mardi 7 mars 2017

Macron, fils à papa ?



Contre Emmanuel Macron, pour stopper son irrésistible ascension, on a tout essayé : l'argent, le sexe, le programme. On a invoqué sa mystérieuse "liste de donateurs", que la loi lui interdit de publier. On a supputé sur son homosexualité dissimilée, ce qui l'a bien fait rigoler, et nous avec. On a déploré son absence de programme, au fur et à mesure qu'il exposait un programme riche et étoffé. On a tout essayé, mais on cherche encore, parce que Macron au pouvoir, ce serait trop grave pour tous ceux qui ont envie d'être au pouvoir. Macron juif, on n'a pas encore osé. Mais dans la lie des réseaux sociaux, on va sans doute tenter, puisqu'on tente tout ici.

Non, il faut trouver autre chose, et à force de chercher, motivé par la détestation, on finit par trouver : Emmanuel Macron ne serait pas lui-même. Pire que le hologramme de Mélenchon, il porterait un masque, un peu comme les héros du film et de la série "Mission Impossible". Et quand on l'arrache, qu'est-ce qui apparaît ? François Hollande ! Macron serait sa créature, sa marionnette, son drone. Mieux que tout cela : son fils caché ! On comprend la grosse astuce : Hollande est impopulaire, Macron le sera à son tour quand on découvrira qui il est vraiment, quel est son papa. Tout cela bien sûr est cousu de fil blanc, pour quatre raisons :

1- En République, il n'y a pas de dauphin, pas d'héritier. Chaque candidat se présente pour lui-même, avec son projet, n'est le porte-parole de personne. Pompidou n'était pas le fils caché de de Gaulle, ni Jospin celui de Mitterrand. En démocratie, la politique n'est pas une histoire de famille ou de filiation.

2- Quand on est candidat, c'est pour proposer un autre avenir, pas justifier le récent passé. On se présente sur un projet, pas sur un bilan. Macron ne se détermine par rapport à un gouvernement auquel il a participé, mais par rapport à un programme qu'il veut appliquer.

3- Si Emmanuel Macron a démissionné de son poste important de ministre, c'est qu'il avait des désaccords, c'est qu'il lui semblait qu'une autre voie, différente, autonome, était souhaitable et possible. En matière de paternité, on fait quand même mieux que quitter le domicile familial !

4- Les désaccords et l'éloignement n'empêchent pas la fidélité, et surtout l'honnêteté : Macron a non seulement été membre du gouvernement Valls-Hollande, mais il en a inspiré, depuis le début du quinquennat, les grandes lignes de la politique économique. Son attitude de différenciation n'a rien à voir avec le dénigrement de Benoit Hamon, qui est plus qu'une infidélité, mais une trahison : soutenir une équipe, contribuer à la mise en place d'une politique, qu'on se met ensuite à critiquer dans sa quasi totalité.

Macron assume ses fidélités, Hamon non. Si Macron se porte candidat, ce n'est pas pour dézinguer la politique de Hollande : c'est pour dire qu'elle aurait dû aller beaucoup plus loin, se montrer plus audacieuse, et aussi plus claire, plus lisible. Si Hamon est le fils maudit, qui doit tout à Hollande avant de se retourner contre lui, Macron n'est pas le fils caché, ni du président, ni de personne d'autre. Macron est simplement lui-même. On appelle ça un homme libre. Ce n'est pas si fréquent. Je suis  désolé pour ses adversaires : je viens de leur enlever un argument supplémentaire pour le discréditer. Il va leur falloir trouver autre chose. La rage donne de l'imagination. Ils trouveront, j'en suis certain. Et ils me trouveront aussi devant eux, contre eux, afin de dénoncer leurs nouveaux mensonges.

7 commentaires:

Philippe a dit…

"On appelle ça un homme libre."
C'est un concept littéraire, même pas philosophique, qui n'existe pas dans les sociétés des hommes et des femmes.
C'est un politicien qui se pavanne en laisse.
La laisse c'est le fric comme pour tout le monde.
Mais à lui il en faut vraiment beaucoup se croire vivant.

Anonyme a dit…

Il n'y a aucun courage à démissionner quand on est sûr d'un avenir politique et/ou économique soutenus par de richissimes mécènes. Macron aura-t-il pour autant une majorité stable et cohérente d'autant plus qu'il lui faudra récompenser tous ces ralliés, jeunes et vieux, qui veulent sauver leur sinécure ou position confortable dans le système entre l'ex-communiste rallié à l'extrême-gauche communautariste Batrick Braouezec et le centriste François Bayrou dont l'électorat est bien à droite. On attend le ralliement de Manuel Valls, d'ailleurs Cambadélis ne sait plus vraiment comment retenir tous ces "socialistes" qui veulent rallier Macron.

Cependant Macron élu président ne fera qu'une politique encore plus libérale que le "socialiste" Hollande et cie ce qui conne Sarkozy et Hollande le rendra rapidement impopulaire. Gare à lui s'il n'a pas de majorité il devra se soumettre à une assemblée imprévisible. Ce qui mettra en évidence la caractère pervers du quinquennat à moins que Macron, fidèle à ses déclarations d'il y a environ 3 ans, sur l'incomplétude de nos institutions où il manquerait un monarque dont la France porterait inconsciemment la marque, trace ne se coule bien dans la peau d'un monarque élu qui se contenterait d'être un garant et un symbole. Mais ce serait la créature qui échapperait à ses créateurs, aux gens qui ont contribué à le porter au pouvoir ce qui me semble bien impossible. Ils lui trouveraient un remplaçant de la même façon qu'ils l'ont fait pour Hollande.

Anonyme a dit…

Macron plus blanc que blanc, jeune révolutionnaire qui réinvente la politique... Soutenu par une armée de dinosaures de la politique, et soutenu par Drahi, Bouygues, Niel. Ridicule. A part les lecteurs de ce blog, qui peut croire que ce type peut emporter les suffrages des Français?

Anonyme a dit…

Hamon vient d'être mis en examen et les médias n'en parlent pas...Force est de constater qu'aucun média ne l'a même pas évoqué alors que la mise en examen de Fillon et de MLP font la une depuis deux mois...Comme quoi, soit : "on n'a rien entendu, on n'avait rien vu, on a rien dit", soit on nous prend pour des idiots...

albert a dit…

Rappelons que si Fillon a commis une faute morale, il n'a pas enfreint la loi, il est probable que si il y a procès un jour, il se terminera par un non lieu...
C'est un problème de morale classique : faut-il appliquer une morale déontologique rigoureuse (la morale Kantienne à l’allemande) au risque d'élire un simplet tout à fait honnête mais incapable de gouverner et de faire des réformes... Ou appliquer une morale utilitariste : le bien de la France et des Français nécessite des réformes importantes et d'envergure, donc un président fort et expérimenté... (la morale Italienne à la Machiavel : pour réussir il faut s'en donner les moyens... )
Quelle alternative à Fillon ? Le Pen et Hamon c'est la faillite et l'explosion du chômage garanti, Macron est totalement inexpérimenté, vous pensez qu'il pourra faire des réformes quand la CGT aura bloqué le pays ?

JCM a dit…

Les secteurs les plus lucides du grand patronat et du monde financier, ont compris que la poursuite de l’aventure libérale exige aujourd’hui qu’on laisse provisoirement de côté le vieux système de l’«alternance unique» (ces secteurs ont tout de suite compris, en effet, que l’élection du thatchérien Fillon risquait de mettre le pays à feu et à sang). Dans cette optique clairement marquée par le modèle allemand d’une «grande coalition» (et dont Macron est devenu par défaut le candidat le plus plausible), le constat macronien de l’obsolescence grandissante du vieux clivage droite/gauche peut évidemment avoir son utilité.

Philippe a dit…

Au final élire E.Macron c’est réélire F.Hollande.
L’emballage diffère, la présentation est plus glamour et originale.
Le contenu est le même = retour en 2012.
Magnifique sursaut de survie du moribond PS … "marcheurs bénévoles" méfiez-vous des morts-vivants !