mercredi 14 juin 2017

Glavany, honnête et perdu



Jean Glavany était aujourd'hui l'invité de la matinale de France Inter. C'est un homme intelligent et de longue expérience. Il a tout vu, tout connu au Parti socialiste. Je me souviens de lui, la première fois, le 10 mai 1981, juste derrière François Mitterrand, dans l'Hôtel du Vieux Morvan. Au PS, il n'est jamais entré dans le jeu un peu stupide des courants, il a su garder sa liberté (ce qui explique aussi son intelligence). C'est pourquoi il était particulièrement intéressant de l'entendre sur la crise que traverse le Parti socialiste, dont Glavany est lui aussi la victime, puisqu'il a été éliminé dès le premier tour des législatives.

J'ai été surpris, déçu : comment cet homme pertinent, compétent, expérimenté peut-il à ce point ne pas voir ce qui est en train de se passer en France ? Oh ! bien sûr, il n'est pas aveugle, il ne va pas jusqu'à nier l'évidence ou se consoler à bon compte : il reconnaît que le PS tel qu'il existe est mort, il demande à ce que ses camarades admettent et assument leur défaite, qu'ils restent dignes et même élégants dans la tourmente. Bref, Jean Glavany est un honnête homme. Qu'est-ce qui lui manque ? La compréhension de la situation. Comme si son logiciel était tellement daté qu'il n'arrivait plus à lire, à interpréter l'événement.

Ce qui était touchant dans cet entretien, c'est que Glavany ne cachait rien de son désarroi, là où d'autres auraient fait semblant. L'honnête homme a une vertu : la sincérité. Glavany était sincèrement désemparé devant une époque qui lui échappe, une société qui ne correspond plus, dans ses réactions politiques, à ce qu'il a très longtemps connu. Quand il essaie d'avancer des explications, elles ne sont pas convaincantes, trop décalées par rapport au grand chambardement qui retourne la France. Macron serait "flou" ? Non, ce n'est pas une explication.

Jean Glavany s'étonne qu'un homme comme lui, comme tant d'autres socialistes, aient pu être battus alors qu'ils sont présents, actifs, connus et appréciés de la population dans leur circonscription. Sa limite intellectuelle, c'est qu'il n'arrive pas à admettre que ces qualités personnelles comptent pour peu lorsque les Français éprouvent un profond désir de changement de la classe politique, une ouverture, un rajeunissement et un renouvellement. Glavany a 68 ans et il a exercé toutes les responsabilités qu'un homme politique peut obtenir dans notre système, de conseiller municipal à ministre. Ne comprend-t-il pas que les Français veulent tourner la page, et que c'est plutôt démocratiquement sain ?

Il y a autre chose que Jean Glavany ne saisit pas : c'est que si le PS est mort de sa belle mort, sans que personne n'ait eu besoin de le tuer, l'électorat de gauche, lui, est bien vivant, participe à la vie publique, va voter. Sa composante radicale a rallié en masse la France insoumise, sa composante réformiste, modérée se retrouve dans la République En Marche, en compagnie de progressistes venus de la droite et du centre.

Pour Jean Glavany, une nouvelle vie va commencer, sans mandats électoraux importants, pour la première fois de son existence. Pourquoi ne pas le prendre comme une chance, au lieu de le considérer comme un malheur ? Jean Glavany va pouvoir lire, voyager, réfléchir, ce qu'une vie d'élu empêche souvent de faire. Il pourra entreprendre de belles promenades méditatives dans ses Hautes-Pyrénées que j'ai bien connues. L'air de la montagne chasse le spleen, inspire de nouvelles idées. Peut-être même pourra-t-il un jour revenir à la politique (la vie est longue et il est encore jeune), mais transformé. A force de marcher, Jean Glavany s'étonnera sans doute moins de cette France en marche qu'aujourd'hui il ne comprend pas.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

A la lecture de ce billet on ne sait absolument pas ce qu'a dit Glavany, ni ce qu'il pense. En fait vous commentez et vous parlez tout seul. Vous soliloquez.

Emmanuel Mousset a dit…

Vous avez raison : je ne répète pas (c'est inutile), je commente, c'est-à-dire que je dis ce que je pense. Désolé, mon blog n'est pas un site d'information. Mais vous pouvez vous reporter sur le site de France Inter et réécouter l'émission.

J C a dit…

A vous lire il faut conclure que vous marchez et que le haut-pyrénéen ne marche pas aux sens propre comme figuré.
L'ancien ministre, que vous dites intelligent, n'est pas ou plus pour être exact, votre compagnon de cheminement au sens propre mais au figuré, il ne "marche" pas dans la "combinazione" mise au point par l'actuel président de la République.
Les électeurs ont décidé, ils ont planté un arbre d'essence nouvelle. Il n'y a plus qu'à voir ce que ça va donner car c'est à ses fruits qu'on reconnaîtra l'arbre.

Anonyme a dit…

Jean Glavany, à 68 ans, va pouvoir prendre une retraite politique bien méritée et commencer à lire, penser et réfléchir sur les évènements qu'il ne comprend pas. Ce qui est le cas de bien des "socialistes" quelques soient leur âge et parcours personnels, ils ont subi l'effet du "dégagisme" qui a frappé aussi beaucoup d'élus de droite que l'on croyait intouchables.