mardi 17 octobre 2017

La fin ne justifie pas les moyens



Le viol est un crime. La violence sexuelle est la pire des violences, parce qu'elle touche à l'intimité. Les injures ou propos à caractère sexiste doivent être lourdement réprimés. Notre société, sur ce sujet, a fait d'immenses progrès, quand on compare aujourd'hui à autrefois. D'immenses progrès restent à faire, parce que les mentalités ne changent pas si facilement. En matière de solution, il fait faire confiance en la justice : l'arsenal judiciaire est compétent et efficace. Mais là encore, il ne peut pas, à lui seul, changer la nature humaine.

Faut-il une loi supplémentaire ? C'est possible : aux parlementaires et aux experts d'en discuter. L'école doit jouer aussi son rôle dans la lutte contre les préjugés. Sans oublier l'éducation familiale, qui est décisive. De nombreuses associations travaillent à informer, défendre et aider les femmes, je pense en particulier au CIDFF : tournons-nous vers elles. L'Etat doit certainement mettre des moyens supplémentaires, matériels, financiers et humains pour cette juste cause.

Après ces rappels nécessaires, il faut déplorer le tapage médiatique qui secoue notre société depuis quelques jours et qui ne contribue en rien, sauf dans les apparences, à la cause des femmes. Le site "Toi aussi, balance ton porc" est une opération déplorable, dont je m'étonne qu'aucune autorité de notre pays ne songe à la condamner ou à l'interrompre. Les principes du droit sont bafoués (la présomption d'innocence), les détails salaces vont dans le sens du voyeurisme, la dénonciation publique contrevient à la règle élémentaire d'une société civilisée, des faits sans rapport et sans vérification sont allégrement mélangés.

Vous me direz peut-être qu'il est légitime de répondre à la violence (physique) par la violence (verbale), qu'une violation de la loi en justifie une autre, que la vulgarité mérite la vulgarité ? Eh bien non : on ne lutte pas contre des actes criminels et des comportements odieux par des initiatives légalement et moralement contestables. J'ajoute que la nature humaine et les rapports entre hommes et femmes sont un sujet complexe, où il est difficile parfois d'y voir très clair. Il s'y mêle la pulsion, la séduction et souvent l'argent, au nom de quoi on est prêt à faire n'importe quoi. Veillons donc à ne pas tomber dans les clichés faciles, au risque de graves injustices : il n'y a pas d'un côté l'homme Prédateur et de l'autre la femme Victime, même et surtout quand l'un et l'autre ont la tête de l'emploi. Je suis effrayé par les raccourcis, les simplifications qui déferlent dans les médias. Non, la fin, sur laquelle nous sommes tous d'accord, ne justifie pas certains moyens.

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