c'est pourquoi je pense que l'individu derrière le projet est aussi important que ce dernier

Bon puisque vous êtes inquiet Erwan je vous rassure: je ne suis pas un fasciste au sens où vous l'entendez.

Erwan Blesbois a dit…

D'après moi il y a l'admiration pour les grands hommes au sens générique, qui est noble car elle élève notre esprit vers le haut, et nous invite à faire des efforts pour nous hausser, partant de notre médiocrité originelle, à un niveau supérieur de conscience. Et la fascination qui a quelque chose de pervers, de l'ordre du voyeurisme. Ne me dites pas qu'en étant fasciné par Hitler vous cherchez à vous élevez à son niveau ? Je distingue donc admiration qui nous invite à un effort, et qui est de l'ordre de l'amour, et la fascination qui a quelque chose de morbide et pervers, et qui nous procure un plaisir concupiscent, et non de l'ordre de l'amour. Non que je rejette totalement les plaisirs concupiscents et admet même leur nécessité et leurs vertus, puisqu'ils peuvent éveiller la curiosité. D'ailleurs plutôt que de fascination pour les nazis, je préférerais que vous parliez d'intérêt et de curiosité, car encore une fois le mot fascination pourrait être mal interprété par vos éventuels détracteurs.

Maxime a dit…

Détracteurs dont vous faites partie Erwan? Je pourrais effectivement parler d'intérêt ou de curiosité mais ce serait malhonnête... la définition que vous établissez de la fascination est en revanche très juste. Je reconnais donc cette dimension morbide de ma personnalité, que vous pourriez cependant retrouver chez pas mal d'êtres humains je pense. Dans le cas des Nazis et des régimes totalitaires en général je reconnais cependant que j'ai surtout envie de "comprendre" (libidines sciendi comme dirait Saint Augustin) alors que pour de grands hommes comme Napoléon ou De Gaulle je n'éprouve que de l'admiration.

Anonyme a dit…

Macron n'est pas un OVNI de la politique française mais un pur produit de l'establishment français, repéré par L'économiste de cour Attali, et "Youg leaders" du lobby pro-étatsunien "french-american-foundation". Il a été à la manoeuvre lors du rapport Attali commandé par Sarkozy pour "libérer la croissance". Il a été le serviteur de François Hollande qui l'a propulsé ministre des finances.
Comme OVNI on peut trouver mieux mais c'est difficile, il faut plus chercher.