vendredi 16 juin 2017

Quand les moins bons s'en prennent aux meilleurs



C'est un trait psychologique qu'on retrouve un peu partout, autour de nous, dans une classe d'élèves comme dans le milieu politique : les moins bons s'en prennent aux meilleurs. L'inverse est beaucoup moins vrai. Psychologiquement, il y a une explication : les meilleurs restent sur leur quant-à-soi, ils ne ressentent pas le besoin de s'en prendre aux inférieurs. Ceux-ci, en revanche, ont des comptes à régler avec leurs supérieurs, des sentiments de jalousie à satisfaire. C'est ce que nous pouvons vérifier, une fois de plus, en cette fin de campagne des législatives, en constatant, navrés, les nouvelles attaques, cette fois en incompétence, que subissent les candidats de la République En Marche, parfaitement injustifiées.

Les électeurs ne s'y sont pas trompés : presque partout, au premier tour, ils ont mis en tête les candidats présentés par Emmanuel Macron. Va-t-on aussi les traiter d'imbéciles ? La REM s'est donnée les moyens, très tôt, de sélectionner les meilleurs, d'une manière inédite, jamais tentée par aucun parti politique : correspondre à des critères de candidature très exigeants, pour s'assurer de la compétence, de l'expérience et de l'influence des futurs députés. Une commission nationale, indépendante, a rendu les arbitrages. L'objectif était bien celui-là : repérer les meilleurs et les lancer dans la bataille.

Dans les appareils politiques, rien de tel, pas de critères de sélection, aucun souci d'investir les meilleurs. Alors quoi ? Copinage, clientélisme et rapports de force, quand ce n'est pas le hasard (le nom qu'on n'attendait pas sort du chapeau au dernier moment). N'importe quel ambitieux peut alors tenter sa chance, les médiocres en espèrent une forme de reconnaissance qu'ils ne trouveraient pas ailleurs. Les minoritaires jouent à se rendre indispensables, les courtisans courtisent longtemps jusqu'à ce qu'une place se libère quelque part. L'habileté est de mise, sûrement pas l'intelligence.

Les candidats macroniens seraient fragiles, incompétents, inexpérimentés ? Et ces élus installés depuis longtemps, qui ne savent que répéter ce qu'ils entendent, qui sont incapables de lire clairement des fiches que d'autres leur ont préparées, qui se contentent d'un rôle mal tenu de représentation ? La vérité, c'est que nous assistons au plus grand renouvellement de la classe politique depuis 60 ans.

Il y a aussi de nouveaux comportements, qui peuvent surprendre mais qu'il faut comprendre. Plusieurs candidats de la République En Marche ont refusé, pour ce second tour, de débattre avec leur adversaire. Incompétents, inexpérimentés et ... antidémocrates ? Non, mais une autre façon de voir et de pratiquer la démocratie. Pour accepter un débat avec l'adversaire, encore faut-il le considérer comme un adversaire : ce n'est pas le cas, les Marcheurs ont des idées à défendre, pas des adversaires à combattre. Et puis, si un débat politique fait bouger les lignes au niveau national, il ne change rien dans un scrutin local. Au contraire, il offre un spectacle souvent désolant de la confrontation politique, il dessert la cause qu'il prétend servir.

Alors, dimanche, nous continuerons, comme au premier tour, à soutenir les meilleurs contre les moins bons. L'Assemblée nationale ne pourra que mieux s'en porter. Peut-être même que les moins bons reviendront à l'admiration qu'ils doivent aux meilleurs, qu'ils sauront faire preuve d'humilité : qui sait s'ils n'en deviendront pas meilleurs ?

2 commentaires:

Erwan Blesbois a dit…

Le problème de Nietzsche Emmanuel, avec ses "forts" ses "faibles", ses "meilleurs", ses "médiocres" et tutti quanti, c'est qu'il ne faut pas prendre cela au premier degré. Nietzsche veut faire rire et a beaucoup d'humour (cf Morel, le prof qui faisait de l'humour pendant tous ses cours, que tu n'aimais pas parce que trop bourgeois).
Ne tombe pas dans une interprétation sans humour de Nietzsche, qui a déjà conduit une fois au nazisme. Je ne dis pas que Macron c'est du nazisme, mais c'est du "totalitarisme soft", comme le disait Natacha Polony, et comme le montre le fait qu'elle a été virée de Paris Première et d'Europe 1, parce qu'elle est trop intelligente : bel exemple de "démocratie" macronienne !

Anonyme a dit…

Les sortants sont virés du fait de leur incompétence avérée, alors que les nouveaux ont le bénéfice du doute : où est le débat ?