lundi 13 février 2017

René Dosière ne se représente pas



J'ai deux nouvelles à vous annoncer : une bonne et une mauvaise. Normalement, dans ce genre de situation, on commence par donner la bonne. Je vais donc vous la dire : René Dosière ne se représente pas à la députation, il l'a révélé ce matin, à Laon, lors d'une conférence de presse. C'est la voix de la sagesse : après cinq mandats, dont quatre consécutifs, sa vie parlementaire a été pleinement remplie et réussie.

Voir les électeurs renouveler ainsi leur confiance, c'est de l'or pour un homme politique. D'autant que René Dosière a acquis une notoriété nationale et médiatique, ce que peu de députés parviennent à faire : il s'est taillé une spécialité dans l'étude du financement politique et la dénonciation de ses abus. Enfin, à 75 ans, quoique en parfaite santé, il est raisonnable de laisser la place et leur chance à d'autres, plus jeunes.

Bonne nouvelle pour René Dosière, qui part en laissant de lui une excellente image, bonne nouvelle pour la démocratie, puisque ce parlementaire exemplaire donne encore l'exemple en ne s'accrochant pas à son mandat. Savoir arrêter, c'est une marque d'intelligence dont tous les élus ne font pas preuve, au risque souvent de s'abimer. Jean-Pierre Balligand, dans d'autres circonstances, a su lui aussi arrêter à temps.

Maintenant, après la bonne, il faut que je vous livre la mauvaise nouvelle : René Dosière ne se représente pas à la députation ! Non, ne croyez pas en une facétie ou une contradiction de ma part : c'est très sérieux, la première circonscription de l'Aisne était détenue par la gauche depuis 1997, le départ de Dosière crée un grand vide, qui risque d'être comblé par n'importe qui et conduire à la défaite, dans des conditions nationales pas très favorables.

Pourtant, la circonscription est sociologiquement et historiquement ancrée à gauche. Mais l'histoire politique est pleine de basculement. Fawaz Karimet, un ex-PS lui aussi, va-t-il enfin avoir une revanche qu'il cherche depuis longtemps, et la place qui va avec ? Même si je savais que Dosière soutenait Manuel Valls, j'aurais rêvé qu'il rejoigne Emmanuel Macron et soit le candidat d'En Marche !

René Dosière ! La première fois que je l'ai rencontré, c'était au printemps 1999. Je ne le connaissais pas du tout. Nous devions tenir une conférence de presse ensemble pour présenter la candidature d'Anne Ferreira à l'élection européenne (dont j'étais pompeusement le directeur de campagne, seul moment dans mon existence où j'ai été directeur de quelque chose). Nous étions au restaurant rue de Paris, anciennement Le Sabayon. Je suis entré dans la salle où se tenait, assis dans un coin, un homme silencieux, d'apparence timide, massif, en train de lire le journal. Au début, je n'ai pas pensé à lui, n'ayant pas son visage. C'est au bout de quelques minutes que j'ai compris !

De cette rencontre, il m'est resté l'article de presse et sa photo, que je regarde de temps en temps avec une sorte de mélancolie. Que du beau monde : Bernadette Bourdat, première secrétaire départementale du Parti, Maurice Vatin, conseiller régional, Odette Grzegrzulka et René Dosière, députés de l'Aisne, Anne Ferreira, vice-présidente du Conseil général de l'Aisne, et moi, militant. C'était les jours heureux, le temps des victoires, l'époque des grands élus.

Jamais je n'aurais imaginé, quelques années après, la suite dramatique des événements. Sur cette photo, nous sommes unis, quoique de sensibilités différentes et avec d'inévitables animosités personnelles. Mais l'union était plus forte que tout. Jamais plus je n'ai revu, depuis, une photo comparable. C'est pourquoi je la garde précieusement. Le pire, c'est que des six présents, une seule est encore au Parti socialiste, mais elle a arrêté la politique : Anne Ferreira. Les autres sont partis ou ont été exclus.

Bon, stop à la nostalgie et revenons à Dosière : après cette mémorable rencontre, nous avons mené plusieurs combats, essentiellement en interne, au sein du Parti socialiste, pour donner à la fédération de l'Aisne une majorité réformiste. Jean-Pierre Balligand était de ces combats pas faciles et perdus, tant l'appareil départemental était marqué par l'aile gauche ou les socialistes critiques envers la direction nationale.

Sinon, deux autres actions nous ont réunis : la campagne européenne de 2005 et le soutien à DSK. Echecs là aussi ! René Dosière n'a pas les qualités d'un homme d'appareil, mais il s'est illustré ailleurs, plus noblement, dans le travail parlementaire. Tant pis et tant mieux. C'est un peu comme mon histoire de départ, la bonne et la mauvaise nouvelle. Bravo et salut à René !

6 commentaires:

R a dit…

Vous êtes d'un tel pessimisme, M Mousset, que c'en est désespérant.
Quand vous avez bu votre "première gorgée de bière", votre verre est pour vous déjà à demi-vide...
Si M Dosière a été un aussi performant député que vous semblez le suggérer, pourquoi un Télémaque" présenté par ce "Mentor" du laonnois (d'origine thiérachienne si j'ai bonne souvenance) ne serait-il pas élu par ses fidèles électeurs depuis tant d'années ?

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne comprends rien à ce que vous écrivez. Pouvez-vous recommencer, en plus simple ?

Anonyme a dit…

On s'en fout comme de l'an 40 de René Dosière, quant au PS il est mort et demain il sera enterré, amen.

Emmanuel Mousset a dit…

Merci, c'est gentil.

Anonyme a dit…

Bonjour
Et merci pour votre article...
Je cherche à joindre Bernadette BOURDAT mais je ne connaissais à l'époque que son cabinet. Sauriez-vous me dire si elle réside à domptin ?

Bien à vous

Emmanuel Mousset a dit…

Je ne sais pas, il y a bien longtemps que je ne l'ai revue.