jeudi 1 décembre 2016

La primaire ne doit pas avoir lieu



Aujourd'hui commence la primaire de la gauche, quelques jours après la fin de la primaire de la droite. Sa première étape, dans les 15 jours, c'est le dépôt des candidatures. En 2011, la primaire de la gauche a été une réussite. En 2017, elle sera un échec. C'est pourquoi elle ne doit pas avoir lieu. Pour 9 raisons :

1- En politique plus encore que dans la vie, ce qui a marché une fois ne marche pas forcément une deuxième fois. Les circonstances sont totalement différentes : en 2011, la gauche était dans l'opposition, marquée par le retrait de DSK et soudée par l'anti-sarkozysme. Rien à voir avec la situation actuelle.

2- La primaire de la gauche est un trompe-l'oeil : seuls les socialistes y participent (à quoi s'ajoutent quelques personnalités marginales qui ne représentent qu'elles-mêmes). Une véritable primaire de la gauche rassemblerait les grandes familles de la gauche, écologistes, communistes, radicaux de gauche. Ce n'est pas le cas.

3- En se présentant dans le cadre de la primaire, le chef de l'Etat perdra ce qui lui reste d'aura. La fonction présidentielle lui interdit de participer à un combat partisan, interne à un parti politique. L'imagine-t-on débattre sérieusement à égalité avec Filoche et Lienemann ?

4- Cette primaire sera forcément anti-Hollande. Ses candidats déclarés ont clairement manifesté leur hostilité à la politique menée depuis 2012. Avec une telle opposition de gauche, on n'a plus besoin d'adversaires à droite ! Pour le président de la République, la primaire sera un traquenard, une foire d'empoigne dont il ne sortira pas indemne, ou très abimé.

5- La primaire dite de la gauche sera un bal des hypocrites. Qui peut croire que Montebourg et autres adversaires de Hollande et de sa politique soutiendront au second tour l'actuel président s'il arrivait premier, puisqu'ils ne cessent pas de le critiquer ?

6- La primaire n'est utile qu'à l'aile gauche du Parti socialiste. Il est dans sa culture de "se compter", afin de peser au moment du choix des investitures pour les élections législatives. C'est une tradition bien ancrée chez les minoritaires du Parti, qui n'existent politiquement que par ce biais.

7- Contrairement à 2011, le PS n'est plus aujourd'hui en situation humaine et matérielle d'organiser la primaire. Les saignées parmi les adhérents ont vidé l'appareil, qui n'a plus les forces militantes qu'exige une telle opération électorale. Si, par malheur, elle se tenait tout de même, elle donnerait probablement lieu à de multiples contentieux, dus à l'incapacité de superviser correctement le scrutin.

8- Les primaires de la droite ont vu se développer un phénomène inconnu aux primaires de la gauche en 2011 : des électeurs de l'autre camp venant troubler le jeu. On peut penser que ce risque va s'amplifier, que de nombreux électeurs de droite ou d'extrême gauche seront tentés à leur tour de fausser les résultats, à des fins tactiques. Il est effrayant d'imaginer sur quoi cette comédie pourrait déboucher.

9- Les statuts du PS n'obligent-ils pas le Parti à mettre en place la procédure de la primaire, et François Hollande d'y participer ? Oui, mais les statuts sont des prétextes administratifs qu'on applique quand ça arrange. On l'a bien vu, à notre petit niveau, dans la section de Saint-Quentin, qui n'a pas respecté les statuts lors d'une précédente désignation du secrétaire de section, malgré le rappel à l'ordre de la direction nationale. Les puristes ont souvent les mains sales.

Le terme de primaires provoque un malentendu. On l'assimile faussement au système américain, alors qu'il n'y a qu'une identité de mot, rien de plus. Ce qu'on appelle en France primaire est une désignation propre à un parti politique, dictée par l'opportunité, pas une règle institutionnelle comme aux Etats-Unis. Si on veut changement notre système électoral, qu'on le dise, mais je ne vois personne proposer que notre République se calque sur le régime américain.

En réalité, la vraie primaire, c'est le premier tour de l'élection présidentielle. Laissons chacun candidater, au premier chef le président de la République, et nous verrons bien, en février ou mars, ce que sera le paysage politique, quand nous saurons exactement qui a et qui n'a pas les signatures nécessaires pour concourir, quand les choses se seront décantées. Actuellement, il y a trop d'agitation au milieu de trop d'incertitude. Laissons reposer, et nous verrons.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Le président n'est pas candidat, dans un éclair de lucidité, il a décidé de ne pas se representer et c'est ce qu'il pouvait faire de mieux !

Anonyme a dit…

Que vous importe qu'il y aie une primaire au PS? Vous faites cavalier seul avec Mentor ! Maintenant, et en plus que Hollande a renoncé par sens politique qu'on doit lui rendre.

Le futur a dit…

ça change la donne là, non ?

Anonyme a dit…

Il semble que vous auriez dû attendre quelques heures.....
Mais tout le monde n'a pas le sens politique de l'actuel président.
Les discours d'adieux étant souvent les plus beaux est ce que vous ne devriez pas rédiger un billet d'adieu digne et courageux?

Emmanuel Mousset a dit…

Non, les adieux ne sont pas mon genre littéraire préféré. Mais chacun ses goûts ...

Anonyme a dit…

Enfin, comme Hollande, un moment de lucidité. Le retrait d'Hollande n'empêchera nullement le naufrage d'une gauche jamais aussi divisée de par ses acteurs au pouvoir. Mieux, l'un d'entre eux l'a théorisé et donc ne peut prétendre maintenant la rassembler. Le naufrage est inéluctable et ce n'est pas l'aventure personnelle d'un Macron qui y changera quoique ce soit.

Emmanuel Mousset a dit…

Si vous craignez le naufrage, prenez une bouée.

Anonyme a dit…

Non, le naufrage de cette "gauche" est nécessaire et indispensable.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous noyez aussi vos petits chats comme ça ?